L'association Ithri Ibouraine a organisé une cérémonie de recueillement sur la tombe du chanteur et donné l'occasion à une pléiade d'artistes de rendre hommage à leur aîné. Vendredi 28 octobre. Le village Ibouraine, dans la commune de Tifra, commence, tôt le matin, à s'animer. De nombreux véhicules rallient le village fixé comme point de départ du cortège devant se rendre à Ath Allaouane, village natal du regretté Youcef Abdjaoui, où il est prévu de se recueillir sur sa tombe à l'occasion de l'anniversaire de la vingtième année de sa disparition. A 9h10, Mourad Touak, président de l'association Ithri Ibouraine, organisatrice de l'événement, arrive avec la couronne de fleurs devant être déposée sur la tombe du défunt. «C'est ce matin même que le fleuriste m'a composé cette couronne et pourtant je l'ai commandée il y a plusieurs jours. Il y a toujours des imprévus et on travaille en fonction de tous les impondérables», indique-t-il. L'arrivée des chanteurs Idir Akfadou et Louiza sonne le signal de départ. Le cortège se met en branle sous une fine pluie en direction des hauteurs de l'Akfadou, en grossissant en cours de route par d'autres véhicules qui s'y joignent. Au village Ath Allouane, le cortège est accueilli par une délégation composée de responsables du village et de proches du défunt artiste. Après les politesses d'usage, les hôtes et leurs convives prennent le chemin descendant qui mène vers le cimetière de la communauté. Sur les lieux, après le dépôt de la couronne de fleurs et une minute de silence, la parole est donnée à la veuve et au fils du chanteur ainsi qu'à quelques invités qui ont tous loué l'artiste dont l'œuvre, insiste-t-on, reste indémodable. «Ses chansons qui ont bercé l'ancienne génération continuent encore à intéresser les nouvelles, c'est dire la pérennité de son œuvre», a déclaré, dans ce cadre, Meksem Rabah, le P/APC de Tifra. «Ignoré par les pouvoirs publics, adulé par le peuple, Youcef Abdjaoui restera en dépit de tout un grand artiste. Il est temps de penser à un véritable statut de l'art et de l'artiste pour rendre justice à beaucoup de nos chanteurs qui sont injustement jetés aux oubliettes», dira, de son côté, M'henni Haddadou, le P/APC d'Akfadou. Témoignages et gala Après le recueillement sur sa tombe, le cortège prend la route vers Assam, au centre culturel Hami Arezki, où rendez-vous a été donné à tous les artistes et amis du défunt pour un hommage public à l'effet de perpétuer chez les nouvelles générations la mémoire de ce pilier de la chanson kabyle disparu, il y a vingt ans, à l'âge de 63 ans. La vaste cour de l'école primaire Assam qui a abrité cet hommage public était pleine comme un œuf. «Toute la Kabylie est au rendez-vous», nous dit un acteur associatif devant l'imposante assistance. Et pour ne pas gâcher les festivités, le temps perturbé de la matinée s'est mis, au grand bonheur des organisateurs, au beau fixe. La brochette d'artistes qui était là pour donner du sens à la commémoration, a offert encore une fois à la région des couleurs et une animation des grands jours. Si Lekhal, Zayen accompagné par son ami italien Andréa Marnain, Louiza, Rachid Ferhani, Taleb Tahar, Hacène Ahrès, Boualem Boukacem… qui se sont relayés sur scène ont partagé leurs témoignages et des moments de bonheur avec leurs nombreux fans qui se sont agglutinés comme ils peuvent dans le vaste espace de l'école. Amour Abdenour, Boudjemâa Agraw, Idir Akfadou, Baylache, Akli Aït Waghlis, Arezki Mehtia, Massy Lewhama… étaient aussi de cette cérémonie, dont l'animation a été assurée par Ouardia de la radio Chaîne II. «Hommage mérité et méritoire» tel est le verdict de la plupart des participants qui ont déclaré d'un commun accord que Youcef Abdjaoui est une voix, un style, une école qu'il faut préserver de l'oubli.