Tiaret a célébré, hier, avec émotion, le deuxième anniversaire du décès de l'ex-président du Haut Comité à l'amazighité (HCA), Mohamed Idir Aït Amrane, en baptisant un établissement fondamental, nouvellement réceptionné, en son nom, à la cité Erahma. La cérémonie, organisée officiellement par la wilaya, l'APC du chef-lieu et la direction de l'éducation, a été symbolique avec l'inauguration d'une grande plaque érigée sur le fronton du CEM, la lecture en français, arabe et tamazight d'un extrait de la biographie non sans la prononciation de courtes allocutions par le wali, le secrétaire général du HCA et celle, plus émouvante, de sa fille Sekoura, venue dès l'aube depuis Aïn Defla, tout autant que l'épouse et les frères, pour assister à l'heureuse initiative. Le responsable du HCA, en marge de cette cérémonie, a tenu à rappeler que « l'enseignement de tamazight à l'Ouest est presque nul après la tentative timide à Oran ». Une situation qui le poussera à « demander aux responsables concernés de s'y pencher à l'effet de permettre son enseignement par l'ouverture d'une classe » dans ce CEM qui porte, désormais, le nom du militant de la noble cause amazighe et son pendant, la généralisation de tamazight, qui connaît, par ailleurs, selon notre interlocuteur, une avancée considérable puisque, renchérit-il, « pas moins de 85 000 élèves étudient cette langue » qui reste, cependant, « facultative bien qu'elle figurera prochainement parmi les épreuves du BEF ». C'est un autre verrou pour la promotion de cette langue, pour laquelle avait longuement milité le défunt Aït Amrane, n'a-t-il cessé de ressasser. Brahim Mered a tenu, lui, à avancer l'idée de l'organisation, dans un futur proche, d'un colloque consacré à Aït Amrane pour faire connaître l'homme dans sa dimension sociale, politique et historique, dans une ville qui l'avait longtemps couvé. Quel beau geste de fraternité que de voir Sekoura, la fille aînée d'Aït Amrane, tomber dans les bras du maire, Mohamed Amine Hallouz, en ajoutant du piquant à l'ambiance en déclarant que le défunt était un altruiste qui aimait les pauvres. Son rôle au PPA et au FLN, de directeur de l'Académie de Tiaret, de préfet d'El Asnam et bien d'autres péripéties ne furent pas des moindres, deux années jour pour jour après son enterrement, un premier novembre, en présence de plusieurs personnalités politiques nationales et d'humbles citoyens. Mohamed Idir Aït Amrane, né un certain 22 mars 1924 à Tikidount, dans la commune des Ouacifs, à Tizi Ouzou, s'est rendu célèbre par le poème Ekker a miss oumazigh et avait animé avant son accession au HCA, une institution dépendant de la présidence de la République, des conférences au summum de la crise née du boycott scolaire déclenché par le Mouvement culturel berbère en Kabylie et plaider la reconnaissance de la langue et de la culture amazighes. Avant de s'éteindre, le dimanche 31 octobre 2004, sur son lit d'hôpital à Oran, le défunt aura cette joie de voir l'introduction de tamazight dans le système éducatif, et Tiaret, à travers certains de ses enfants, qui reconnaissaient le combat de l'homme, avait consacré, au terme du premier anniversaire de sa mort, un colloque en hommage à titre posthume.