«Un gisement de plâtre est exploité dans notre commune, mais comme le siège social de l'entreprise se trouve ailleurs, on n'en profite pas», déplore Djamel Saoudi, président de l'APC d'Ahnif. La commune d'Ahnif, sise à 40 km à l'est du chef-lieu de la wilaya de Bouira, s'enlise dans la précarité. Malgré ses ressources naturelles énormes, notamment les gisements de plâtre industriel et médical et autres matières, Ahnif demeure une commune pauvre. Son budget est tributaire des aides de l'Etat. La première chose que l'on constate à la rentrée de la petite ville d'Ahnif, ce sont les dizaines de jeunes chômeurs qui se partagent les coins. Leur seul espoir est de quitter leur localité pour aller, notamment, à Alger et dans les grandes villes. La population d'Ahnif dépasse actuellement les 10 000 habitants, et le taux de chômage est estimé à plus de 25%. «Avec un budget communal qui ne dépasse pas les trois milliards de centimes, il est impossible de lancer des projets ou d'amorcer une dynamique de développement», explique un élu local. Les problèmes sont multiples et les solutions tardent à venir : manque d'eau potable, chômage, routes délabrées, inexistence d'aires de loisirs. Fermeture épisodique de la RN5 Les mauvaises conditions de vie ont poussé la population à s'insurger. La RN5 a été fermée à plusieurs reprises. Les effets de ces actions sont nuls sur le développement local. Pour sa part, Djamel Saoudi, P/APC d'Ahnif, reconnaît : «La situation est très difficile. Nous avons inscrit plusieurs projets, à l'instar de la réalisation de l'AEP des villages Ighil Ldjmaâ, Bou Idhghaghen, Boumejiren. Au village Aksim, 80 foyers attendent leur raccordement au réseau d'assainissement. Malheureusement, la wilaya de Bouira refuse toujours de les financer sous prétexte d'austérité. Nous avons bénéficié l'année dernière d'un projet d'aménagement de 10 km de pistes. Jusqu'à nos jours, rien n'a été concrétisé». Le problème de la pénurie d'eau potable est toujours d'actualité, notamment dans les villages. Les foyers de cette commune sont alimentés à partir de la source de Sidi Aïssa, dans les montagnes. Le projet de raccordement de la commune au réseau du transfert des eaux du barrage hydraulique de Tilesdit connaît des retards. Une partie des conduites a été endommagée à deux reprises en deux endroits au niveau du site du projet de la pénétrante Béjaïa vers l'autoroute Est-Ouest. Le réseau routier de la commune d'Ahnif est délabré. Même à l'intérieur des quartiers du modeste chef-lieu communal, plusieurs ruelles ne sont pas aménagées. «Le budget communal est très insuffisant. Nous avons besoin d'un budget spécial, à l'instar des communes des Hauts-Plateaux de la wilaya de Bouira», réclame le P/PAC. Concernant l'investissement, ce même responsable dénonce la marginalisation de la commune. «Il y a une entreprise spécialisée dans la fabrication du plâtre qui exploite des gisements de notre commune. Mais, comme son siège social est basé dans une commune voisine, nous bénéficions uniquement de la modeste taxe sur l'environnement. Nous avons vainement réclamé nos droits à la wilaya de Bouira. Et, naturellement, nous nous sommes opposés au projet d'extension de l'activité de cette entreprise dans notre commune», dira-t-il. Pour le dénouement de la situation, le P/APC pose ses conditions, à savoir l'installation du siège social de la société au niveau d'Ahnif, ainsi que l'ouverture d'une unité de production sur le sol de cette commune. Une zone d'activité chimérique Il n'y a pas si longtemps, Ahnif était connue pour les nombreuses plates-formes de production de parpaing. Cependant, les pouvoirs publics ont décidé de mettre fin à cette activité. Le P/APC précise : «Leur nombre avoisinait les 80 unités. J'ai demandé aux autorités de la wilaya, au Calpiref et à la direction du registre du commerce d'élaborer un cahier des charges type pour ces unités. J'ai essuyé un refus. Avec un cahier des charges spécial, ce seront des impôts qui seront versés aux caisses de la commune. Il faut savoir aussi que chaque unité emploie environ huit ouvriers.» La zone d'activité projetée il y a des années dans cette même commune a été annulée à cause d'un problème administratif. «C'est un leurre. La procédure de création de cette zone était fausse dès le départ. Il n'y avait même pas d'acte de vente du terrain où serait implantée la zone. Finalement, les propriétaires de cette assiette foncière l'ont récupérée». Le problème du foncier se pose avec acuité dans la commune. Presque la totalité de sa superficie, estimée à 159 km², relève du domaine des forêts ou appartient à des particuliers, souligne-t-on. «Nous n'avions même pas pu dégager une assiette foncière pour aménager un terrain de football», déplore Djamel Saoudi. Ballottée entre le manque de perspectives de développement et les réticences de l'administration de la wilaya, la commune d'Ahnif vit au rythme de protestations cycliques.