Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
CELEBRATION DU 20e ANNIVERSAIRE DE LA DISPARITION DE CHEIKH YOUCEF ABDJAOUI A TIFRA Vibrant hommage de la famille artistique au maître du chaâbi kabyle
Le maître du chaâbi kabyle, Youcef Abdjaoui, a été, vendredi dernier, au village Assam, dans la municipalité de Tifra (Sidi-Aïch), au cœur d'une grandiose manifestation hommage à l'occasion de la célébration du 20e anniversaire de sa disparition. Initié par l'association culturelle Ithri Ibouraine de Tifra, l'événement culturel a regroupé de grands noms de la chanson kabyle à l'image de Amour Abdenour, Boudjemaâ Agraw, Hacen Ahres, Idir Akfadou, Baïlèche, Rachid Ferhani, Akli Aït Waghlis, Belaïd Dahmane, Arezki Moussaoui, Louiza et beaucoup d'autres stars venues témoigner de la grandeur de ce monument de la chanson algérienne et moudjahed Youcef Abdjaoui, de son vrai nom, Aliouche Youcef originaire du village d'Aït Allouane, relevant de l'arch des Aït Mansour, dans la région historique de l'Akfadou. Na Hnifa, la femme du regretté et son fils Samir, présents lors de cette journée hommage, ne cachaient pas leur émotion devant tant de reconnaissance par cette nouvelle génération d'artistes et les centaines de personnes en famille, de tous âges, qui se sont déplacées des différentes localités de la région par devoir de mémoire au maître du chaâbi kabyle. «Mon père était comme tous les pères, très affectueux envers ses enfants. Maintenant sur le plan artistique, ses œuvres parlent pour lui», a confié au Soir d'Algérie, Samir, l'un des fils de Youcef, présent à Tifra. «Youcef était un moudjahed. Durant la guerre de Libération nationale, si les autres ont combattu avec les armes, lui, il choisit de le faire avec sa guitare.Youcef a consacré sa vie à la chanson et à son pays qu'il aimait profondément. Aujourd'hui, même si physiquement, il est absent, il est toujours présent dans nos cœurs. Cela fait aussi très longtemps que les siens ne l'ont pas oublié comme en témoignent ce rendez-vous et tout ce monde présent à cet hommage», renchérit dans une déclaration émouvante Na Hnifa, l'épouse du célèbre chanteur algérien. Touak Mourad, le dynamique président de l'association culturelle Ithri Ibouraine qui s'est illustrée depuis sa création par de nombreuses manifestations culturelles en l'honneur des stars de la chanson kabyle de la région de Sidi-Aïch comme Amour Abdenour, Boudjemaâ Agraw ou encore Idir Akfadou s'est affairé minutieusement pour la réussite de l'événement. «Da Youcef mérite toute notre gratitude pour tout ce qu'il a apporté à la chanson algérienne en général et la chanson kabyle en particulier. C'est un grand artiste et les artistes ne meurent jamais», a soutenu le jeune président de l'association Ithri Ibouraine. Les artistes présents se sont succédé à la tribune pour évoquer les œuvres et l'héritage de ce maître de la chanson algérienne. Akli Aït Waglis avec sa voix envoûtante imitant le grand cheikh Youcef Abdjaoui a repris en chœur avec toute la famille artistique présente le célèbre tube immortel Igouma Woul Akmitsou avant que d'autres étoiles montantes de la chanson kabyle, Si Lakhal, Youva, Zayen ne lui succèdent pour entonner une chanson en hommage au cheikh disparu. «J'ai connu Da Youcef au début des années 1980 alors que je vivais en France. Il a toujours affiché sa fierté de savoir que des jeunes de sa région se débrouillent merveilleusement dans la chanson et portent haut le combat identitaire. Da Youcef était bienveillant. Il aimait faire la fête. Chaque rencontre avec lui constituait un moment de bonheur», a témoigné la star de la chanson kabyle qui n'a pas manqué de souligner la très forte amitié qui liait aussi le maître du chaâbi kabyle au Rebelle, Matoub Lounès. Amour Abdenour, une autre icône de la chanson kabyle a souligné dans son intervention l'important apport du grand artiste à la chanson algérienne. «Youcef Abdjaoui est considéré comme l'un des pionniers de la chanson kabyle dans cette région de Béjaïa et de la vallée de la Soummam avec cheikh Sadek Abdjaoui, Abdelwahab Abdjaoui, Allaoua Zerrouki et Cherifa. C'est un grand artiste, d'envergure nationale. Il a côtoyé de grands noms de la musique algérienne. Ses œuvres témoignent de son génie artistique. Les textes abordés à l'image de Thit D'woul, un sujet philosophique, chanté, renseigne sur la grandeur de l'artiste qui a cassé beaucoup de tabous depuis qu'il a entamé la chanson dans une période où il n'était pas très évident d'embrasser une carrière d'artiste. J'ai eu l'occasion de le rencontrer à Paris par l'intermédiaire d'un ami commun, un enfant de la région. C'est un homme très attachant et un artiste complet», a signalé l'icône de la chanson kabyle, Amour Abdenour, dans son témoignage. Arezki Moussaoui et Chemoune ont aussi rappelé le parcours de cet immense auteur-compositeur et musicien kabyle qui s'est intéressé à la musique. Dès son jeune âge, Youcef Abdjaoui s'est engagé aux côtés du cheikh Saddek Abdjaoui qui l'a pris en main et assura sa formation artistique à Béjaïa. Dès 1947, il passait déjà à Radio Soummam. Mais ce n'est que dix années plus tard qu'il produisit son premier album à Alger. Il intégra alors l'orchestre de Amraoui Missoum, étant pluridisciplinaire et maîtrisant parfaitement les instruments du mandole à la guitare. Durant la guerre de Libération nationale, il intégra la troupe de Farid Ali pour faire la tournée des pays européens et porter le message de l'Algérie au monde. C'était aussi sa façon de militer pour l'indépendance de son pays. Dès l'indépendance, il dirigea un orchestre de musique à la radio Chaîne II, avant d'aller en France développer sa carrière musicale. Il meurt en 1996, à l'âge de soixante-trois ans, après une trentaine d'années de carrière. Il avait chanté l'amour, l'espoir, la vie, Igouma Woul Akmitsou (mon cœur ne veut pas t'oublier) Thit D'woul (l'œil et le cœur) sont autant de chansons immortelles de ce génie du chaâbi kabyle qui a chanté en kabyle et en arabe algérien. Youcef Abdjaoui est décédé le 28 octobre à l'âge de 63 ans à Paris.