L'absence, cette année, des ténors de ce style musical, tels que Cheb Khaled, Cheb Bilal et ceux qui caracolent actuellement au hit-parade de la chanson raï pourrait expliquer cette défection», constate Kamel, jeune photographe oujdi, qui n'a zappé aucune édition du Festival depuis sa création en 2006. «Pourtant, d'autres jeunes chanteurs auraient pu pallier ces nombreuses absences», selon lui. Il ne manque pas d'ailleurs de souligner la prestation exceptionnelle du chanteur algérien, Cheb Adjal, qui s'est produit la semaine passée sur la scène Ziri. «Cheb Adjal méritait, lui, largement sa place sur la grande scène. Il aurait certainement fait le plein sur la grande esplanade du stade d'honneur d'Oujda», soutient-il. Jeudi, Kader Japoni et le rappeur Rim'K ont fait danser le public, reprenant machinalement des chansons de leurs répertoires respectifs. Cheb Kader, avec sa voix rauque reconnaissable entre mille, n'a pas mis beaucoup de temps pour charmer son public. «Tu m'as gâché une vie» est repris en chœur par les fans. Et la série se poursuivra à un rythme effréné, laissant couler tour à tour Machi hassassa, Jour après jour et Sanawat dayaa, mais aussi quelques reprises de Cheb Hasni. Abdelkader Haïbaoui, alias Kader Japonais, démarre sa carrière en reprenant les titres des plus grands chanteurs de raï. Sa carrière compte aujourd'hui pas moins de 12 albums. 2006 a été une année déterminante pour lui, avec la sortie de l'album Ana Wana. Avant lui, Rim'K a donné de la voix aux côtés de DJ Kim, véritable bourreau des platines. Il provoque de nombreux déhanchements sur l'esplanade avec Ya l'babor, Tonton du bled et son dernier opus, Hbibha moul 504, du regretté Ahmed Zergui. Rim'K s'est fait notamment connaître avec le fameux single Tonton du bled du 113. Grâce à cet énorme tube et l'album, il raflé 2 victoires de la musique. En début de soirée, Khaled Benani, chanteur marocain de chaâbi, amorce son concert avec Hahoma jaw, un tube du groupe ONB. Ayant plus d'une corde à son arc, il a interprété notamment des partitions très rythmées de reggada, un genre musical très répondu dans l'Oriental marocain et l'Ouest algérien. Vendredi, la scène a retrouvé un peu plus de couleur et de rythme avec les prestations de Douzi, Cheb Abbès et du groupe gnawi, Djmawi Africa. Solidement ancré dans son africanité, Djmawi Africa expérimente depuis 2004 une fusion musicale totalement affranchie et décomplexée, intégrant le rock, le métal ou le reggae, mais aussi le chaâbi, le patrimoine arabo-andalou ou bien encore les transes gnawies. Un creuset d'universalité et de musiques populaires qui accompagne huit jeunes algériens dans des tournées épiques à travers l'Afrique noire, en Europe, au Brésil, en Egypte et même jusqu'en Inde ! Sur scène, les instruments défilent et se croisent sans frontières musicales : le guembri gnawi fait place au n'goni d'Afrique de l'Ouest, le violon est remplacé par une guitare électrique et le bendir par une batterie moderne. Devant un public conquis, Djmawi Africa enchaîne avec Hamdouchia et Lalla Aïcha, Soudani Manayou et Derdba. Douzi, artiste incontournable au Maroc, en parfaite communion avec son public, reprend pour la circonstance ses célèbres morceaux, tels que Lalla maryama, Radouni Lbladi, Klam Nass. Cette soirée a été, également, l'occasion de rendre un vibrant hommage au défunt Cheb Akil, décédé dans un accident de la route survenu au Maroc le 14 juin 2013. Ses deux filles ont été invitées sur scène par Douzi pour la reprise du tube Mazal Mazal, entonné en chœur par un public ému. Ceci était incontestablement l'un des moments forts de cette avant-dernière soirée du festival. Initiée par l'ssociation Oujda Arts, sous le thème «Racines africaines de la culture raï», la 10e édition du Festival international du raï d'Oujda (Firo) réunie, du 16 au 23 juillet, verra en clôture la participation de Badr Soltan, Bellemou et de Zahouania.