Le long métrage Le Puits de Lotfi Bouchouchi est officiellement proposé pour représenter l'Algérie aux Oscars 2017 dans la catégorie «du meilleur film étranger». «La décision a été prise à l'unanimité au sein de la commission de sélection», a déclaré hier Liazid Khodja, membre de la commission, lors d'une rencontre avec la presse à la Cinémathèque algérienne à Alger. Le film Road to Istanbul de Rachid Bouchareb était également en course. «Nous avons voté comme un jury. Chacun a donné son point de vue selon sa sensibilité. Nous avons décidé à partir de critères de qualité artistique du film (musique, jeu d'acteur, scénario, etc.). Au sein de la commission, il y a toujours des débats. Les membres justifient leur choix, essaient de convaincre. Dans Le puits, il y a une sensibilité qui se rapproche de ce qu'a subi l'Algérie. C'est un film qui porte une idée, une émotion. Il y a une mise en scène, il y a quelque chose qui se dégage de cette œuvre. Le sujet du film est original, ça va au-delà de l'amour du pays», a souligné le cinéaste Mohamed Lakhdar Hamina, président de la commission. Le Puits raconte l'histoire terrible d'un village algérien à l'époque coloniale. Encerclés par des soldats français, les villageois étaient réduits à mourir de soif. Le film a déjà obtenu plusieurs prix à Mascate, Tunis, Alexandrie, Oujda et Oran. Lakhdar Hamina a rappelé l'exigence d'avoir un distributeur international pour le film. «Si le film n'a pas de distributeur, il va à la casse. Aussi, l'Etat doit-il mettre les moyens financiers pour soutenir la candidature du film de Bouchouchi. Tous les pays le font pour leurs films. Chez nous, l'Etat a des scorpions dans les poches ! Un film aux Oscars défend l'honneur de l'Algérie. C'est un acte culturel immense. Le monde entier s'intéresse aux Oscars. J'ai appelé le ministre de la Culture pour lui rappeler ses responsabilités. En 2015, j'ai présenté mon film aux Oscars (Le Crépuscule des ombres). Je n'ai eu aucun soutien. Je n'ai pas 300 ou 400 000 dollars pour faire la promotion», a déclaré Mohamed Lakhdar Hamina. Selon lui, la promotion d'un film candidat aux Oscars exige plusieurs mois avec des projections à Washington, à New York (où se trouvent au moins 80% des votants) et au siège de l'ONU. «Il faut également avoir de la visibilité dans la presse. Pour les américains, c'est du business. Donc, il faut acheter des espaces dans les médias. Les Etats le font à travers les ambassades», a-t-il relevé. La Palme d'or à Cannes 1975 a annoncé que les membres de la commission vont saisir les autorités pour les sensibiliser à la nécessité de soutenir le film Le Puits aux fins de maximiser ses chances d'accéder à la shortlist des Oscars. «Un film qui va en compétition aux Oscars ne représente ni le producteur ni le réalisateur, mais le pays. Donc, c'est au pays de proposer un film», a-t-il précisé. Lakhdar Hamina a annoncé qu'il prépare un livre sur son expérience cinématographique. «L'Algérie a raté l'occasion des Oscars avec Chroniques des années de braise. Le distributeur a mis un million de dollars. Ahmed Taleb Ibrahimi (alors ministre de la Culture et de l'Information) m'a assassiné. Il ne voulait pas que le film aille au Festival de Cannes et aux Oscars. Ils ont tout fait pour détruire le film. A mon âge (86 ans), je suis obligé de régler mes comptes», a déclaré Lakhdar Hamina.