Vendredi, 20h30, station régionale de Constantine, avenue Kaddour Boumedous. Ambiance sereine au studio. Derniers préparatifs pour le retour de l'émission radiophonique Cinérama après 30 mois d'absence. Djamel Eddine Hazourli, le concepteur de l'émission, est quelque peu inquiet. Comme s'il attendait une nouvelle naissance. Il fume une cigarette furtivement. Il ne cesse de parler de son parcours, de ses idées, de la nouvelle mouture de l'émission, des auditeurs, de la radio, du cinéma, de la culture à Constantine, enfin presque de tout. " Le retour de l'émission doit passer d'abord par un rétablissement du contact avec ses auditeurs qui l'ont perdue de vue depuis deux ans et demi ", lance-t-il. Un vrai test de fidélité et de crédibilité. Difficile aussi de prévoir les réactions. 20h45', vérification des enregistrements. Cassettes et CD emballés dans une mallette. Ça se passe comme au cinéma, sauf qu'ici il n'y a pas de caméra. Tout est mis en ordre : générique, entrée, musique, raccords, entretiens, enregistrements, chansons, tout est minutieusement revu. 20h54', Djamel Eddine Hazourli entre au studio, il retrouve l'espace qu'il n'a pas senti depuis mars 2004. L'homme n'a pas changé, à part quelques kilos en plus. Les fans de l'émission donnent l'impression que deux ans et demi, c'est comme si cela datait d'hier. Discussions avec Rabah Chouf, le technicien de la régie. Un bonhomme qui n'arrête pas de bouger. En parfaite complicité avec l'animateur, il arrange les choses comme un horloger. 21h06', le générique est lancé : Gibraltar de Djamel Allem. C'est le cachet de l'émission. Difficile de le changer tant il marque l'attachement des auditeurs à leur émission. En direct, Cinérama marque son retour. " Si la vie change autour de nous, pourquoi le cinéma ne change pas. Le cinéma n'est pas un monde muet, il ne fuit pas mais se renouvelle, c'est ainsi Cinérama ". Un message qui lance sur les ondes une nouvelle aventure de création, ouverte sur de nouvelles ambitions, avec une nouvelle vision pour un cinéma de la vie quotidienne. L'émission gardera ses liens avec les auditeurs avec les axes des questions-réponses, mais elle collera toujours à l'actualité à travers l'information, les rencontres et les espaces ouverts pour tous les passionnés du septième art et de l'audiovisuel. Entre un entretien avec Belkacem Hadjadj et un autre avec Bahia Rachedi, Djamel Eddine saute du studio vers la régie. Comme un réalisateur qui revient régler une scène ou préparer ses acteurs, comme au cinéma. Il faut le voir jouer passionnément son triple rôle d'animateur -réalisateur- préparateur. Il commente, place, replace, examine les bobines, prépare la deuxième heure et contacte par téléphone ses invités. Au passage, l'émission consacre un hommage posthume à Nadjib Mahfouz, un clin d'œil à Beyrouth et à la résistance du peuple libanais. Paradoxalement, l'émission atteint le sommet de la courbe au moment où elle tire vers sa fin. Des appels, le standard ne parviendra pas à les contenir. Des auditeurs de Biskra, Béchar, El Bayadh, Mostaganem, Mascara et Tlemcen s'accrochent au fil pour participer, encourager et exprimer leur joie de retrouver une émission " prodige " et " prodigue ". Le cordon ombilical est enfin rétabli. Ce sera au 648e numéro. 23h20', l'émission est déjà terminée. Sur la route vers l'avenue Kennedy et Abane Ramdane, les appels ni les SMS ne s'arrêteront pas. Le come back a été bien reçu. De quoi avoir le souffle pour un long parcours. Alors vivement vendredi prochain.