Le Musée du Bardo d'Alger accueille du 29 septembre au 31 octobre une exposition consacrée exclusivement au concept de la transgression. Douze artistes algériens et étrangers, chacun dans sa spécialité, livrent des travaux inédits. On retrouve ainsi Mazia Djab, dans la photographie & peinture murale, Mo' Mohamed Benhadj, dans une live performance, Albert Coma Bau, dans une peinture & installation (Espagne), Amel Benmohamed, dans la photographie (Algérie), Amine Aitouche, dans une peinture murale (Algérie), Hind Faïza O, dans la photographie (Algérie), Claudio Burei, dans l'installation (Italie), Elena Bellantoni, dans la vidéo art ( Italie), Giuliana Bellini, dans l'installation (Italie), Mounir Fatmi, dans une installation, peinture murale & photographie (Maroc), Ulla Karttunen, dans une installation (Finlande), Valentina Fernandes, dans une vidéo art (Allemagne / Italie). Pour l'une des organisatrices, Mazia Djab, la transgression permet de détruire pour mieux reconstruire. La transgression n'est pas juste un chaos, mais un mode de fonctionnement. Mazia Djab dévoile une œuvre imposante, laquelle est la résultante d'un travail étalé sur plusieurs années. A travers la physionomie d'un jeune homme, sapé élégamment, tout de noir, mains derrière le dos, mais dont la tête est recouverte d'une capuche, l'artiste dévoile les concepts du penseur Ibn Arabi dans le texte «Les chatons de la sagesse». L'œuvre en question est rehaussée, de part et d'autre, par des caractères calligraphiques noir sur fond blanc. Mazia Djab explique que c'est le langage humain qui nous permet de communiquer et de créer. «Parallèlement l'être, c'est le langage divin. La pensée arabe fonctionne différemment que la pensée occidentale. C'est ce que j'ai voulu mettre en exergue dans la pensée d'Ibn Arabi. Chaque être a son originalité et il est unique. C'est lui qui va créer le monde». La Finlandaise Ulla Karttunen est une artiste connue pour son penchant multidisciplinaire. Pour cette escale à Alger, elle expose une robe de mariée intitulée «Donna Criminale» réalisée à partir d'une centaine de mètres de rouleaux de papier hygiénique. Le cou, dépourvu de tête, est fixé en élévation, laissant admirer l'ensemble des facettes de cette robe blanche, à la découpe bien fantaisiste. Hind Faïza, spécialisée dans «le visual artist», propose des clichés immortalisés lors d'un spectacle chorégraphique intitulé La trochoïde, donné durant le Ramadhan dernier, signé Ahmed Khemis. Elle indique qu'elle a choisi sciemment de prendre en fragments des hommes qui dansent, tournoient et gesticulent et les étaler sur le buste d'une femme, symbole de réconfort et de bien-être pour l'enfant, mais de luxure pour d'autres. Et pourvoir ainsi ces images d'un sens nouveau. Ici, ces hommes ne dansent plus, pas moins qu'ils aspirent à séduire la femme, mais tous leurs bras et leurs mains incarnent ce sentiment de convoitise. La proie : ce buste d'une femme. Le titre donné à cette œuvre «Hab chebab» fait référence, selon elle, «à ces boutons qui fleurissent sur la peau à l'âge ingrats de l'individu». Et certains éternels adolescents. Pour résumé, ces images détournées font fonction de «peau de colle».