Il n'y a aucune discussion sur une éventuelle coordination avec les pays de l'Opep sur la production de pétrole», a déclaré le ministre russe de l'Energie, Alexander Novak, dans une interview accordée à l'agence de presse Reuters. Les deux poids lourds du marché semblent s'en tenir à un statu quo pourtant dommageable. Après une première tentative de maintenir la production à ses niveaux de janvier, laquelle s'est soldée d'ailleurs par un cuisant échec, de l'avis même du ministre russe, les infimes espoirs d'une future réduction de l'offre se volatilisent. Selon son ministre de l'Energie, la Russie ne discute aucunement les questions de coordination avec l'Opep, encore moins l'hypothèse d'une réduction de production. D'autant plus que, d'après Alexander Novak, l'accord conclu au mois de février dernier à Doha, au terme d'une réunion avec l'Arabie Saoudite, le Qatar et le Venezuela, n'a pas été respecté. A l'issue de cette réunion, faut-il le rappeler, la Russie et certains pays membres de l'OPEP se sont mis d'accord pour geler leur production de pétrole à ses niveaux de janvier. Plutôt que d'appeler ses membres à la discipline en maintenant le gel de la production à ses niveaux de janvier, l'OPEP s'est abstenue en juin dernier de mentionner tout plafond chiffré de sa production. En s'abstenant de fixer un plafond chiffré de sa production, sous peine de perdre des parts de marché, l'Opep contribue indirectement à alimenter les excès de l'offre. Ce qui fait dire à Alexander Novak que les objectifs de coopération de son pays avec l'Opep se résument désormais à un échange d'informations et d'analyses sur le marché pétrolier. Les deux partenaires qui se regardaient en chiens de faïence s'en tiennent ainsi à un statu quo inavoué. Ils ne s'astreignent néanmoins pas à un quelconque niveau de production, contrairement à l'accord passé en févier. En témoignent les chiffres sur la production tant de l'Opep que de la Russie. Les deux produisent toujours à plein régime. Dans son dernier rapport mensuel publié début juillet, l'Opep a fait état d'une hausse de 264 100 barils par jour de la production de ses 14 pays membres pour atteindre 32 858 millions en juin. En Russie, son ministre de l'Energie s'attend à une hausse d'environ 1,5% de la production de pétrole cette année, ce qui marquerait un nouveau record. La production russe devrait dépasser 10,8 millions de barils par jour cette année, soit un nouveau record pour la Russie post-soviétique. A cet égard, l'accord sur le gel de la production est rendu ainsi nul et caduc, en attendant que la Russie rencontre à nouveau les pays de l'Opep en septembre à Alger. Lorsque Reuters l'interroge sur une éventuelle nouvelle rencontre avec les Saoudiens, le ministre russe de l'Energie répond qu'il allait «probablement» rencontrer le nouveau ministre saoudien en Algérie en septembre. D'ores et déjà, les deux grosses cylindrées du marché divergent sur l'état actuel des prix ; alors que le ministre saoudien du Pétrole pense que l'industrie pétrolière a besoin d'un prix supérieur à 50 dollars le baril pour soutenir les investissements, Alexander Novak s'attend à ce que les cours évoluent dans une fourchette de 40 à 50 dollars cette année, voire moins en raison de la baisse saisonnière de la demande. Le ministre russe de l'Energie prévoit un rééquilibrage du marché vers le second semestre de 2017, mais tributaire de l'évolution de la politique saoudienne au sein de l'Opep.