Une catastrophe écologique n'est pas à écarter. La question de la protection du littoral a revêtu par conséquent une importance croissante, compte tenu de la préoccupation générale exprimée par les habitants de la commune, face à une situation jugée des plus alarmantes. L'existence de deux stations de relevage, dont le rôle consiste à collecter les eaux usées, puis les refouler vers une station d'épuration pour leur traitement, n'a pas réglé le problème pour autant. La principale station de la commune, réalisée en 1996, est implantée au niveau de la plage Aïn El Beïda (les Falaises) et la secondaire est située à Haï Chouhada, sur la route de Déca-Plage. Les deux stations ne sont cependant pas fonctionnelles. Pourquoi ? Boualem Hadjidj, chef de service assainissement au niveau de la direction de l'hydraulique et de l'économie de l'eau, s'explique : « Le raccordement de la station de Haï Chouahada au collecteur des eaux usées n'est pas encore réalisé. C'est la nature du terrain qui pose problème. Un changement d'itinéraire a été fait et les travaux de réalisation du raccordement sont en cours. La mise en service de la station de relevage de Aïn El Beïda a nécessité la réalisation d'une conduite de refoulement des eaux usées vers la station d'épuration de Reghaïa en passant par Heuraoua. » Ce projet, assure M. Hadjidj, est quasiment achevé. Actuellement, il reste un tronçon de 30 m à réaliser pour livrer l'ouvrage et la station aux services de la Société des eaux et d'assainissement d'Alger (Seaal) pour son exploitation. Mais cela fait près de deux ans que les travaux de réalisation de la canalisation restante ne sont pas encore engagés. La raison ? « Deux familles se sont installées sous des tentes sur le tracé du projet, aux environs de la salle omnisports de Aïn Taya, à l'entrée des chalets abritant des sinistrés du séisme du 21 mai 2003. Au moment du démarrage des travaux du chantier, ces deux familles n'étaient pas là », assure M. Hadjidj. Selon ce responsable, ce sont les autorités locales qui doivent « prendre en charge » ce problème. Dans des cas pareils, le principe est que le maire de la ville réquisitionne les services de sécurité pour libérer les lieux et permettre la continuité des travaux. La gendarmerie, indique-t-on, a intervenu, mais sans résultat. C'est le maire de Aïn Taya, M. Rih, qui le précise : « les deux familles sont inscrites sur la liste de bénéficiaires des logements sociaux de la commune. » Leur relogement effectif est une autre histoire. Au-delà de ce fait qui sort de l'ordinaire, au niveau de l'Apc, on pose un autre problème : celui de l'ancienne canalisation de refoulement qui n'est pas fonctionnelle. « A chaque essai, la canalisation explose », assure-t-on. Les premiers essais, ajoute M. benyounès, secrétaire général, ont révélé ses imperfections. Même la livraison de la station ne fait pas l'unanimité. Lors de la réception du projet par les services de l'hydraulique de Boumerdès, indique M. Aliouet, premier vice-président, on a constaté de « graves défauts », en particulier le fait qu'on n'ait pas respecté les normes au niveau du rejet principal par rapport au diamètre et à l'inclinaison qui devait permettre un écoulement de 0,46m3/seconde au minimum. Actuellement, un véritable cours d'égouts, avec un important débit, finit en mer aux environs de la station. Ce rejet principal se situe à un niveau inférieur par rapport à la station de relevage, ce qui pose, avance-t-on, le problème de son raccordement. Selon M. Taïbi, subdivisionnaire de l'hydraulique de Dar El Beïda, territorialement compétent, l'ouvrage a été réalisé sous la responsabilité de la direction de l'hydraulique de la wilaya de Boumerdès, avant que la station ne dépende d'Alger avec la création, en 1997, du gouvernorat. M. Taïbi rejette toutes les anomalies soulevées par les responsables de l'Apc de Aïn Taya quant à la réalisation de la station dans les normes. Toutefois, le subdivisionnaire parle avec précision au sujet de l'ancienne canalisation : « Le projet a été réalisé avec des matériaux non adéquats », reconnaît-il. S'agit-il d'un défaut technique ou d'un manquement aux règles en vigueur dans la réalisation de ce genre d'ouvrage ? M. Taïbi se contente de dire que ses services ont apporté « un plus » : la conduite de refoulement a été transformée en conduite gravitaire (collecter les eaux usées des ménages pour les rejeter en mer). La non-exploitation de la station, depuis dix ans, a affecté le matériel. La corrosion et la rouille ont eu raison des installations. Finalement, tout le monde a perdu dans cette affaire : l'Etat en engageant de nouveaux budgets, l'environnement avec d'importantes quantités d'eaux usées se déversant dans la mer et les habitants, notamment ceux de Sufrane, confrontés aux odeurs nauséabondes avec tous les risques que cela présente sur la santé publique. La ville de Aïn Taya, avec son charme et ses potentialités touristiques, ne mérite pas cet état de fait.