L'Union européenne (UE) a pris acte de l'accord, en retirant le mouvement marxiste de sa liste des organisations terroristes. La Colombie vient de franchir une étape importante de son histoire. Le président colombien, Juan Manuel Santos, et le commandant en chef des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), Rodrigo Londoño, plus connu sous son nom de guerre de Timochenko ou Timoleon Jiménez, ont signé, lundi soir, un accord de paix à Carthagène des Indes. Le texte de 297 pages, conclu fin août à La Havane (Cuba), met un terme à 52 ans de conflit armé, la plus longue guerre civile en Amérique latine. Les deux hommes ont paraphé ce traité, négocié pendant quatre ans, à l'aide d'un stylo fabriqué à partir d'une balle, avant d'échanger leur première poignée de main sur le sol colombien. L'accord prévoit, entre autres, la démobilisation des FARC et leur transformation en un parti politique. Près de 2500 personnes toutes vêtues de blanc ont assisté à la cérémonie organisée pour l'occasion sur l'esplanade du Centre des conventions de Carthagène des Indes, station balnéaire considérée comme la perle des Caraïbes. Parmi elles, des victimes du conflit auxquelles Timochenko a demandé pardon pour la première fois. Il a ensuite promis «une nouvelle ère de réconciliation». De son côté, le président Juan Manuel Santos a souhaité «la bienvenue dans la démocratie» aux FARC. Il a ensuite déclaré : «Je préfère un accord imparfait qui sauve des vies à une guerre parfaite.» «Plus de guerre ! Plus de guerre», a encore lancé le chef de l'Etat, repris en chœur par l'assistance. «Plus de morts (...) pour une guerre absurde», a-t-il affirmé, saluant la décision des Farc de «changer les balles pour les votes».Quinze chefs d'Etat latino-américains ont assisté à cette cérémonie, à commencer par le Cubain Raul Castro dont le pays a accueilli les négociations ayant abouti, le 24 août dernier, à cet accord avec les Farc. Profond soulagement Cuba a accueilli pendant presque quatre ans les pourparlers de paix placés aussi sous les auspices de la Norvège, du Venezuela et du Chili. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, était également à Carthagène, ainsi que le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, selon lequel, la Colombie a fait lundi «un pas de géant». Il a indiqué que les Etats-Unis verseraient l'an prochain 390 millions de dollars à la Colombie en guise de soutien au processus de paix. Parmi les 27 ministres des Affaires étrangères présents, le Norvégien Borge Brende a, quant à lui, salué cet «accord historique», mais averti que sa mise en œuvre «va demander beaucoup de leadership». De son côté, l'Union européenne (UE) a pris acte de l'accord, en retirant, avant même sa signature, le mouvement marxiste de sa liste des organisations terroristes. Si la perspective d'un arrêt du bain de sang et des enlèvements apporte un profond soulagement, l'accord n'en a pas moins provoqué des dissensions au sein de la société colombienne. Certains, comme l'ancien président Alvaro Uribe, n'admettent pas que l'accord permette aux rebelles de se faire élire au Congrès et de ne pas purger la moindre peine de prison. L'accord doit encore être ratifié par un référendum, qui aura lieu dimanche prochain. Les sondages laissent penser qu'il sera entériné sans difficulté. Cap sur le référendum Les FARC, nées d'une révolte paysanne, ont disposé, au plus fort de leur lutte, de quelque 20 000 combattants. Les 7000 guérilleros que compte aujourd'hui le mouvement devront remettre leurs armes aux Nations unies dans les 180 jours. Les Colombiens se demandent comment les anciens rebelles s'intégreront à la société, mais la majeure partie d'entre eux estime que la paix apportera davantage de points positifs que de problèmes. Le conflit armé a fait plus de 250 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Au fil des décennies, il a impliqué différentes guérillas d'extrême gauche, dont l'Armée de libération nationale (ELN – Ejército de Liberación Nacional, guévariste), encore active avec 15 000 combattants, des milices paramilitaires d'extrême droite et les forces armées. L'ELN a annoncé dimanche une trêve unilatérale, jusqu'au référendum du 2 octobre.