L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a rendu public, la semaine dernière, un nouveau guide pratique destiné à aider les pays à prévenir la violence envers les enfants qui sont victimes d'actes de violence, souvent commis par ceux-là mêmes censés les protéger. Le nouveau guide, publié par l'OMS et l'International Society for Prevention of Child Abuse and Neglect (ISPCAN), démontre que la violence à l'encontre de l'enfant peut et doit être évitée. Il ressort de l'étude récemment rendue publique du secrétaire général de l'ONU sur la violence envers les enfants, qu'une grande partie des actes de violence subis jusqu'à l'âge de 14 ans surviennent au sein de leur foyer et sont commis par les parents, d'autres membres de la famille ou des personnes qui s'occupent d'eux. Les conséquences de ces actes de violence entravent la santé, le développement de l'enfant et peuvent avoir des répercussions sur la santé pendant l'âge adulte ; devenues adultes, d'anciennes victimes peuvent elles-mêmes s'en prendre à des enfants. Le guide sur la prévention de la maltraitance de l'enfant vise à aider les pays à concevoir et à appliquer des programmes destinés à prévenir la maltraitance due aux parents et aux personnes qui s'occupent des enfants. Il s'agit d'un outil pratique qui aidera les gouvernements à mettre en œuvre les recommandations de l'étude de l'ONU. Les informations sur les pays figurant dans l'étude de l'ONU montrent que c'est plus l'enfant de moins de 10 ans qui est exposé au risque d'actes de violence graves commis par des membres de la famille et des personnes de son entourage. L'étude fournit également dans un rapport des estimations de l'OMS selon lesquelles avant 18 ans, la prévalence de la violence sexuelle à titre d'attouchements sous la contrainte atteint 73 millions de cas pour les garçons et 150 millions pour les filles. L'étude montre qu'il est possible d'éviter la maltraitance de l'enfant et qu'il faut accroître d'urgence les investissements en faveur de la prévention au niveau mondial. Parmi les stratégies prometteuses, on peut mentionner la réduction des grossesses non désirées, l'amélioration de l'accès à des soins prénatals et post-natals de qualité, la réduction de la consommation abusive d'alcool et de drogues illicites pendant la grossesse et, par les jeunes parents, les services de visite à domicile d'infirmières et de travailleurs sociaux dans les familles où un risque de maltraitance existe et la formation destinée aux parents sur le développement de l'enfant, la discipline non violente et le règlement de problèmes. L'étude de l'ONU et le guide indiquent clairement que la responsabilité de l'application de ces stratégies incombe aux gouvernements qui doivent associer à leurs efforts les autres parties intéressées, notamment les organisations non gouvernementales (ONG), conseils de recherche et communauté internationale. Comme l'a souligné le Dr Anders Nordström, directeur général par intérim de l'OMS, « cela fait trop longtemps que l'attitude face à la maltraitance de l'enfant est réactive au lieu d'être préventive. Les données scientifiques concernant la prévention des actes de violence physique, sexuelle et psychologique sont déjà assez importantes et le moment est venu d'adopter un changement radical en remplaçant la réaction par la prévention ». Le nouveau guide OMS-ISPCAN fournit des conseils techniques aux professionnels dans les gouvernements, les instituts de recherche et les ONG sur la façon de mesurer l'ampleur du phénomène de maltraitance de l'enfant et ses conséquences et comment concevoir, appliquer et évaluer des programmes de prévention. Le guide note aussi que les liens étroits entre maltraitance, inégalité économique et pauvreté font que la réduction de ces dernières risque d'apporter une contribution sensible à la prévention de la maltraitance. Mme Ann M. Veneman, directrice générale de l'Unicef a salué « le guide OMS-ISPCAN sur la prévention de la maltraitance de l'enfant qui constitue un nouvel outil important de lutte contre le phénomène de la violence envers les enfants ». Selon une récente étude de l'OMS, les attentats à la pudeur subis pendant l'enfance sont à l'origine par la suite d'environ 6% des cas de dépression, de 6% des cas d'abus/dépendance de l'alcool ou des drogues, de 8% des tentatives de suicide, de 10% des troubles paniques et de 27% des troubles de stress post-traumatiques. Ces facteurs et comportements à risque peuvent conduire à certaines des principales causes de décès, de maladie et d'incapacité. Enfin le professeur Barbara Bonner, présidente d'ISPCAN, a souligné que « nous avons assez d'informations pour prendre des mesures préventives et nous devons agir sans retard. Les enfants ne peuvent attendre. En suivant les recommandations contenues dans le guide, les pays peuvent immédiatement commencer à mettre en œuvre des programmes de prévention de la maltraitance de l'enfant, tout en élargissant encore la base de données ».