Israéliens et Palestiniens s'apprêtent à retourner à la case départ, celle qui a précédé les arrangements de Charm El Cheikh, en Egypte, conclus entre le président palestinien, Mahmoud Abbas, et le Premier ministre Israélien, Ariel Sharon, le 8 février dernier. Ce jour, un arrêt des violences, des deux côtés, fut décidé, afin de donner une chance au processus de paix, de voir enfin le jour, après plus de 4 années d'Intifadha, marquées par une forte répression israélienne contre les populations palestiniennes. Durant cette période, près de 4000 palestiniens et 1000 Israéliens ont péri. Pour la première fois depuis le 8 février, l'armée israélienne a repris, mercredi, ses attaques aériennes contre des militants palestiniens. Un drone (avion sans pilote) a lancé une roquette air-sol contre un groupe de palestiniens à Khan Younès au sud de la bande de Ghaza. Ahmad Chahouane, 23 ans, militant du Hamas, a été tué lors du raid ainsi qu'un autre militant. Cet incident est survenu quelques heures après la mort d'un autre militant du Hamas, juste avant l'aube à Raffah, près de la ligne frontalière entre l'Egypte et le sud de la bande de Ghaza. Mais il ne faut surtout pas croire que ce sont les deux premiers palestiniens tués depuis la déclaration commune de cessez-le-feu à Charm El Cheikh. En effet, pas moins de 27 palestiniens ont été tués par les soldats israéliens dans divers endroits des territoires palestiniens, que ce soit en Cisjordanie occupée ou dans la bande de ghaza. la totalité de ces assassinats ne reposaient sur aucune justification valable et sont restés impunis. D'après une source militaire israélienne, ce dernier raid aérien avait visé un groupe de militants qui s'apprêtaient à tirer des obus de mortier contre une colonie juive depuis la ville de khan Younès. « Au total, 15 obus de mortier et deux roquettes artisanales se sont abattus » mercredi sur des colonies, avant et après le raid, a indiqué la source. Dans la soirée, deux roquettes artisanales de type Qassam tirées à partir de la bande de Ghaza se sont abattues sans faire de blessés près d'une base militaire dans le sud d'Israël. Cela s'est reproduit jeudi où plusieurs roquettes et obus se sont abattus sur les colonies juives et à l'intérieur même du territoire israélien. le ministre israélien de la défense, Shaoul Mofaz, a ordonné à l'armée de tuer toute personne susceptible de lancer des roquettes ou des obus de mortier contre des positions israéliennes. « Israël souhaite coordonner son retrait de la bande de Ghaza avec l'Autorité palestinienne, mais si cela s'avère impossible, nous agirons unilatéralement et les organisations terroristes sauront alors de quel bois nous nous chauffons si elles veulent gêner ce retrait », a-t-il déclaré. Cela met pratiquement fin à la relative accalmie que les territoires palestiniens ont vécue depuis le 8 février. un troisième palestinien a été tué hier près de la colonie de Kfar Darom, non loin de Deir El Balah, au centre de la bande de ghaza. Hamas a reconnu que ses militants ont été tués en mission de combat, mais a annoncé néanmoins son désir de préserver la trêve, ce qui a fait dire à un responsable sécuritaire palestinien : « Ils (les responsables du Hamas) affirment respecter la période d'accalmie, puis ils font une chose qui prouve le contraire sur le terrain. » Ce même responsable a tout de même exclu toute confrontation avec ce mouvement. Des responsables palestiniens et israéliens se sont rencontrés jeudi pour atténuer les effets de ces derniers graves incidents et le maintien de la trêve. Dans ce cadre, Dov Weisglass, conseiller de Sharon, s'est réuni à Jérusalem avec Saeb Erekat, principal négociateur palestinien. Les deux parties sont également convenues lors de cette rencontre d'activer la mise en œuvre des mesures destinées à rétablir la confiance dont le principe avait été arrêté à Charm El Cheikh, comme la libération de détenus palestiniens et le transfert du contrôle sécuritaire de villes de Cisjordanie à l'Autorité palestinienne. Certains responsables israéliens ont accusé le mouvement radical Hamas de vouloir mettre l'Autorité palestinienne et le mouvement Fatah dans l'embarras, à cause de divergences quant aux résultats du dernier vote partiel pour les municipales. Les responsables du Hamas ont vu d'un très mauvais œil la décision judiciaire d'annuler les résultats du vote dans plusieurs bureaux, de la municipalité de Raffah au sud, d'El Bureij au centre et de Beït Lahia au nord. Le Hamas avait remporté la victoire dans ces trois municipalités. Mahmoud Ezzahar, haut responsable du hamas à Ghaza a qualifié ces décisions de « pièce théâtrale ». Certains observateurs ont conclu que pour une fois les intérêts du Hamas et du gouvernement israélien se sont rejoints à cette occasion. Le premier pour montrer à l'Autorité qu'il demeure une force principale, incontournable, le deuxième qui attendait le moment propice pour se libérer des arrangements de Charm El Cheikh afin de poursuivre l'application de ses plans de manière unilatérale sans négocier avec les palestiniens. Seule une atmosphère de guerre comme celle qui a prévalu tout au long de l'Intifadha peut le lui permettre. Il est tout près de réussir.