L'opération militaire israélienne « Nuages d'automne » lancée mercredi avant l'aube dans le nord de la bande de Ghaza s'est avérée comme l'une des plus féroces ayant visé cette partie de cette enclave palestinienne. Hier, à l'aube et tard dans la soirée de jeudi à vendredi, l'armée israélienne a frappé en dehors de la localité de Beït Hanoune qu'elle occupe depuis mercredi. Dans deux raids aériens, le premier au camp de réfugiés de Jabalia au nord de la ville de Ghaza, trois Palestiniens, un militant du Hamas et deux civils ont été tués. Quatre membres des brigades Ezzeddine Al Qassam, la branche armée du Hamas parmi lequel Aâmar Mouchtaha, un commandant local de ce groupe armé, ont été tués dans leur véhicule complètement carbonisé par une roquette air-sol, au moins, dans le quartier populeux de Chedjaïya, à l'est de la ville de Ghaza. Le bilan provisoire de l'opération « Nuages d'automne » est de 26 morts dont des civils et des résistants, et 3 femmes. Le nombre des blessés dépasse les 100, dont une dizaine de cas, ont été qualifiés de très graves. Par ailleurs, plus de 100 personnes ont été arrêtées à Beït Hanoune où se concentre l'offensive israélienne et emmenées par camions militaires. « Je ne doute pas que la vaste majorité d'entre-elles seront autorisées à regagner librement leurs foyers », a déclaré une porte-parole de l'armée. Cette rafle, l'une des plus importantes opérées à Ghaza depuis des années, « vise à éviter les frictions et à réduire le nombre d'échanges de tirs », a-t-elle assuré. Ces déclarations, qui sous-entendent que l'armée israélienne ne cible que les éléments armés, ne concordent nullement avec les témoignages des habitants de la localité de Beït Hanoune occupée et assiégée de toute part par les troupes israéliennes qui font part de plusieurs cas d'assassinats de sang-froid par des snipeurs postés sur des toits et aux fenêtres de maisons transformées en casernes militaires. Au moins un adolescent de 15 ans et un vieillard de 75 ans ont été tués à l'intérieur de leurs domiciles, tous les deux atteints au cœur. D'un autre côté, des dizaines d'hommes armés ont réussi à sortir indemnes de la mosquée El Nasr dans laquelle ils s'étaient retranchés, après une nuit d'accrochages armés avec les forces israéliennes qui encerclaient le secteur. Parmi des centaines de femmes qui se sont interposées entre la mosquée et les forces israéliennes, une a été tuée et plus de dix autres ont été blessées. L'une d'entre-elles a été atteinte d'une balle dans la tête, tirée par un sniper. Deux autres groupes d'hommes armés sont toujours assiégés dans deux maisons limitrophes de la mosquée en question, rasée par la suite par des bulldozers de l'armée. La machine de guerre israélienne empêche les médias de pénétrer dans la localité de plus de 30 000 habitants, privée de courant électrique depuis le début de l'agression. Les soldats israéliens continuent, aussi, à interdire les équipes médicales de secourir les blessés et poursuivent leur siège de l'unique hôpital dans le secteur. Ils exigent que lui soient remis les blessés hospitalisés. Le président palestinien Mahmoud Abbas a « fermement condamné le massacre israélien » à Beït Hanoune. Au cours d'un entretien avec l'émissaire américain au Proche-Orient, David Welch, jeudi à Ramallah, il a « demandé à l'administration américaine d'intervenir pour faire cesser cette agression ». Il avait appelé, mercredi, la communauté internationale « à intervenir rapidement pour faire cesser ces agressions et empêcher une nouvelle détérioration de la situation dans la région ». A Ghaza, le Premier ministre Ismaïl Haniyeh, qui s'adressait jeudi soir à des milliers de personnes rassemblées près du conseil législatif palestinien, en soutien avec la population de Beït Hanoune, a affirmé : « Nous leur disons (aux Israéliens) : vous avez échoué à briser la volonté (palestinienne) et à modifier le projet politique (du Hamas) avec le siège injuste. Vous échouerez dans votre option terroriste et militaire. » Cette intensification des opérations militaires israéliennes intervient afin de brouiller les cartes sur le plan de la formation d'un gouvernement palestinien d'union nationale. Les opérations militaires israéliennes laissent planer le doute quant au désir réel d'Israël d'aboutir à une solution de cette affaire utilisée, depuis plus de trois mois, comme prétexte à ses agressions répétées contre la bande de Ghaza.