L'université moderne établit sa notoriété et sa visibilité régionale et internationale, entre autres, par la manifestation de ses savoir-faire en pédagogie universitaire et par son professionnalisme en termes de formation centrée sur les apprenants et les apprentissages. De plus, toute université est assignable socialement à l'obligation de répondre aux besoins pédagogiques de ses apprenants en collaboration avec les partenaires de son environnement socioprofessionnel. Les universités ont également pour mission fondamentale de fournir à la société des diplômés compétents en mesure d'assurer, partout en Algérie, des prestations de service de qualité et de répondre aux besoins du marché du travail. Pour ce faire, chaque université est responsable de l'ensemble du cheminement pédagogique des apprenants qui lui sont confiés pour toute la durée du cursus de formation. Hélas, nos universités n'arrivent pas à procurer des apprentissages et des formations selon les normes pédagogiques en vigueur. Dans l'université contemporaine, l'enseignement constitue sa mission première, et la question de la qualité de l'acte d'enseigner doit être plus que jamais au cœur des préoccupations du ministère de l'Enseignement supérieur (MESRS), mais aussi des doyens des facultés, des conseils pédagogiques nationaux et des recteurs d'université, car l'un des facteurs pour promouvoir la qualité de l'enseignement est la compétence pédagogique des enseignants. De plus, enseigner à l'université est un métier qui évolue, et pourtant, que font les responsables universitaires pour préparer les enseignants à l'exercice de cette mission première? L'amélioration des enseignements ne peut se concevoir sans le soutien, l'implication et la collaboration pragmatique du ministère de l'enseignement supérieur (MESRS), et d'ordre praticopratique des responsables universitaires. En effet, les stratégies les plus efficaces pour améliorer les enseignements sont principalement et respectivement la reconnaissance explicite de la promotion universitaire de l'enseignement ainsi que les contributions des recteurs des établissements et des doyens des facultés pour valoriser l'acte d'enseigner. Il faut doter les enseignants d'une double expertise disciplinaire et pédagogique. Cela signifie d'encourager le développement des compétences et des habilités en enseignement en mettant à leur disposition les moyens de se former et de se perfectionner en pédagogie universitaire, ainsi qu'un programme d'accompagnement pédagogique. À cet effet, l'arrêté 932 du 28 aout 2016 promulgué par le ministère de l'enseignement supérieur (MESRS) vient répondre à un besoin premier et urgent de l'université algérienne : l'accompagnement pédagogique. Par cette action, le MESRS propose une feuille de route pédagogique concrète au service des enseignants et à la formation universitaire en général. Cet arrêté prouve que le MESRS a pris acte et conscience que l'accompagnement pédagogique et la formation à la pratique de l'enseignement sont à la base de l'amélioration qualitative des formations universitaires. En d'autres termes, c'est la condition sine qua non pour espérer une mutation de l'université en faveur des enseignements de qualité dans les établissements du supérieur. Le soutien pédagogique offert dans les établissements universitaires algériens va gagner en importance dans quelques années, car dans la plupart de nos établissements, les services de formation pédagogique ne sont ancrés ni dans la culture universitaire ni dans sa structure organisationnelle. Dans d'autres universités, les services n'en sont encore qu'aux balbutiements voir inexistante. Peu importe les situations décrites ci-haut, des questions méritent d'être posées en ce qui a trait à l'arrêté 932 du MESRS. Comment assurer la qualité des formations et des services pédagogiques offerts en absence d'expert en pédagogie universitaire ? Le MESRS dispose-t-il de suffisamment de ressources humaines compétentes notamment de conseiller et de concepteur en pédagogie universitaire ? Comment structurer ces services de manière à ce qu'ils répondent bien aux besoins pédagogiques des professeurs et des nouveaux enseignants chargés de cours ? De plus, il faut d'emblée estimer les retombées de la formation à la pédagogie universitaire des enseignants nouvellement recrutés, et notamment le changement de conception et le changement de pratiques pédagogiques déclarées des enseignants universitaires. Il est fort probable que la majorité de nouveaux enseignants observe un changement dans leur conception de l'enseignement et de l'apprentissage. Il est souhaitable que ce changement de conception aille de pair avec un changement de pratique pédagogique en contexte de l'enseignement supérieur. La sensibilisation en début de carrière des enseignants est importante pour la formation à la pédagogie universitaire, ainsi les courtes formations semblent avoir davantage de retombées pédagogiques pour les jeunes enseignants. De plus, il faut conscientiser les enseignants à la nécessité de s'interroger sur leur pratique pédagogique, leur enseignement et sur l'apprentissage des étudiants. Il est de l'intérêt de chaque université de développer des enseignements centrés sur les apprentissages et la diffusion de documents pédagogiques de synthèse à l'interne. Dans ce contexte, le rôle des conseillers pédagogiques est principalement de faciliter le développement des compétences réflexives des enseignants. Pour ce faire, il est fondamental à ce que l'université conçoive une stratégie institutionnelle claire avec des objectifs de valorisation et de développement de la qualité de l'acte d'enseigner. Il faut également mettre à la disposition des enseignants les moyens pédagogiques nécessaires pour se développer et pour atteindre les buts de formation à moyen terme comme le financement de projets d'innovation pédagogique, une offre de formation et d'accompagnement pédagogique, la collaboration entre les enseignants pour partager leur expérience et pratique pédagogique. De plus, il faut proposer un soutien clair pour la valorisation et la diffusion des résultats des projets pédagogiques des enseignants comme une présentation dans un colloque de pédagogie ou des évènements internes de partage d'expérience. Ces propositions se centrent davantage sur la mise en place des services de soutien pédagogique au sein de chaque université. Il est aussi important de faire l'évaluation des services de formation proposés afin d'en assurer l'amélioration continue, mais également un service d'évaluation des enseignements par les étudiants. Il est également essentiel à ce que le Ministère de l'Enseignement Supérieur (MESRS) révise les normes de sélection et de promotion des enseignants tout en intégrant la certification ou la formation à la pédagogie universitaire comme critère de recrutement, de nomination et de titularisation. De plus, pour promouvoir l'accompagnement pédagogique, le MESRS pourrait proposer de nouveaux modèles pour reconnaitre et récompenser les enseignants sur les deux volets : recherche et enseignement. Ce modèle peut prendre appui sur une parité claire et transparente entre le dossier enseignement et le dossier recherche. En conclusion, la mise en place de l'accompagnement et du soutien pédagogique dans les établissements universitaires algériens doit être progressive et mesurée. De plus, la collaboration entre les chercheurs en éducation et les conseillers pédagogiques demeure essentielle pour poursuivre les efforts dans ce domaine et dégager les pratiques efficaces en accompagnement et en formation pédagogique en milieu universitaire algérien.