Madiou Mohamed, Moh Lounès Madiou, pour les intimes, les proches et familiers, est une figure emblématique des personnalités et notables des vieilles et grandes familles Tizi-Ouziennes. Tout au long de sa vie qu'il a vécu pleinement auprès des siens, Il a marqué la vie de la cité, de la région et du pays dans plusieurs domau le jour un 31 Août 1915. Moh Lounès Madiou fréquenta l'école indigène de Tizi-Ouzou. Inscrit par son père aux cours supérieurs primaires, à l'école en bas (basse ville) dite Gambetta, il décrocha en 1927 son CEP (certificat d'étude primaire, version indigène et en 1928 la version européenne,. Ce diplôme lui a permis d'être admis à l'école primaire supérieure (EPS) qui ouvrit ses portes pour la prem1929. Cette école est fréquentée par l'écrivain Mouloud Feraoun, son aîné de deux ans, Ali Hammoutene, inspecteur des centres sociaux son cadet de deux ans tous deux assassinés par l'OAS un 15 Mars 1962. En 1932, Moh Lounès a achevé ses études et obtient le brevet élémentaire (BE) ; les indigènes qui arrivaient à ce niveau et l'obtenaient se comptaient sur les doigts d'une main. Cet unique établissement secondaire de l'époque rayonnait sur de toute la région de grande Kabylie, il est l'ancêtre du fameux collège moderne de Tizi-Ouzou devenu par la suite après l'indépendance le lycée Amirouche. Il a commencé très jeune à fréquenter les mouvements associatifs et sportifs, c'est ainsi l'année 1929, à l'âge de 14ans, il était l'un des plus jeunes témoins, de la création du premier club sportif de l'équipe de foot-ball dit indigène composé essentiellement par les autochtones de l'ancienne et vieille ville de Tizi-Ouzou dont l'acronyme était RCTO (Rapid Club Tizi-Ouzou). Auparavant ces jeunes s'adonnaient à la pratique du foot-ball dans les rues, organisaient un mini championnat inter- quartiers sous la houlette d'Ahmed Astouati, chaque quartier possédant sa propre équipe. Ainsi participaient les quartiers de Ain Hallouf, Lalla Saida, Tazegourt, Zellal, Ihammouténe et Tabnahlit. La jeunesse algérienne dite musulmane, qui eu le privilège et l'honneur de jouer ses premiers matchs, était composée dans sa totalité par des jeunes de la haute ville, ces pionniers avaient pour nom: les frères Mesbahi Said et Ramdane, les frères Rafai Mohamed et Hocine, Zemirli Said Omar Khelil, Korogli Ali Said, Harchaoui Omar, Souibes Rabah, Loukab Mohamed, Mekacher Amar, Boussad Ouamar, Mammar Mohamed, les cousins Hammoutene Abderezak et Mohamed, Belhadj Khelifa, Chabaraka Ahmed, Assas Hocine et le capitaine d'équipe Seghir Mohamed. Le club sera malheureusement dissous trois ans après, l'année 1932. Cette dissolution avait été vécue comme un déchirement par Moh Lounès Madiou, blessé dans son amour propre, il n'avait qu'une seule idée en tête, la création d'un nouveau club autochtone ; c'était un défi, il fallait le relever, surtout que la population coloniale occupant la partie basse de la ville avait depuis le début du siècle un club de foot-ball dénommé OTO (l'Olympique Tizi-Ouzou) créé en 1904 composé essentiellement d'enfants de colons et de quelques autochtones privilégiés. Ce club a disparu avec l'indépendance de l'Algérie en 1962. Mon Lounès Madiou une fois le sésame (BE) en poche, il débuta sa vie active, il n'avait que 17 ans. En 1936, il fait partie des circonscrits, le service militaire étant une obligation pour tout indigène dont la devise d'alors «les mêmes devoirs mais pas les mêmes droits «. Rendu à la vie civile deux ans après, il est rappelé en 1939, affecté au 18ème tirailleurs algériens. Fait prisonnier en juin 1940, il s'évade quelques mois après et rentre en Algérie. En 1941 il commence son activité professionnelle comme comptable au sein de l'office du blé à Tizi-Ouzou. Il se lia d'amitié avec le Dr Ouakli et l'avocat Hanafi Sidi Said fraîchement installé à Tizi-Ouzou. Après le débarquement des Américains en 1942, il fut de nouveau mobilisé dans le service de santé. À l'âge de 26 ans, il adhéra au parti politique de Ferhat Abbés l'UDMA (Union Démocratique du Manifeste Algérien), composé de notables de la ville de profession essentiellement libérale, en la personne du Dr Ouakli Ahmed, Zemirli Amar Akli Khelil commerçant, Ounnoughene Mohamed pharmacien, Hammoutene Arezki Amar, Feredj Mohamed, Chafai Mohamed, Mammar Said , Moula Said, Haouchine Slimane, Madiou Mohamed Lounès, Khiar Mohamed Ben Mohamed Ouamar, figurant et respectant l'ordre cité sur la liste électorale pour le conseil municipal de la commune de Tizi-Ouzou des 19 et 26 octobre 1947. De quoi pouvait-on discuter en cette période de colonisation si ce n'est des affres de guerre et des conditions socio-économiques catastrophiques pour la population indigène. Le sport constituait un des sujets essentiels pour cette jeunesse autochtone, ressource humaine et richesse de tout développement, de tout bien-être d'une société et fer de lance de la révolution armée de novembre 1954. Moh Lounès Madiou allait prouver ses capacités de meneur d'hommes et son sens aigu des relations humaines en sensibilisant et en faisant fédérer ses amis à l'idée de ressusciter, rappelez vous, le RCTO dissout 10 ans auparavant. Il fallait trouver un nouveau sigle à ce nouveau club indigène et un ancrage juridique à même d'éviter le piège d'un refus de la part de l'administration coloniale. Cet aspect relevait de la compétence de Maître Hanafi Sidi Said, sa disparition tragique, en juillet 1943 et la mobilisation de Moh Lounès Madiou la même année, son principal promoteur, n'a pas permis au projet de la société dénommée ASK (Association Sportive de Kabylie) d'aboutir et de se concrétiser. En 1945, à la fin de la deuxième guerre mondiale qualifiée faussement de libération, pire c'était l'année des massacres du 08 mai 1945 où 45000 algériens ont été tués sans sommation. Les autochtones essayaient tant bien que mal de s'organiser et d'adhérer dans les partis politiques existants en particulier l'UDMA et PPA et dans des associations culturelles, religieuses, caritatives, association des scouts musulmans algériens du groupe El Hillal de Tizi-Ouzou et bien sûr relancer et faire aboutir le projet de la création du club de foot-ball et d'autres disciplines. En cette année 1945, Moh Lounès Madiou a repris ses activités professionnelles de comptable et ses activités politiques au sein de son parti l'UDMA et il y avait un défi à relever et bien évidement, il fut relevé grâce à l'opiniâtreté, à l'acharnement, à la persévérance de quelques citoyens autochtones Tizi-Ouziens, au cœur vaillant tout est possible. Le club fut créé le 29 juillet 1946, l'acronyme de JSK, Jeunesse Sportive de Kabylie fût retenu. Gloire et éternité à ceux qui l'ont créé, Moh Lounès Madiou en fait partie avec comme prime le doyen vivant jusqu'à sa centième année, un siècle, ce 31 Août 2015. Moh Lounès Madiou accepte de prendre le poste de secrétaire général du club ce fut un 26 octobre 1946 suite à la démission de Mohamed Oumerzouk. Ali Benslama, Ahmed Haddadou, Rabah Metahri et Ahmed Ousmer élargiront le bureau. En 1947 les joueurs, pionniers de la JSK tous autochtones et originaires des quartiers indigènes de la haute ville avaient pour nom: S Boukhalfi, les deux frères Iratni, M Hammouche, MS Dris, S Hassoun, H Bouaziz, Lamdani, les trois frères Koufi, Moh Omar Zemirli, Moh chabane Korogli, A Rafai, M Mameche. La JSK entraînée par Ali Benslama fera sensation dés le début de saison enregistrant victoire sur victoire. En cette période, Moh Lounès avait des activités débordantes, sportive, politique et professionnelle, bien évidement le devoir familial, aussi importantes les unes que les autres. Les rencontres se faisaient en un seul endroit quand bien même étroitement surveillé, il s'agit du café familial appelé Kahouat el Kerma (café du figuier) situé au centre ville. Il fut la cible de l'administration coloniale et de plusieurs descentes de la police avec fermetures fréquentes, le plus souvent pour des motifs futiles. Il occupa le poste de secrétaire général de 1946 jusqu'à la fin de l'année 1951 et il restera membre de son bureau exécutif et conseiller du président jusqu'à l'arrêt en 1956 de tous les clubs musulmans sur instruction du FLN. L'année 1962, le 05 juillet ,l'indépendance acquise, la relance de la JSK s'est faite par quelques citoyens dont certains ont leurs noms gravés dans l'histoire du foot national et international pour ne citer que les noms de Abtouche Mansour, ancien goal et Hassan Hammoutene, arrière central ayant servi d'ossature du MCA avant bien sûr la création de la JSK, les deux joueurs étaient des amis inséparables liés dans la vie civile, dans leur vie sportive et dans leur vie familiale, tous deux nés et vécus au quartier Zellal de la haute ville. Le retour de ces deux «enfants prodigues « dans leur famille originelle et originale la JSK, était sans équivoque et ne prêtait aucune confusion. D'autres notables de la ville ont joué un rôle essentiel dans l'encadrement de l'équipe pour ne citer que les Belhocine Arezki et son fils Omar, Said Hassoun, Khelifa Belhadj. Ce club de «quartier» de Lalla Saida et des autres quartiers indigènes de la haute ville allait avoir une destinée des plus invraisemblables, des plus inimaginables, des plus prestigieuses grâce à la persévérance, la volonté, la rigueur dans l'effort soutenu, à l'esprit sportif incarnant la solidarité, l'entente fraternelle, l'esprit patriotique et le militantisme. Il avait comme principal guide et meneur Moh Lounès Madiou. En effet, à l'automne 1962, Moh Lounès Madiou est élu président du Comité Directeur, il allait présider au destinée du club qui gravit tous les échelons jusqu'à atteindre les sommets de la gloire avec tous les titres et coupes nationales et continentales qu'aucun club algérien n'a pu atteindre ou égalé. Quel destin a eu ce grand homme et quelle destinée à eu ce club dont la presque totalité de ses joueurs sont nés et habités le quartier de Lalla Saida, notre quartier ancestral devenu le club fétiche, le club symbole de toute une région, notre Kabylie dont le club est intimement lié à tout ce qu'elle représente tout ce qu'elle véhicule ,la fierté, la dignité, la particularité sociale, culturelle et linguistique, son identité dont une des plus belles chansons du grand poète et interprète Lounis Ait-Menguelet est un hymne à la Jeunesse Sportive de Kabylie au sens étymologique et à toute sa population au sens ethnologique. L'acronyme JSK est intiment lié à la révolution et ses acronymes politiques, FLN authentique et sa branche armée ALN au sein de notre wilaya III historique dont le fer de lance est constitué par sa jeunesse dont la moyenne d'âge était de 19 / 20 ans, dont le sport était un sacerdoce pour le corps et l'esprit. Ils étaient nombreux ceux qui ont répondu à l'appel et rejoint le maquis et ravis à la fleur de l'âge et rare ceux qui ont échappé à cette guerre impitoyable et son rouleau compresseur des différentes opérations militaires ou tous les moyens même non conventionnels tel que le napalm ont été utilisés. Les quelques rescapés ont réintégré à l'indépendance leur club la JSK pour évoluer dans le stade de la ville baptisé au nom d'un ancien joueur chahid de la révolution, le stade Oukil Ramdane. C'est ainsi que Moh Lounès Madiou fut choisi et plébiscité pour ses qualités de meneur d'homme, pour son sens de responsabilité constamment renouvelé et prouvé pendant son parcours de gestionnaire, de militant et ses relations humaines avec ses amis, ses proches et sa famille. La JSK d'antan, des quartiers indigènes s'était opposée à l'OTO et à l'administration ségrégationniste coloniale, la JSK post indépendance de toute la ville de Tizi-Ouzou la haute et la basse, des villages environnants voire d'autres régions d'Algérie a permis de réunir, de rassembler toute une région sous la même bannière, elle était notre fierté, l'honneur de toute la Kabylie le porte drapeau de toute l'Algérie, de renommée africaine et internationale. Malgré les turbulences et les difficultés qu'elle vit, en ayant une pensée à ceux qui comme Moh Lounès Madiou le dernier doyen vivant quelques jours avant son centenaire l'ont créée, organisée, disciplinée entretenue, développée, aimée, contribué à la mener au sommet de la gloire. Avant son dernier souffle, le sourire lui est revenu sachant que la JSK était sauvée et qu'elle continue son combat en première division, elle doit être la meilleure, la championne, et elle est le phénix qui renaît de ses cendres. La JSK était pour lui sa deuxième famille et les jeunes qui se sont succédés depuis plus de 70 ans et ils sont des milliers, il les encadrait, formait, éduquait, conseillait, soutenait, consolait et chérissait comme ses propres enfants, lors de l'hommage plus que mérité que la DJS de Tizi-Ouzou lui a chaleureusement rendu, il disait : «Pour nous, notre but unique était celui d'aimer, d'aider et surtout de propulser cette jeunesse car elle mérite beaucoup mieux.» Moh Lounès Madiou a vécu pleinement, toutes les étapes de sa vie, a assumé magistralement tous les principaux rôles, tâches et missions d'un homme qui a traversé le XXème siècle, qui a fréquenté, écouté les leçons de sagesse des hommes illustres nés la fin du XIXème siècle et a transmis son savoir et son savoir faire à la jeunesse du XXIème siècle. Il était le témoin et la mémoire de toutes les évolutions de la société algérienne dans le contexte de l'Algérie coloniale et post indépendance et de toutes les souffrances et sacrifices que cette population a enduré. Il fait partie de cette race d'hommes qui a su résister, lutter, persévérer et vaincre l'adversité. «Moh Lounès Madiou», ainsi nommé et appelé tous ceux qui le connaissent et reconnaissent ses valeurs et ses qualités, doivent plaider pour que ses deux prénoms et son nom dans leurs intégralités soient gravés sur le fronton du complexe sportif de la JSK authentique, la JSK éternelle de sa ville natale et sa région ancestrale. Baptiser le nouveau stade de la ville de Tizi ouzou Moh Lounes Madiou n'est que justice à ce père de la jeunesse sportive de Kabylie