Les craintes nourries par le large public avant le début de cette nouvelle aventure des éliminatoires de Coupe du monde se sont avérées fondées. L'ambiance d'avant-match entourant Algérie-Cameroun n'avait aucune similitude avec les précédentes campagnes de qualification. Intervenant dans l'immédiateté des éliminatoires de la Coupe d'Afrique, la mobilisation autour d'un événement aussi considérable que la phase qualificative à la coupe du monde n'était pas de mise. Sans le faire paraître, l'équipe nationale traînait quelques contradictions internes qui ne faisaient pas bon ménage avec la redoutable adversité à laquelle le sort l'avait désignée. Baignant dans l'euphorie de quelques «cartons» généreusement distribués à des formations africaines de seconde zone, notre ambassadeur du football faisait face, depuis peu, à quelques insuffisances d'ordre technique. Car on ne prépare pas des confrontations face au Cameroun et bientôt contre le Nigeria comme on s'en va guerroyer du côté de la Tanzanie ou du Lesotho. Ce match est intervenu en début de saison, au moment où des joueurs sont encore incertains sur le sort qui leur est réservé dans leur club respectif. Certains sont certes titulaires, tandis que d'autres usent le fond de leur short sur les bancs de touche. D'autres encore relèvent de blessures récentes, comme il y en a qui, en mal d'adaptation, manquent de temps de jeu pour espérer être compétitifs à un haut niveau. L'entraîneur des verts, Milovan Ravejac, aurait dû avoir la présence d'esprit de recadrer le groupe en le préparant à une attitude plus motivante, plus agressive et tenant compte de la valeur de l'adversaire du jour. Même si aujourd'hui les camerounais ne sont plus les Lions Indomptables d'hier, il n'en demeure pas moins qu'ils restent redoutables par leurs qualités physiques et techniques innées. Ajoutées à la connaissance dont ils on été probablement instruits du jeu et des joueurs algériens, ainsi qu'à la rigueur tactique à laquelle ils se sont astreints, il n'en fallait pas plus pour décontenancer la pimpante équipe d'Algérie que nous connaissions, mais qui ne l'était pas avant-hier soir à Blida. Une défense musclée et très aérienne assez sécurisante pour le gardien Ondoa, un milieu opaque mais cohérent et, à partir de là, des accélérations offensives plus que dérangeantes pour l'arrière-garde algérienne : le 4-5-1 camerounais allait, au fil du temps, imposer la force de sa loi, particulièrement au cours de la seconde mi-temps. En face, les ex-mondialistes brésiliens n'étaient visiblement pas dans les dispositions physiques, techniques et tactiques pour assurer un ascendant constant et pesant sur les joueurs ouest-africains. Passée l'euphorie du rapide premier but (6') que d'aucuns espéraient, dans la lancée, inaugurant une série d'autres réalisations, les algériens prendront un coup sur la tête après la rapide égalisation de Moukandjo (23'). Après ça, les Lions Indomptables remonteront progressivement la pente pour neutraliser leurs hôtes et devenir plus menaçants. Agressifs, rapides, physiques et techniques, ils neutraliseront les verts au milieu du terrain en coupant tous les relais du jeu collectif national. Il était visible aux yeux des téléspectateurs que nous étions que l'isolement de Mahrez, la timidité et l'individualisme de Boudebouz, le repli stratégique d'un cran de Taïder (Guedioura s'attelant avec succès a un rôle quasi défensif juste devant les arrières centraux) allait couper les réseaux de transmission vers les attaquants Slimani et Soudani très éteints par la suite à la pointe du combat. Ce combat a été perdu sur terre, mais aussi dans les airs du fait que les Algériens n'ont quasiment piqué aucune tête à leurs adversaires, que ce soit dans le camp camerounais ou, plus grave, à l'intérieur même de la surface de M'bolhi. Malgré les apports tardifs de deux remplaçants d'expérience (Brahimi, Feghouli) et d'un autre de valeur (Ghezzal), la résignation s'était déjà installée côté algérien : les verts ne pouvaient prétendre à un meilleur sort tant la machine à gagner des heures glorieuses avait d'inquiétants ratés. Faut-il désespérer pour autant ? C'est le football, diriez-vous, et en football tout est possible. Certes. Mais les réalités de l'EN version Rajevac laissent place à quelques doutes. D'abord, elles sont liées à la nature même de la personnalité de cet entraîneur intervenu dans le sillage du déserteur démotivé et ingrat (il s'est fendu dans un journal français de propos amers sur l'Algérie) qu'a été Christian Gourcuff. Le néo-coach national, c'est un avis personnel, ne semble pas jouir de l'expérience nécessaire pour faire atterrir sa troupe dans un aéroport russe au début de l'été 2018, même s'il y a longtemps il a pu mener une valeureuse équipe ghanéenne en coupe du monde 2010. Au chômage pendant cinq longues années, il a repris du service donc tout récemment. A-t-il les coudées franches pour mener à terme son contrat et affirmer son objectif de mener l'équipe d'Algérie en terre russe ? Ses deux prédécesseurs à ce poste se sont plaints d'interférences douteuses mettant à mal leur autonomie de gestion technique de l'équipe de la part de certains officiels nationaux… L'autre aspect négatif est lié à la nature même de cette entame ratée des Algériens. Les équipes engagées dans ce groupe de la mort ne devaient souffrir d'aucun faux départ. L'on peut dire que pour la Zambie, les chances d'aller au mondial 2018 sont très étriquées après la défaite des «Chipopolos» à Lusaka face au Nigeria (1 à 2). Que reste-t-il à l'Algérie pour se remettre très vite en course ? Un mauvais résultat le mois prochain au Nigeria serait catastrophique. Pour redresser très vite la barre, les verts ont besoin d'un succès immédiat le 12 novembre à Uyo (sud du Nigeria). Ont-ils les capacités pour réussir ? Non. Les joueurs algériens ne jouissent pas d'un esprit compétiteur pour prétendre renverser la vapeur dans la rude bataille qui s'annonce. Pour cela, la valeur intrinsèque ne suffit pas. Il faut des capacités physiques et mentales extraordinaires pour surmonter la pression que nous ont toujours imposée les Nigérians à l'intérieur de leurs bases depuis la victoire historique du début des années 80' qui nous avait propulsés au mondial espagnol. Aujourd'hui, les données ne sont pas les mêmes. Le mental non plus…