En procédant par élimination, on est arrivé après quinze années d'une transition qui ne finit pas de durer vers l'économie libre à identifier deux contraintes majeures qui constituent des facteurs bloquants pour le développement de l'investissement hors hydrocarbures aussi bien national qu'étranger. Et c'est ainsi que le foncier et les banques sont désignés comme les boucs émissaires jetées à la vindicte des opérateurs qui subissent les affres de la politique du "stop go". Le foncier et plus précisément le foncier industriel vient de trouver grâce à la loi adoptée cette semaine par l'APN la solution tant attendue par les investisseurs en proie à des difficultés foncièrement insurmontables. Reste à faire sortir les banques de l'ornière dans laquelle, on les a engouffrées. La solution qui a été préconisée de tout temps par les pouvoirs publics et les spécialistes de la question et qui continuent à être préconisée toujours par les mêmes parties est bien évidemment la réforme bancaire. Seulement, voilà, le problème est que personne n'a réussie à expliquer à ce jour ce que doit recouvrer cette réforme bancaire et quels contours elle doit revêtir. Mais comme chacun sait, la réforme bancaire dont on parle fait partie maintenant de l'histoire puisqu'elle a été déclinée en 1990 par la loi monnaie et crédit. Cette réforme bancaire que tout le monde attend depuis maintenant une décennie " tarde " à démarrer et ne démarrera jamais parce que tout simplement il ne reste plus rien à réformer. Tout le système bancaire a été réformée et les banques qui activent aujourd'hui et activeront demain sont et seront le produit de cette réforme. Ces banques n'ont pas attendu la promulgation d'un nouveau texte pour opérer les transformations perceptibles depuis quelques temps en se lançant dans un programme d'innovations, de modernisation des systèmes d'informations et de réorganisation. Le crédit à la consommation, le crédit immobilier, les cartes de crédit bancaires, la consultation des comptes par Internet, etc, constituent la trame de ces innovations. D'autres produits viendront enrichir la gamme, le chèque est en voie de réhabilitation et avec, tous les autres moyens de paiement Que reste- t- il à réformer ? Rien. Le concept de réforme bancaire, devenu un problème récurent qu'on arbore à toutes les occasions pour justifier le marasme économique dans lequel l'Algérie est plongée depuis que les clignotants sont au vert, est employé à toutes les sauces sans que l'on sache exactement de quoi on parle. Est-ce qu'une restructuration des banques publiques peut être appelée réforme ? Est-ce que l'ouverture du capital des banques publiques peut être appelée réforme ? Toutes ces actions programmées de longue date ne vont induire aucune modification du cadre juridique existant pour la bonne et simple raison que ce sont des décisions qui relèvent des organes sociaux des banques publiques. Il est plus juste de parler de restructuration, de revitalisation , de modernisation ou de gouvernance des banques et chacun comprendra par là , ce qu'il faut comprendre. Qui dit réforme dit changement du cadre juridique et passage d'un système à un autre. On objectera avec raison qu'il n' y a pas de meilleur cadre juridique pour l'économie de marché que celui qui favorise l'égalité de traitement et la concurrence sans distorsion. C'est précisément ce à quoi tend la législation bancaire en vigueur. Le système bancaire que se propose de mettre en oeuvre la loi sur la monnaie et le crédit se met progressivement en place. En , effet il ne faut pas perdre de vue qu'en 1990, il s'est agit de projeter dans le futur un système bancaire qui ne ressemble en rien à celui qui prévalait avant la promulgation de la loi sur la monnaie et le crédit. La loi de 1986 sur le régime des banques a apporté des réponses à un appareil bancaire en crise en s'inscrivant dans le cadre de l'économie administrée. Avec les lois d'autonomie de 1988 et la nouvelle donne du champ politique, C'est une véritable rupture qu'il fallait organiser avec l'ordre bancaire mis en place jusque là. On ne pouvait espérer meilleure rupture que celle préconisée par la loi sur la monnaie et le crédit. Si certains esprits ont qualifié cette loi de révolutionnaire, ils ne s'y sont pas trompés. Dans le contexte de sa promulgation en 1990, elle était en avance sur le reste de l'économie d'au moins vingt ans. En fait la vraie problématique du système bancaire réside dans la modernisation des systèmes de paiement (la profession ne l'a pas suffisamment compris), la modernisation des méthodes de gestion, le problème de la gouvernance des banques qui se pose avec acuité et l'instauration d'une véritable relation client- fournisseur (contractualisation des relations et professionnalisme à tous les niveaux) telle que préconisée par la loi sur la monnaie et le crédit entre la banque et ses usagers sans aucune interférence d'aucune sorte, en laissant le libre jeu de la concurrence s'exercer dans le cadre du respect des normes de gestion prudentielles