Comme c'est de rigueur à la veille des fêtes religieuses, les ruées de dernières minutes des consommateurs sont rituellement au rendez-vous. Les stations de taxi et bus, les guichets de postes, les différents services publics, les magasins de prêt-à-porter, les commerces de produits alimentaires et même les coiffeurs du quartier sont hystériquement pris d'assaut. Au-delà du fait que ces affluences de circonstances, manifestation naturelle d'une société installée de plain-pied dans la consommation peuvent être contenues par un travail de sensibilisation d'abord et d'organisation ensuite, il faudrait relever, que rien, ou peu de choses, n'est fait pour rendre la vie des citoyens un tant soit peu facile. Tout au contraire, l'anarchie, exacerbée essentiellement par la démission de certains services de l'Etat se fait plus que d'habitude remarquer. Le relâchement de l'administration, les agents de contrôle, de l'ordre ouvre grandes les portes aux pratiques frauduleuses à la spéculation et à la tricherie. La vacance de l'autorité est perceptible aussi bien dans les rues d'Alger transformées en bazar à ciel ouvert, où le consommateur ne fait pas forcément de bonnes affaires. Idem dans les commerces légaux où l'absence du contrôle débride complètement les appétits voraces des tenanciers. Dans les gares routières et les stations de taxi, les transporteurs imposent aux citoyens désireux passer les jours des fêtes auprès de chez eux leur loi, rarement celle de l'Etat, usant admirablement d'opportunisme de bas étages et de surenchère publique, notamment sur les tarifs des places - pour les taxis - et sur les titres de voyages vendus très souvent hors guichets avec des tarifs exorbitants, pour les usagers d'autocars. La veille des fêtes, c'est également les foules compactes et désorganisées dans les centres payeurs de la poste, où aux bousculades et à l'énervement des obligés des CCP, les guichetiers des P et T, dépassés par le nombre, ripostent par orchestration de pannes de matériels informatiques et par toutes sortes de comportements abusifs. Aussi, l'inadaptation des infrastructures de service à la demande citoyenne est indéniablement un des faits aggravants. Pour cette fin de carême, la direction de la gare du Caroubier s'attend à recevoir plus de 30 000 voyageurs, alors que les moyens et les dispositifs pour leur prise en charge demeurent presque les mêmes : archaïques et résolument incompatibles avec l'ordre et allergique au civisme. Bonne fête quand même.