Neuf personnes condamnées à six mois de prison ferme en première instance par le juge près le tribunal de Djelfa ont bénéficié d'un allègement de peine de deux mois, alors que la condamnation de deux autres à deux mois de prison ferme a été maintenue. Pour rappel, ces personnes, pour leur majorité des jeunes chômeurs, ont été arrêtées par les services de sécurité lors du soulèvement des habitants des quartiers périphériques 36 et 40 de Aïn Chih qui avaient manifesté leur colère, dénonçant la mauvaise gestion des autorités locales en énumérant les problèmes auxquels ils sont confrontés quotidiennement (insécurité, insalubrité, chômage, logement, etc.). Hier, la salle d'audience de la cour de Djelfa s'est avérée trop exiguë pour contenir ceux qui étaient venus soutenir et assister au procès du fils, du frère ou du voisin, et les jeunes des quartiers pauvres sont venus par centaines voir leurs amis incarcérés depuis bientôt deux mois. A côté des femmes, pour la plupart âgées, beaucoup n'arrivaient pas à contenir leurs larmes. « Nous pleurions de misère et maintenant nous devons pleurer nos enfants qui nous aidaient à survivre », nous dit la mère d'un jeune prisonnier, pendant que la sœur d'un autre nous explique que « les avocats sont payés grâce aux cotisations des habitants du quartier et aux âmes charitables ». Le premier avocat de la défense axera sa plaidoirie sur le fait que les procédures employées par les services de police étaient anarchiques et non conformes à la loi. « L'application du flagrant délit n'est pas possible en de pareilles circonstances. Une dizaine de personnes a été cueillie sur les centaines de manifestants sur la base de témoignages et présentée devant le procureur de la République. Ce qui prouve l'incompétence de la police. Devant son incapacité à gérer la situation et à instaurer le dialogue, elle a préféré remettre à la justice un échantillon et charger cette dernière d'un dossier vide ». L'avocat d'un père de famille abondera dans le même sens : « Mon mandant est un père de famille tranquille. Il est enseignant et n'a aucun problème d'ordre social. Il travaille, possède un logement, et parce qu'il a eu le malheur de passer du côté de l'endroit où se déroulaient les émeutes, sa voiture sera endommagée et il sera arrêté par les policiers. Il est en prison pour s'être trompé de chemin ! » Un autre avocat s'exclamera : « La justice ne devrait pas tomber si bas. » Il ajoutera : « Qui pourrait condamner ces pauvres gens avec conviction, en toute âme et conscience ? »