Retrouvailles n Incontestablement, le public est en train de revenir vers la Cinémathèque, après avoir longtemps boudé cette salle, l'unique dans la wilaya à projeter des films de 35 mm. L'état désastreux de la salle, les conditions de projection qui laissaient à désirer et la nature du public qui fréquentait les lieux étaient parmi les problèmes ayant conduit à la fuite des cinéphiles. Hadj Bensalah, responsable de la salle d'Oran, est aux anges. «Durant ce mois de ramadan, nous sommes à une moyenne de 250 entrées pour les deux séances de la journée alors qu'au début de l'année, nous atteignions difficilement les 20 à 30 entrées», dit-il d'un air satisfait. Pour expliquer cet engouement pour la Cinémathèque, M. Bensalah n'hésite pas à parler de «l'effet» Indigènes, le dernier film de Rachid Bouchareb, primé au festival de Cannes, qui a été présenté en avant-première nationale à Oran, bien avant sa sortie officielle en France. «Ce film a dopé nos entrées et a permis à de très nombreux Oranais de découvrir la nouvelle salle après sa rénovation», explique ce responsable. En effet, depuis le 19 janvier dernier, date de la réouverture de la Cinémathèque, le public a été gâté en matière de films, avec, entre autres, des rencontres avec les réalisateurs. «La Cinémathèque déploie de grands efforts pour retrouver son statut d'antan. La dynamique que connaît notre institution vient du fait que pendant les 18 mois de sa fermeture, il était impossible de voir un film normal. Nous avons fait la promesse de rattraper ce retard avec tous les films que le public oranais n'avait pas pu voir», explique M. Bensalah. Ce défi que s'est fixé le collectif de la Cinémathèque d'Oran est en passe d'être relevé. Même Fodil, le projectionniste, l'un des «derniers Mohicans» de cette corporation en voie de disparition, a mis la main à la pâte. Il a remis en état de marche des équipements à l'arrêt depuis des années, en faisant appel à son savoir-faire et au système D typiquement algérien. «Le public algérien existe encore et aime toujours le cinéma. La preuve, nous la constatons avec l'actuelle affluence exceptionnelle au niveau de la cinémathèque : un public de tous âges, des familles entières, de vieilles dames et de tous jeunes bambins découvrant la magie du cinéma. Le véritable cinéma», indique-t-il. Les responsables de la Cinémathèque veulent tirer profit de cette dynamique en poursuivant sur cette lancée. Pour ce dernier trimestre de l'année 2006, un hommage à Kateb Yacine est prévu le 29 octobre dans le cadre du cycle «Les combattants de la liberté». D'autres réalisateurs et artistes sont attendus pour présenter leurs films, sans oublier l'activité exceptionnelle attendue pour 2007, avec l'Année de la culture arabe en Algérie.