La ville, qui a été pendant des décennies la cité symbole du régime El Gueddafi, est depuis plusieurs jours la cible d'une vaste offensive des forces progouvernementales contre le groupe terroriste autoproclamé Etat islamique (EI). En effet, depuis lundi dernier, sept frappes aériennes américaines ont été effectuées contre des installations de l'EI, à la demande du gouvernement libyen d'union nationale (GNA). Reconnu par la majorité de la communauté internationale, ce dernier, dirigé par Fayez El Sarraj, tente de reprendre le contrôle de la ville tombée aux mains des terroristes de l'EI en juin 2015. Syrte, localité stratégique située à mi-chemin entre la capitale Tripoli et Benghazi et que 300 kilomètres à peine séparent des côtes européennes, proche du «croissant pétrolier», a donné des visées aux terroristes qui espèrent depuis plus d'une année mettre la main sur les installations et les terminaux pétroliers qui s'y trouvent. La majorité de sa population appartient à l'une des quatre grandes tribus, les Kadhafa, dont était issu l'ancien dirigeant Mouammar El Gueddafi, qui a vainement aspiré faire de cette ville la capitale de la Jamahiriya, l'Etat des masses. Il n'aura réussi à faire de Syrte qu'une quatrième province du pays aux côtés de la Tripolitaine, la Cyrénaïque et le Fezzan. C'est dire l'importance que revêt aujourd'hui la bataille pour la reconquête par les autorités libyennes reconnues du gouvernement d'union nationale, qui aspirent à reprendre le contrôle des grandes villes et de l'ensemble du territoire. Est-il besoin de rappeler la réaction du GNA après les révélations faites par la presse sur la mort de trois soldats français des forces spéciales au cours de l'accident d'un hélicoptère dans l'est du pays, demandant officiellement des explications ? Il semblerait par contre que les dernières frappes américaines sur Syrte l'ont été au terme d'un accord écrit entre Washington et Tripoli. Les autorités libyennes auraient exigé des Occidentaux d'être informées avant toute intervention sur le territoire, y compris là où elles n'ont pas encore réussi à prendre le contrôle. Serait-ce la fin du calvaire de Syrte qui, dans le chaos qui a suivi la chute du régime El Gueddafi en 2011, a vu l'arrivée des terroristes de l'EI en juin 2015 qui ont instauré un régime de terreur ? Une situation favorisée également, il est vrai, par la confusion qui règne à l'est du pays, notamment à Tobrouk, siège du Parlement qui ne reconnaît pas l'autorité de Tripoli, et à Benghazi où l'Armée nationale libyenne qui ne dépend pas du GNA, dirigée par le général Khalifa Haftar, mène des combats depuis plus de deux ans contre les milices islamistes affiliées, entre autres, à Al Qaîda.