Dans quelques jours, la capitale accueillera un imposant forum économique Algérie-Afrique. Le pays présentera au reste du continent noir ses ambitions pour une meilleure coopération commerciale. Alger souhaite donner du punch aux échanges interafricains avec, en ligne de mire, un intérêt naissant pour le métier de l'exportation, tant il est question de quêter d'autres sources de devises pour se substituer aux recettes pétrolières nettement en baisse. Lequel projet dépendra néanmoins dans une large mesure de la capacité de l'Exécutif à passer de l'étape des discours à celle des travaux pratiques. Car l'étape suivante consistera à mettre en œuvre une série d'instruments conformes aux objectifs affichés. En termes plus clairs, les investisseurs potentiels et les entreprises veulent être accompagnés et tranquillisés dans cette œuvre d'exportation. Le risque pénal pendait comme une épée de Damoclès au-dessus des la tête des opérateurs, si rares à s'investir sur le chemin périlleux de l'exportation. S'ajoute à ce risque pénal le danger de se voir envoyer au poteau en cas de non-recouvrement d'une créance sur un client étranger. Lequel risque commercial se révèle une véritable corde au cou de part les tracas auxquels seront confrontés les exportateurs. D'autant plus que les possibilités de financer les contentieux de recouvrement ou les opérations de poursuites à l'étranger n'existent pas sur les devises des banques. Elles ne sont pas non plus justifiables par les devises du marché parallèle, «une véritable toile qui dissuade les exportateurs», commente Ferhat Aït Ali, analyste financier. Une question qui renvoie à une réglementation dissuasive de la Banque d'Algérie qui n'a cessé de faire bondir les professionnels de l'exportation. «La réglementation des changes nous bloque. Il est incohérent que dans la matrice de la réglementation de la Banque d'Algérie il y ait 14 articles de loi consacrés à la régulation de l'importation et 19 à celle de l'exportation. La réglementation est moins contraignante pour les importateurs que pour les exportateurs. Il faut que l'acte d'exportation devient par-dessus tout rémunérateur», tempête Ali Bey Nasri, président de l'Association des exportateurs algériens, intervenant sur les ondes de la Radio algérienne. En dépit des discours et des quelques avancées constatées sur le terrain douanier, les chefs d'entreprise peinent à concevoir l'exportation comme un métier sans risque. C'est une véritable source de problèmes. «Ce déploiement africain est une voie de moyen et long termes. Parce qu'elle nécessite, d'abord, la mise en place de tous les instruments qui permettent le déploiement africain», explique Slim Othmani, président du conseil d'administration de NCA-Rouiba, rencontré lors d'un forum France-Afrique, tenu récemment à Paris. La Banque d'Algérie n'encourage point l'acte d'exporter, estime Slim Othmani, qui relève un fossé qui sépare le discours officiel et les agissements de l'administration. Mais il n'y a pas, tout compte fait, que la Banque centrale qui s'érige en parfait écueil face aux exportateurs, tant il est vrai que tout reste à faire dans ce domaine. «Nous sommes un des rares pays qui ne dispose pas encore d'instruments d'aide et d'accompagnement à l'exportation», relève le patron de la NCA-Rouiba. Il fait allusion à l'absence de fonds d'aide à l'export, d'instruments de financement, de garantie et d'assurance, l'absence de logistique… Ces déficits ne sont guère surprenants dans un pays qui importe presque tout. Durant toutes ces années de pétrole cher et de recettes abondantes, l'exportation apparaissait rarement comme un ambitieux projet. Preuve en est que 10 exportateurs sur les 700 recensés réalisent 97% du chiffre d'affaires à l'export. L'Exécutif, sous pression d'une économie en manque de devises, a fini par tout miser sur l'exportation et l'Afrique, mais il convient de se rendre à deux évidences selon lesquelles l'Afrique n'est plus un terrain en jachère et tout n'est pas encore prêt pour faire de 2017 l'année de l'exportation.