Annoncée en grande pompe il y a à peine quelques mois, l'organisation d'un marché formel de devises à travers l'autorisation de bureaux de change officiels demeurera finalement un simple vœu pieux. Alors même qu'un nouveau règlement a été édicté en mars dernier en vue de faciliter l'installation de bureaux de change agréés, cette ambitieuse réforme, qui devait permettre notamment de réduire le poids du commerce informel des devises, semble être d'ores et déjà enterrée, avant même d'être mise concrètement en place. Interpellé à ce sujet la semaine dernière par un membre de la commission finances et budget de l'APN, le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Loukal, a ainsi signifié très clairement qu'il n'est point question «de faire une convertibilité précoce du dinar», l'ouverture de bureaux de change, a-t-il tranché, n'étant désormais plus une priorité. En guise d'argument, le premier responsable de la Banque centrale avance que les bureaux de change ne peuvent être d'une grande efficacité quand la monnaie locale n'est pas convertible et quand le flux de touristes étrangers est faible, comme c'est le cas bien évidemment pour l'Algérie. Mohamed Loukal, qui a tout de même réaffirmé que le nouveau règlement relatif aux conditions d'ouverture de bureaux de change a été finalisé depuis déjà plus de sept mois, insiste en définitive sur le fait qu'en l'état actuel des choses, de telles structures officielles ne peuvent être ni performantes ni rentables. Pourtant, à peine quelques mois plus tôt, le gouvernement développait un tout autre discours où il était question de tout mettre en œuvre pour permettre l'émergence rapide d'un circuit officiel de change, qui permettrait à la fois de drainer quelques devises vers les caisses de l'Etat et d'ouvrir la voie par la même à une possible résorption du marché parallèle. En mars dernier, faut-il en effet rappeler, l'ex-ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, affirmait haut et fort que la Banque centrale allait désormais tout mettre en œuvre pour que des bureaux de change officiels puissent à la fois exister et bien fonctionner. Faisant allusion aux échecs des expériences tentées depuis vingt ans dans ce domaine, l'ancien ministre avait même assuré que tous les enseignements avaient été tirés du fait que la mise en place de bureaux de change officiels n'a jamais fonctionné par le passé. Et voilà qu'à peine sept mois plus tard, tout est de nouveau remis en cause, tandis que le marché informel des devises continue à prospérer au vu et au su des pouvoirs publics. Inapte à mener une quelconque réforme structurelle à bon port, surtout pas celle de sa sacro-sainte politique de change, le gouvernement continue donc à cafouiller sur autant de questions stratégiques qui engagent pourtant le devenir même de l'économie nationale, au moment où la rente pétrolière tend dangereusement à s'épuiser.