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"Sans le penser, nous avons fait de la JSK un champion d'Afrique !" Ali Benslama (membre fondateur et premier entraîneur-joueur de la JSK en 1946) à "Liberté"
Si la Jeunesse sportive de Kabylie a fêté, avant-hier, 2 août 2016, le 70e anniversaire de sa création, l'histoire veut qu'il faille remonter jusqu'au 2 août 1946, soit une année seulement après la fin de la Seconde Guerre mondiale, où de jeunes sportifs de Tizi Ouzou avaient décidé de créer leur propre association sportive. Il est vrai qu'en ces temps difficiles, ce n'était guère une chose aisée que de lancer un club sportif en Kabylie tant l'administration française de l'époque privilégiait par-dessus tout le monopole du club colonial, l'Olympique de Tizi Ouzou (OTO) et redoutait, de plus, la création de clubs musulmans considérés beaucoup plus comme des écoles de nationalisme et de patriotisme. Et si les pionniers de la belle époque qui ont réussi à donner naissance à la JSK, club fédérateur de toute la jeunesse de Kabylie, ne sont plus de ce monde, à l'image des regrettés Ouakli Saâdi, Nouri Mohamed Saïd, Belhocine Rezki, Oumerzouk Mohamed, Abbas Hamouda, Mesbahi Ramdane, Berdjani Amar sans oublier le légendaire arrière central Boualem Iratni. Le dernier des "historiques de la JSK" a pour nom Ali Benslama, un sage de la ville des Genêts qui est toujours en vie et garde toute sa lucidité et sa mémoire. Né le 12 décembre 1924 à Tizi Ouzou, cet ancien chef scout du groupe "El-Hillal" de Tizi Ouzou et ex-directeur de l'hôpital Mohamed-Nédir de Tizi Ouzou se souvient comme si cela datait d'hier, de la naissance de ce petit club d'autrefois devenu, au fil du temps, comme l'un des plus grands clubs algériens à la renommée nationale et internationale bien établie. Et à 92 ans bien portés malgré quelques petits soucis de santé, "Da Ali" nous reçoit aimablement chez lui pour remonter la machine du temps et revisiter l'histoire fabuleuse du club kabyle. "Après les premières tentatives de création du Rapid Club de Tizi Ouzou (RCTO) en 1928 puis de l'Association sportive de Kabylie (ASK) en 1944, malheureusement vouées à l'échec à cause de l'hostilité de l'administration française qui ne voulait pas entendre parler de clubs musulmans, nous étions plusieurs jeunes Tizi-Ouziens de l'époque à relancer le projet pour donner naissance à la JS Kabylie", se souvient Ali Benslama. Dans la lancée, il tient même à préciser que "l'idée est finalement partie d'une dispute, survenue au vieux stade ‘Weimann' de Tizi Ouzou, entre un joueur de l'OTO qui s'entraînait avec son équipe et qui voulait chasser des lieux un jeune autochtone qui effectuait des tours de piste pour son propre plaisir. Cet incident avait alors fait le tour de la ville et a été en sorte l'étincelle pour relancer le vœu cher à toute la population, à savoir la création d'un club omnisports que nous avions alors appelé Jeunesse sportive de Kabylie, créé officiellement le 2 août 1946 comme le confirme le Journal officiel de l'époque". Ali Benslama avoue que la tâche n'était guère aisée face aux nombreux obstacles dressés par l'administration française. Et à la question de savoir si les dirigeants de l'époque pensaient que le club kabyle allait connaître une double dimension nationale et internationale, Ali Benslama ouvre des yeux gros comme ça et pousse un "Oh, non !" plein d'humilité et de fierté. "Notre premier objectif était de fédérer toute la jeunesse de Kabylie et de lui donner un cadre approprié pour faire du sport mais aussi pour poser les jalons d'une école de nationalisme et de patriotisme, ce que redoutait justement l'administration française. Grâce à la mobilisation de la population qui était derrière nous et à la vaillance des premiers dirigeants de l'époque, la JSK se lança fièrement dans la compétition officielle à partir de la saison 1946-1947 pour cesser toute activité sportive, comme tous les clubs musulmans, à l'appel du FLN, en 1956 et Dieu merci, il y eut des hommes qui ont repris, majestueusement, le relais après l'Indépendance pour lui donner ses lettres de noblesse et sa notoriété sur le double plan national et continental", conclut Ali Benslama qui, aujourd'hui, se dit fier du palmarès fort élogieux de la JSK qui a fêté cette semaine, son 70e anniversaire, tout en regrettant cependant que "le football actuel soit malheureusement gangrené par l'argent alors que tous les milliards dépensés à tort et à travers auraient pu être investis dans le sport de masse et la prise en charge effective des activités et loisirs des jeunes". Autres temps, autres mœurs, n'est-ce pas ? Mohamed HAOUCHINE