A l'initiative de l'Association des médecins privés de Annaba (AMPA), les oncologues de plusieurs régions du pays se sont réunis jeudi dernier à Annaba. Ils avaient à débattre du cancer du sein. Dans le hall du palais de la culture Mohamed Boudiaf abritant la manifestation scientifique, il y avait tout un aréopage de blouses blanches, dont celles des étudiants de la faculté de médecine de Annaba. Publiquement et dans les coulisses, les oncologues ont exprimé leur inquiétude, particulièrement ceux de la wilaya de Annaba où le registre du cancer estime une incidence globale, toutes localisations confondues, à 20,1/100 000 habitants de sexe masculin et à 16,5/100 000 habitants de sexe féminin. Mieux, l'étude paraphée en 2005 par le professeur Abderahmane Saïdia, directeur général du Centre hospitalo-universitaire de Annaba, fait ressortir que le cancer broncho-pulmonaire (18,2%) pour les hommes et le cancer du sein (29,6%) pour les femmes sont les plus répandus. La même étude, qui estime 750 à 800 cas de cancer dans la wilaya de Annaba, est restée silencieuse sur les causes à l'origine de la multiplication des cas. Tout en soulignant que ces chiffres n'intègrent pas les cas relevés dans le secteur médical privé, l'auteur de l'étude cite l'Organisation mondiale de la santé (OMS) comme source pour affirmer que les besoins en oncologie sont appelés à doubler dans les 20 prochaines années. « Etat des lieux en Algérie », « Plaidoyer pour l'examen clinique systématique des seins chez la femme et l'homme », « Cancer du sein, stratégie thérapeutique », « Rôle du médecin généraliste dans le dépistage, le diagnostic et le suivi », « Comment améliorer la prise en charge », « Le cancer d'origine environnementale en Algérie », « Conduite à tenir devant une opacité pulmonaire, le cancer du poumon non à petites cellules et stratégie » et « Le mésothéliome malin » ont été au centre des débats. On retiendra que le cancer du sein est l'une des principales causes de mortalité chez les femmes dans notre pays. Selon plusieurs intervenants, la contraception serait à l'origine du cancer du sein de deux tiers des femmes atteintes par cette affection. lors des discussions, d'autres localisations du cancer ont été également abordées, dont celui de l'utérus. C'était comme si les oncologues réunis à Annaba voulaient faire de cette rencontre un tremplin pour lancer un véritable SOS face à cette affection à grands risques qu'est le cancer du sein. Une pathologie aggravée par l'inconscience de certains utilisateurs de faux incinérateurs à émanation de dioxine de carbone très cancérigène. C'est là, ont estimé les participants à cette journée d'oncologie de Annaba, qu'intervient la nécessité d'un contrôle rigoureux de tout ce qui touche à l'environnement et au cadre de vie des citoyens. « Les pouvoirs publics sont alertés sur la nécessité de lancer très rapidement la réalisation d'un centre de lutte anti-cancéreuse à Annaba et de prendre en considération les recommandations de l'OMS en ce qui concerne la mise en place d'un appareil de radiothérapie. Tout est pourtant prêt pour la réalisation du CAC à Annaba, y compris le terrain. Pourquoi ce retard ? », s'est interrogé un membre de l'association de lutte contre le cancer présent à la rencontre. La création, il y a quelques mois, d'un registre du cancer à même de permettre l'identification des différents types de cette maladie dans la wilaya de Annaba, peut-elle être d'un quelconque secours aux oncologues ? Une mission qui entre dans les prérogatives du CAC. Les initiateurs de ce projet, dont le professeur A. Saïdia, y prévoient en effet le développement des activités d'exploration et de soins, d'enseignement, de recherche et de prévention en cancérologie en s'intégrant au CHU avec pour principe la pluridisciplinarité. Les mêmes initiateurs ont estimé qu'à vocation régionale, le CAC de Annaba, aussitôt achevé et mis en service, permettra l'optimisation de structures et des ressources humaines et matérielles avec pour principal souci la dimension humaine qu'impose la gravité de cette affection pour le patient et son entourage.