Amel Zen est l'un des talents qui font la vitalité de la chanson algérienne. Rencontrée à Alger, lors d'un hommage rendu au regretté chanteur algérien Dahmane El Harrachi, elle revient sur ce vent de fraîcheur qu'elle a apporté à la scène nationale. - Vous êtes une valeur sûre de la scène musicale algérienne. Un flash-back sur vos débuts ? J'ai commencé à jouer de la musique à l'âge de 10 ans, où j'ai rejoint le Kaissaria de Cherchell. En 2002, à l'âge de 17 ans, j'ai rejoint l'Orchestre régional d'Alger et l'Orchestre national de l'Algérie. J'ai participé à la 1re édition de «Alhane Wa Chabab», à savoir, à la version algérienne du X Factor) où je suis arrivée aux quarts de finale. C'est là que le public m'a découvert pour la première fois. J'ai enchaîné par la suite les collaborations et les émissions de télévision. J'ai sorti mon premier single, Ma Fikche Eniya, qui a été sanctionné par deux prix en 2011, «Féminin Apocalypse» et «Meilleur espoir». En 2013, j'ai sorti mon premier album au style ethnique -Pop au titre éponyme Amel «Tlata Zahwa W Mraha». - Vous allez, certes, reprendre deux titres phares du regretté Dahmane El Harrachi amis avec toutefois votre propre empreinte ? Que d'émotion ce soir, puisque cet hommage posthume est rendu à une icône de la chanson algérienne. Je vais reprendre deux titres du défunt, à savoir Ech dani anedou et Rabi seril y a el rafel. Je pense que l'empreinte sera dans l'interprétation vocale, vu que je ne suis pas avec mon orchestre. Il faut dire que j'aime bien interpréter, au sein d'un orchestre traditionnel, typiquement, masculin châabi, comme ce soir. Cela ne me dérange pas de m'adapter à l'orchestre traditionnel. Je suis ravie, heureuse et honorée d'assister à cet hommage. En tant que chanteuse de la nouvelle génération, je peux dire que Dahmane El Harrachi est l'une des mes idoles. Concernant son interprétation, je trouve que c'est un interprète assez atypique que je trouve très rock. Je m'inspire beaucoup de sa façon d'interpréter. J'adore ses textes. Le regretté artiste Dahmane El Harrachi est une école. Et j'espère que cela ne va pas s'arrêter là. Je pense que les hommages se font, aussi, sur les productions et non pas uniquement sur les événements. C'est bien de rendre un hommage à ces icônes, mais il faut, aussi, produire, créer et faire quelque chose pour la pérennité. - Votre style musical est assez personnalisé... Je dirais que ma musique est de la pop algérienne actuelle. C'est de la musique algérienne que je présente à ma façon pour les jeunes et pourquoi pas pour le monde. Si j'arrivais à exporter ma musique, cela serait un rêve. - Pourriez-vous revenir sur l'expérience fructueuse que vous avez vécue lors de la 17e édition du Festival culturel européen qui s'est tenu à Alger ? Effectivement, il y a eu un bel échange avec le Festival européen. Il y a eu un bel échange avec la trompettiste britannique. J'ai d'ailleurs fusionné avec elle sur son titre El ahane sidouri. Il s'agit d'un titre, exhumé du patrimoine du Bahreïn que j'ai adoré. J'ai également, eu la chance de participer, toujours dans le cadre de ce festival, à une résidence de quatre jours, animée par des professeurs issus d'une académie de jazz. L'expérience a été fructueuse. L'échange s'est fait sur la pratique. Il faut dire que ma formation classique est toute différente parce qu'on vient d'une formation châabi andalou, où l'on n'écrit pas la musique orale. Peut-être qu'on a eu un peu de difficultés à communiquer au départ mais tout est rentré dans l'ordre. J'avais plutôt appréhendé l'adaptation de mes musiciens, qui viennent du milieu châabi que le contraire. Il s'est avéré que l'apprentissage oral a un secret à part. On éduque l'oreille à écouter et à déchiffrer, plus précisément, mais il faut compléter la formation. Il faut savoir lire une partition. C'est d'ailleurs l'un de mes objectifs. - Quels sont vos projets à court et long termes ? Là, je suis en pleine phase expérimentale de mon deuxième album que je trouve plus difficile à réaliser. Car là, je prends plus de temps, plus de réflexion. J'essaye d'avoir une nouvelle couleur artistique. Vous avez peut-être écouté Tlatha, c'est une reprise que j'ai essayé de réarranger à ma façon avec des sonorités plus pop. Mon but était, justement, de rendre cet héritage plus proche de la nouvelle génération. Utiliser peut-être des codes et des sonorités qui parlent aux jeunes. C'est un peu l'objectif que je fais sur le patrimoine. Mon album sortira probablement à la fin de l'année en cours ou au plus tard au début de l'année prochaine.