L'équipe nationale n'est plus intéressée par le Mondial 2006. C'est du moins ce que vient de décider le président de la Fédération algérienne de football, M. Raouraoua, qui déclare dans le quotidien El Khabar que « la prochaine Coupe du monde n'est pas un objectif pour les Verts ». Du coup, c'est une remise en cause totale de la politique de notre football de haut niveau et du programme de l'équipe fédérale, sachant que le premier responsable de la plus importante structure sportive n'avait cessé d'affirmer que le rendez-vous allemand constituait une priorité dans son travail. Dès lors, beaucoup de moyens ont été consentis pour concrétiser cet objectif. Bon nombre de supporters, qui avaient des doutes en les capacités de notre football, ont fini par adhérer à cet objectif qui fuit les Verts depuis deux décennies. Une qualification au Mondial, cela ne se refuse pas, et les amoureux du football suivaient patiemment l'évolution des choses. Moyens financiers à disposition, appel aux coachs et managers étrangers, préparation de haut niveau, ... Bref, le train était en marche. Puis, comme si de rien n'était, au détour d'une interview, retournement de situation. Après trois rencontres jouées dans les éliminatoires du Mondial où les Verts accusent, certes, déjà un grand retard mais sans pour autant être virtuellement hors course, les objectifs changent. Le président de la fédération ne manquera pas au passage de justifier cette nouvelle approche pour mettre en avant que notre football n'est pas encore prêt pour s'aligner dans pareille compétition. Une analyse qui vient un peu en retard dans la mesure où les plus avertis avaient affirmé, en son temps, que notre équipe nationale, voire notre football nécessitait un travail en profondeur au sein de ses structures, une meilleure organisation, une plus grande attention au volet formation et encadrement. Raouraoua, certainement animé d'une grande volonté, voulait accélérer les choses sans pour autant prendre en considération une réalité qui crevait les yeux. Notre football est faible et ce n'est pas les participations aux différentes coupes africaines qui peuvent nous édifier sur les réels progrès de notre football. A Tunis, lors de la coupe d'Afrique des nations, le président de la fédération avait affirmé que « nous avons gagné une équipe nationale ». C'était aller trop vite en besogne puisqu'il est loisible de constater que les grandes nations du football continental n'accordent, depuis quelques années déjà, que très peu d'importance aux rendez-vous africains pour se consacrer aux différentes Coupes du monde. C'est aussi le cas en ce qui concerne les coupes continentales des clubs où les équipes du continent qui faisaient jadis table rase sur les compétitions ont totalement décroché. La formation tous azimuts demeure la priorité de bon nombre de nations africaines qui n'hésitent nullement à investir dans ce domaine afin d'assurer une participation permanente et de qualité aux joutes internationales. Chez nous, le populisme ayant pris le pas sur le raisonnable, tout un chacun trouvait son compte dans un championnat de piètre niveau où l'on continuait de choyer des derbys avec une mentalité d'interquartiers, de se servir dans les caisses du contribuable et d'applaudir des succès de seconde zone. Entre temps, la violence, la corruption et la gabegie gagnaient du terrain, ne laissant au football qu'un jeu de coulisses. Le président Raouraoua s'était engagé à mettre à la disposition de l'équipe nationale un sélectionneur étranger au moment où des voix s'élevaient pour dire que notre football se devait d'avoir une meilleure attention pour sa base, que le travail pyramidal se devait d'être respecté et que les jeunes sont dans l'attente d'une plus grande confiance pour pouvoir s'exprimer. Aujourd'hui, Raouraoua affirme qu'il « n'est pas intéressant de participer à une Coupe du monde juste pour le plaisir de participer ». Raouraoua pense à 2010 après avoir promis aux millions d'Algériens qu'il ne ménagerait aucun effort pour être présent au Mondial allemand. Grande était la déception, mais il faut reconnaître à Raouraoua le courage de ne pas continuer à mentir aux nombreux supporters de l'équipe nationale. Après l'enthousiasme né après la victoire remportée face aux Egyptiens lors de la dernière coupe d'Afrique des nations, retour à une dure réalité qu'il faut savoir accepter. On ne part pas à une Coupe du monde comme si on allait à un bal. La déclaration du président de la fédération de football a ce mérite d'avoir remis les choses à leur place, mais cela n'empêche qu'un grand retard s'est cumulé au point qu'il devient urgent de tracer les grandes lignes du travail qui reste à accomplir. Pour ce faire, il serait intéressant d'associer le plus grand nombre de personnes pouvant apporter un plus au développement de notre football, comme il serait souhaitable de s'ouvrir aux expériences étrangères les plus intéressantes et qui siéent le mieux à la situation de notre football. Soit tout un chantier à mettre en branle qui nécessite des décisions courages, voire politiques. Tout un chacun sait pertinemment que les moyens humains et surtout financiers existent, il s'agit tout simplement de faire preuve d'une meilleure gestion. Le football étant l'opium de beaucoup de peuples à travers le monde, l'Algérie y compris, il serait malheureux de faire de simples constats sans retrousser les manches. Et puis le football mérite bien ce sacrifice, lui qui a beaucoup donné à ses artisans.