Un véritable déluge de feu israélien s'abat sur la bande de Ghaza depuis mercredi, après l'attentat revendiqué par le Jihad islamique palestinien, une opération menée en représailles après l'assassinat d'un chef militaire de ce mouvement trois jours auparavant. Malgré son intensité, cette agression demeure restreinte aux territoires palestiniens, le brouhaha diplomatique provoqué par les déclarations du chef de l'Etat iranien, ayant constitué un barrage en règle. Et c'est d'ailleurs ce qui était appréhendé de tels propos qui viennent d'être atténués. Depuis mercredi, les Palestiniens en sont réduits à compter leurs morts, et évaluer les destructions auxquels se livrent l'armée israélienne. Et hier encore, le nord de la bande de Ghaza restait le théâtre d'une intense activité aérienne israélienne visant, y compris avec des raids fictifs, à terroriser la population palestinienne. Depuis vendredi minuit, l'armée de l'air israélienne a mené pas moins de cinq attaques aériennes successives sur le nord de la bande de Ghaza, visant notamment les localités de Jabaliya, Beït Lahya et Beït Hanoun. L'armée israélienne a confirmé ces cinq attaques qui, selon elle, ont visé des secteurs à partir desquels les groupes armés palestiniens tirent des roquettes sur le sud d'Israël ainsi que les routes d'accès menant à ces secteurs. L'artillerie israélienne, quant à elle, est entrée en action dans la nuit prenant sous le feu « des secteurs inhabités de la bande de Ghaza utilisés par les Palestiniens pour tirer des roquettes Qassam » sur Israël, a indiqué l'armée israélienne, faisant curieusement et malheureusement des victimes. C'est un véritable plan terreur déclenché par les plus hautes autorités israéliennes. « L'armée israélienne utilisera tous les moyens à sa disposition pour assurer la sécurité des citoyens de l'Etat d'Israël », a-t-on déclaré de source israélienne. Pourtant en période d'occupation, le concept de sécurité est vide de sens, car seule la paix est à même de l'instaurer et de la préserver. En prenant sous le feu régulier de son aviation et de son artillerie le nord de Ghaza, Israël croit mettre son territoire hors de portée des roquettes tout en maintenant ainsi, de facto, une « zone de sécurité » au nord de ce territoire duquel il s'est retiré en septembre. Une analyse, voire une perspective battue en brèche par les résistants palestiniens. L'armée israélienne a déployé deux batteries d'artillerie face à la bande de Ghaza en raison de la poursuite des tirs palestiniens en riposte aux agressions israéliennes, et l'une d'entre elle est entrée en action dans la nuit. Une intense activité aérienne israélienne était toujours signalée hier matin sur le nord de Ghaza et la ville de Ghaza, où les appareils israéliens ont effectué des bang supersoniques. Les appareils israéliens ont lâché des tracts engageant la population pour sa sécurité à s'écarter des secteurs bombardés et à fournir des informations sur les « éléments terroristes irresponsables » qui les mettent en danger en tirant sur Israël à proximité de chez eux. L'armée de l'air avait lancé vendredi quatre attaques aériennes successives sur le nord de Ghaza après de nouveaux tirs palestiniens sur Israël qui n'ont pas fait de victime. Un membre des Brigades des martyrs d'Al Aqsa, groupe armé proche du mouvement Fatah du président de l'Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, a été tué et un autre blessé dans la dernière de ces attaques, dans le secteur de Beït Hanoun. Jeudi, le Premier ministre israélien, Ariel Sharon, avait annoncé le lancement d'une « campagne antiterroriste de grande envergure sans limitation de temps », au lendemain d'un attentat suicide revendiqué par le Jihad islamique ayant fait cinq morts, outre son auteur, à Hadera (nord d'Israël). Lancée par voie aérienne, la première de ces opérations a coûté la vie à huit Palestiniens, deux membres du Jihad islamique et six civils, jeudi soir, dans le nord de Ghaza. A Naplouse (Cisjordanie), une voiture piégée a explosé au passage d'une unité israélienne motorisée, endommageant deux de ses véhicules. L'attaque a été revendiquée par les Brigades des martyrs d'Al Aqsa et des Brigades Abou Ali Moustapha du Front populaire de libération de la Palestine (FPLP). Même devant la mort, l'indignation est sélective. Le Conseil de sécurité a été amené à condamner les propos du chef de l'Etat iranien, mais il est empêché de se faire l'interprète de la condamnation mondiale d'Israël et de sa politique.