La caprification, un procédé cher à nos figuiculteurs. De la fin juin jusqu'à la fin juillet, on accroche sur les figuiers, par paires ou plus, des figues mâles, qu'on appelle en Kabylie Dokkar, rares, impropres à la consommation et reconnaissables à leur couleur jaune et leur aspect sec et dur. Un insecte, appelé scientifiquement Blastophaga, apporte sur ses ailes du pollen à partir des fleurs femelles de Dokkar pour féconder la figue femelle, qui grossit dès juillet et devient charnue et riche en akènes (les grains qu'elle contient). Dokkar détient-il une partie du secret de la bonne qualité de nos figues ? Il y a des raisons de le croire. «Dokkar n'est pas utilisé en Turquie et il est interdit en Italie», nous informe le président de l'APF de Béjaïa. «Ils ne le connaissent même pas», précise Achat Hachemi, de la Direction des services agricoles de Béjaïa (chapeautant le programme de labellisation) qui a eu à visiter des figueraies italiennes. Pour l'avoir consommée, la figue de Cosenza (au nom protégé AOP), au sud de l'Italie est, atteste-t-il, beaucoup moins riche en akènes que celle de Beni Maouche. De nos jours, le caprifiguier se fait rare et cher. Les exploitants des figueraies des Ath Imaouche l'achètent à 2000 DA la centaine de paires chez des agriculteurs de Bouhamza qui se sont spécialisés en la matière, aidés par les conditions climatiques qui se prêtent à la culture de caprifiguiers dans leur région qui s'élève à 400 mètres d'altitude. La production actuelle de caprifiguiers ne semble pas à même de satisfaire une demande qui sera, à coup sûr, encore plus importante. L'avenir de la figue de Beni Maouche dépend du Dokkar.