Après une jeunesse partagée entre l'Europe, le Moyen-Orient et l'Amérique, Lakhdar Benkoula est rentré au pays avec ses valises pleines de livres avec pour but de contribuer à l'essor culturel de son pays. Sa librairie, sise rue Ahmed Ibn Cheikh, bien que peu spacieuse, est une caverne d'Ali Baba comme se plaît-on à l'appeler. Pourquoi avez-vous décidé d'ouvrir une librairie ? Depuis tout petit, je rêvais d'avoir un jour ma propre librairie. Mais, aussi, parce que j'avais des livres scientifiques que j'avais ramenés pour moi et que j'ai décidé, après avoir visité les librairies algériennes et vu le contenu qu'ils proposaient, de partager avec tout le monde. Est-ce que l'on trouve les traces de vos voyages à travers vos livres proposés ? Absolument ! J'ai quitté l'Algérie à l'âge de 19 ans pour aller faire des études en philosophie politique à Paris où j'étais abasourdi par l'engouement des gens pour la lecture. Après, j'ai travaillé au Golf d'où j'ai pu ramener avec moi environ 2 000 livres très importants dans le domaine universitaire. Ensuite, j'étais aux Etats-Unis où j'ai même travaillé dans le secteur livresque. En somme, la plupart des livres qui se trouvent dans ce lieu ont une histoire autre que celle écrite à l'intérieur. Vous affirmez que vos livres ne sont disponibles nulle part ailleurs et que l'on vient chez vous des quatre coins du pays ? En effet, en documentation concernant la littérature et les civilisations américaine et anglaise, je peux vous assurer que je suis le seul qui propose des livres qui traitent du sujet d'une manière approfondie contrairement aux autres livres proposés qui ne sont en réalité que des introductions dans la matière. Concernant les visiteurs de cette librairie, effectivement, des étudiants universitaires, notamment des doctorants, viennent de tout le pays pour trouver la documentation dont ils ont besoin. Qu'est-ce qui fait qu'aujourd'hui Mostaganem souffre d'un manque de librairies ? Actuellement, il n'y a que deux librairies qui se partagent toute la population mostaganémoise et c'est très peu. Mais concernant le manque des librairies, je pense que c'est un problème national. A Oran, par exemple, le nombre des librairies n'est pas en adéquation avec sa population et le nombre de ses étudiants. Si vous voyez du côté de la cité Millenium qui abrite désormais une grande population, vous ne trouverez pas une seule librairie. Idem, à Alger, du côté de Bab Ezzouar. Heureusement qu'il y a aujourd'hui des effets de mode boostés par les réseaux sociaux qui font que les jeunes lisent davantage Guillaume Musso, Marc Levy ou Paolo Coehlo, mais ça reste un déclic qui pourrait faire revenir nos jeunes vers la lecture. A noter que, mis à part les livres d'édition locale, Lakhdar Benkoula autorise les étudiants à venir à la librairie pour se documenter et prête des livres, et ce, sans pour autant les vendre afin de permettre à davantage de monde d'en profiter car ces ouvrages ne sont pas disponibles en plusieurs exemplaires.