Deux foyers d'incendie, l'un localisé dans la commune de Barbacha et l'autre du côté de Taghzout, dans la commune de Béjaïa, étaient encore actifs hier après les quatre jours de brasier qui a ravagé le manteau végétal de la région. Les services de la Protection civile et ceux de la conservation des forêts en étaient quant à eux à établir une estimation définitive des dégâts, arrêtée jusque-là à plus de 1000 ha de végétation partie en fumée. Un bilan qui dépasse en étendue celui enregistré depuis le début de l'année en la matière et qui reste éligible à l'augmentation en attendant la compilation des données détaillées. Près de 80 départs de feux ont été recensés depuis la soirée de lundi dernier, soit à la veille de l'Aïd, à travers la wilaya. Autant de sites disséminés à travers les localités montagneuses et qui ont mis à rude épreuve les brigades de la Protection civile et celles de la direction des forêts. Les interventions des soldats du feu, salués globalement pour leur abnégation, essuient néanmoins des critiques de la part notamment de villageois qui ont vécu l'enfer, à l'image des habitants du village Oussama perché sur les hauteurs de la région des Mezzaïa à quelques encablures de Béjaïa. Un habitant du village témoigne ainsi avoir assisté avec frayeur à l'avancée surprenante des flammes vers les hameaux, en l'absence de tout véhicule des services de secours. Ce qui a poussé les habitants à improviser des parades dangereuses pour repousser les flammes. La coïncidence du sinistre avec le long week-end de l'Aïd a-t-elle diminué les capacités de réaction de la Protection civile ? Non, tranche le capitaine Soufi, le chargé de l'information au niveau de la direction de Béjaïa. « Hormis le personnel sédentaire chargé de l'administration, nos services ne connaissent pas de vacances et nos effectifs restent les mêmes », objecte-t-il en informant que des renforts sont parvenus des wilayas de Jijel et de Bouira pour prêter assistance aux effectifs locaux. La dispersion des foyers d'incendie est l'autre élément évoqué pour expliquer la difficulté de concentrer des moyens sur les sites, en sus du caractère enclavé qui frappe la majeure partie des ensembles forestiers. La wilaya de Béjaïa, l'une des plus arrosées à travers le pays, compte une superficie forestière globale de l'ordre de 122 500 ha concentré majoritairement en zones de montagne. Reste la question relative à l'origine des feux et à propos de laquelle l'opinion ne se satisfait pas de l'évocation des températures exceptionnellement élevées pour la saison. Le directeur du Parc national de Gouraya, aire protégée qui déplore 380 ha de dégâts entre forêts, maquis, broussailles et potagers, reconnaît que sa direction a reçu un Bulletin météo spécial (BMS) concernant le pic caniculaire de la semaine dernière. Il opine qu'il y a effectivement des éléments troublants qui peuvent accréditer une origine intentionnelle. A l'exemple du feu qui s'est déclaré vendredi dernier à l'aube à Sidi Yahia sur les hauteurs qui dominent le port pétrolier. Soit pratiquement dans le territoire urbain et à une heure où l'étincelle ne peut pas naître d'un dard du soleil dans un amas de détritus ou de feuillage. Sur ce point, la direction de la Protection civile, par la voix de son chargé de la communication, se montre très circonspecte. « Aucun élément solide pouvant militer pour la thèse des feux criminels n'est en notre possession », affirme le capitaine Soufi. La conservation des forêts quant à elle et par la voix du responsable de la protection, précise que ses services se contentent d'intervenir pour la maîtrise des feux et qu'elle n'a pas pour mission d'en rechercher l'origine.