L'ex-chanteur et leader du groupe britannique de pop, Blur, actuellement l'éminence grise du célèbre groupe Gorillaz, Damon Albarn, était à Alger pour l'enregistrement d'un album purement chaâbi. Une interview grâce à Saïd BBC. Quelle agréable surprise de voir Damon Albarn, ici, à Alger... Vous savez, ce n'est pas vraiment une surprise pour moi. J'ai travaillé au Mali, Nigeria et Maroc depuis 10 ans. Pour moi, c'est une autre progression. Une quête musicale initiatique africaine et maghrébine... Oui, effectivement ! J'ai travaillé avec plusieurs musiciens du Mali comme Ali Farka Touré. Beaucoup de griots issus du centre-ouest de l'Afrique. Et puis, j'ai découvert Fella Kuti. Surtout de vieux musiciens africains avec lesquels j'ai passé énormément de temps. J'ai beaucoup appris d'eux. Une chance. Nous avons beaucoup à apprendre de ces anciens. Des fois, nous avons à apprendre quelque chose des jeunes musiciens. Leur musique n'est pas obsolète ou has been. Au contraire ! Justement, il y a quelques jours, vous avez réalisé un enregistrement de musique chaâbie au conservatoire d'Alger... J'ai passé une semaine typiquement chaâbie où j'ai vraiment baigné. Vous savez, c'est ce genre de chose qu'on perd pour toujours si on ne le transmet pas aux générations futures. J'ai découvert beaucoup de choses intéressantes dans la musique chaâbie. Aussi, nous avons enregistré un album chaâbi. C'est une très grande fierté pour moi. C'est très important de le souligner. Vraiment heureux et fier de transmettre cette magie illuminant la musique chaâbie. Là où je vais, je suis très intéressé par la musique (du pays). La musique a une âme, un battement du cœur... C'est pour cela que nous avons enregistré un CD de chaâbi au conservatoire d'Alger. J'adore les détails dissonants quand la musique commence (qacida) et où les musiciens jouent ensemble en bonne intelligence. Et chacun a ses minutes de gloire (solos instrumentistes). C'est une jolie musique, le chaâbi. Le chaâbi, c'est comme un trafic où tout s'affaire et soudain, au premier tournant, vous découvrez un, un très beau paysage d'une campagne. Le CD sortira en 2007. Et j'espère que les musiciens seront très ravis de s'écouter d'une manière claire. Juste eux ! 100% pur jus, organique, naturel chaâbi (rires). Sans additifs, pas d'extra sucre ! Juste la pureté ! (rires). Hier, je vous ai vu avec Rachid Taha... Oui, on s'est vu, ici, à Alger. Il est d'un tempérament calme et sage. C'est à Londres que je l'ai connu. Nous avons des amis communs. Connaissez-vous les autres musiques algériennes ? Oui, je sais beaucoup sur le raï ainsi celles du Sahara, des Touareg, du Maroc, les gnaoua. Comment passe-t-on de la brit-pop de Blur au dub (déclinaison du reggae) à Gorillaz ? Il était nécessaire pour moi, ce passage obligé. Je n'ai pas aimé toute pesanteur personnelle d'être le frontman (leader du groupe de pop britannique Blur), chanteur... Cela commençait à être difficile pour moi à gérer tout ça. Psychologiquement parlant ! Aussi, il fallait introduire et s'investir dans quelque chose de différent. J'ai disparu pendant quelque années. Pour vous dire, je suis beaucoup célèbre avec Gorillaz que Blur. Et beaucoup plus en Amérique. Il faut disparaître et avoir du recul à ce succès. Pour revenir à votre question concernant le dub, c'est comme le chaâbi, c'est de la pop music aussi. Je m'intéresse aux différentes musiques du monde. C'est une question de goût, vraiment. C'est ma contribution. Pourquoi les clips de Gorillaz sont des dessins animés ? Gorillaz a été créé par moi et mon ami James Hewlett. Il est cartooniste (bédéiste) et moi musicien. Deux personnes qui ont uni leur art. Et en plus, il y a une certaine culture de la célébrité. En Angleterre, en France, aux USA, qui devient obscène. Il y a beaucoup de choses qui ne me rendent pas heureux en Occident. Et Gorillaz s'inscrit dans ce côté protestataire contre cet état de fait. Et c'est quelque chose que les enfants adorent, absolument. C'est une musique intelligente pour les enfants. Et c'est très bien. Avec des titres comme Clint Eastwood, c'est le côté cinéphile de Gorillaz... Oui, absolument ! J'ai une préférence pour Clint Eastwood. C'est une manière de penser, de s'intéresser à la lecture, le cinéma... Qu'est-ce que cela fait quand Madonna sollicite Gorillaz ? Oui, elle venue nous voir (Gorillaz) en nous disant : « Je voudrais devenir un cartoon (personnage de dessin animé), s'il vous plaît. Pouvez-vous m'aider ? » Alors, on répondu : « Yeah, nous pouvons vous aider. » (rires). C'est quand elle a vu mon groupe (Gorillaz) sur scène qu'elle a fait appel à nous. Mais ce n'est pas mon monde, mon univers. C'est une sorte de goût occasionnel, vous savez ! Une bonne chose ! Vous verra-t-on un jour à Alger avec Gorillaz... Oui, bien sûr ! Je considère que tous les musiciens devraient venir ici et maintenant. Je reviens en Angleterre avec un sentiment positif et réaliste de l'Algérie. Je suis un grand croyant (beliver) des dommages commis par les stéréotypes des deux côtés. Ceux du monde arabe et l'Occident. Et c'est le rôle de n'importe quelle personne intelligente et décente des deux côtés pour détruire les stéréotypes. Et il faut promouvoir l'idée que tous nous pouvons vivre ensemble.