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Dans la création, je n'aime pas cette espèce de conceptualisation constante de ce qui est réalisé Yasmine Tandjaoui. Photographe et architecte-urbaniste
Parallèlement à sa carrière d'architecte, Yasmine Tandjaoui s'installe progressivement comme une observatrice de la rue. Elle fige les lignes et les perspectives dans des séries époustouflantes. Retrouvez-la dès la rentrée pour une exposition. - Vos photos sont prisées par un public curieux et connaisseur. Autodidacte épanouie vous choisissez l'art de la photographie. Pourquoi ? Je me suis toujours intéressée à la photographie, mais je n'avais pas un appareil pro pour en faire. Souvent je me rabattais sur mon smartphone ou de petits appareils. Je postais mes photos sur Facebook et Instagram et au fur et à mesure je recevais des réactions positives qui m'ont encouragée à creuser et voir ce que je pouvais faire. En 2012, je participais à une caravane humanitaire à Tamanrasset organisée par des amis de l'EPAU, qui m'ont proposé de participer à l'aventure et de couvrir l'événement. C'était une belle occasion qui m'a permis de réaliser un reportage photos sur leurs activités et la vie des habitants du Sud. C'était le début de mon aventure photographique si on peut l'appeler comme ça. - Quand on regarde vos photos de près, on remarque que vous êtes dans une démarche de composition... Peut-être que c'est dans le regard des gens que ça se fait, car pour ma part, je fonctionne sur l'instinctif. Dans la création, je n'aime pas cette espèce de conceptualisation constante de ce qui est réalisé. J'aime bien que mon instinct prenne le dessus, sans trop réfléchir, ni donner une direction à ce que je suis en train de faire, ou même une explication. - Il y a beaucoup de rigueur dans vos photos, est-ce l'exigence de l'architecte ? Je suis persuadée que mes études en architecture ont influencé mon travail photographique. J'ai une perception des choses qui est totalement différente, et c'est ce qui m'a permis d'ouvrir mon regard sur autre chose. On peut passer dans la rue sans forcément être retenu par un détail, pour moi, la rue est un espace de curiosité qui m'interpelle. L'architecture m'a permis de savoir où regarder. Dans mes travaux on retrouve de nombreuses perspectives, des jeux de ligne et de géométrie, c'est incontestable, l'architecture est bien présente. Je photographie ce qui existe, j'aimerais arriver un jour à composer des univers et les photographier. - Vos séries de photos sont exposées en France, sur le web et vous faites des shooting en Algérie, d'ailleurs avez-vous été sollicitée pour participer à une exposition ? Tout à fait, j'ai été contactée par une galerie d'art à Constantine, faute de temps, je n'ai pas réussi encore à concrétiser ce projet. Cependant, d'ici la rentrée je compte préparer une série pour cette galerie. En ce moment j'expose à Paris dans un espace de coworking, une sorte de lieu où l'on vient travailler tout ayant accès à une expo éphémère. Aujourd'hui, je crois qu'il serait intéressant de repenser la manière d'exposer et innover par rapport à ce qui se fait dans des galeries. En ce qui concerne l'Algérie, le parfait exemple, c'est l'exposition collective «Picturie Générale» installée dans un ancien marché. C'est une initiative qui me parle, ce sont des artistes qui n'attendent pas qu'on vienne les chercher, mais créent l'événement. - Quels sont les photographes que vous aimez ? Il y a pas mal de photographes, en particulier arabes que j'aime beaucoup, notamment Leila Alaoui pour les sujets qu'elle met exergue à travers ses photographies, comme l'identité ou encore l'émigration. Deux réalités marquantes dans le contexte présent de dégradation des droits humains. Des sujets qui ne peuvent me laisser indifférente. Il y a aussi Tina Modotti pour sa construction de l'objet photographique qui frôle l'abstraction et pour cette sensibilité qui transparaît à travers ses clichés. La découverte de son travail a été une véritable révélation. Un autre nom qui me vient à l'esprit, c'est Bruno Barbey, pour toutes ses compositions épurées et pleines de contrastes mettant en relief perspectives et lignes. Sa série consacrée au Maroc est d'un esthétisme incontestable dans lequel je me retrouve complètement. Et parmi la jeune génération montante Myriam Abdelaziz ou Malik Nejmi et encore tout plein d'autres photographes de talent dont j'apprécie le travail.