2242 est le nombre d'entrées enregistré par le film Indigènes de Rachid Bouchareb après une semaine de programmation, à raison de deux séances par jour à la salle répertoire d'Oran de la Cinémathèque algérienne où il a été, auparavant, présenté en avant-première nationale pour l'Algérie, avant sa sortie dans les salles le 27 septembre en France. Le chiffre est dérisoire pour une ville de plus d'un million d'habitants mais, vu la situation du cinéma, on peut dire que c'est déjà pas mal », commente un employé de cette instance culturelle qui assiste chaque soir à une affluence appréciable d'un public particulièrement jeune. Le film, qui ne cesse pas de soulever des débats, est avant tout une fiction qui, par son aspect « hollywoodien », répond parfaitement à une définition du cinéma épique qui, dès le début, avait, dit-on, rempli une fonction mythologique des sociétés qui le produisent. Pour des raisons historiques évidentes, les aspects matériels liés à la participation des tirailleurs nord-africains à la Deuxième Guerre mondiale ont rarement fait l'objet de revendications par les Algériens qui ont donné le gros des effectifs. Un mouvement d'anciens tirailleurs marocains a, par contre, émergé au milieu des années 1990 et le mécontentement des « vieux soldats » criant contre l'injustice a été, à l'époque, largement médiatisé en France sans que cela ne suscite de réactions officielles par de hauts responsables de l'Etat comme aujourd'hui. A noter que lors de la 3e édition du film amazigh qui s'est déroulée à Oran en 2003, un court métrage sous forme de témoignage retraçant les péripéties réelles d'un ancien tirailleur algérien a eu le deuxième prix. Quoi qu'il en soit, le succès relatif à Oran est tel que la programmation du film a été prolongée d'une semaine. Samedi, selon le responsable de la cinémathèque d'Oran, le wali a assisté à la séance publique. Il a été invité la veille lors d'une rencontre fortuite avec le premier au centre culturel français, à l'occasion de la visite de l'ambassadeur de France. Toujours selon le responsable de la Cinémathèque, Rachid Bouchareb, sans doute en réaction au débat qu'a suscité son film, serait sur le projet d'un film retraçant les événements du 8 Mai 1945, c'est-à-dire, poursuivre le fil de l'histoire là où s'arrête Indigènes. L'auteur de L'honneur de ma famille, Cheb, Poussières de vie et Little Sénégal sera, indique la même source, à Oran en décembre pour une autre projection-débat avec le public.