L'objectif de l'autosuffisance alimentaire passerait-il par l'agriculture saharienne ? Face aux difficiles conditions climatiques et géologiques des régions arides, ainsi que leur faible fertilité, différentes formes d'expérimentations sont testées pour tenter la meilleure production possible. Ainsi, à l'unité de recherche appliquée en énergies renouvelables (Uraer) de Ghardaïa, une équipe mène des recherches sur la pertinence d'une serre tunnel avec stockage thermique. «Ce travail consiste en l'installation et l'expérimentation de deux serres agricoles, l'une non chauffée (serre témoin) et l'autre chauffée, en introduisant un lit de galets comme un système de stockage thermique, dans le Sud algérien», explique Hocine Bensaha. Le chercheur indique que tentant de s'adapter aux amplitudes thermiques des régions sahariennes, l'étude permet d'introduire le rayonnement solaire comme paramètre climatique, afin de déterminer l'humidité relative et les températures de chaque sous-système de la serre (air intérieur, sol et plante). «L'objectif principal de notre travail consiste à étudier le comportement thermique d'une serre tunnel à couverture en polyéthylène équipée d'un dispositif de stockage thermique dans un lit de galets. Il s'agit également d'établir un bilan énergétique du dispositif installé ainsi que d'étudier le comportement agronomique des végétations (analyse et caractérisation agro-écologique)», indiquent les auteurs de l'étude. Par ailleurs, il est communément connu que les serres agricoles sont construites afin de permettre aux agriculteurs de mettre les cultures dans des conditions favorables et d'augmenter le rendement. Selon le chercheur, le rôle principal d'une serre est de créer un microclimat qui réponde favorablement aux exigences de la plante. Néanmoins, dans les régions sahariennes, certaines plantes sont incapables de s'adapter d'une manière optimale au climat hostile, et la serre témoin pourrait parfois ne pas être suffisante pour la bonne croissance de ces végétations. M. Bensaha souligne que la gestion du climat exige le contrôle d'un élément très important, en l'occurrence, la température. «Ce paramètre est indispensable pour la photosynthèse et la respiration des plantes. Il intervient également dans la vitesse de croissance, le bourgeonnement, le calibre, ainsi que la fermeté́ du produit», instruit le chercheur. Donc, pour maintenir une stratégie de contrôle du climat, les chercheurs ont installé un chauffage afin d'offrir aux plantes une température propice durant les périodes hivernales. Car la température pendant cette période est inférieure à celle de la consigne exigée par la plante et la ventilation est nécessaire durant les moments de forte chaleur. «Il convient de souligner que les besoins extérieurs de la serre expérimentale sont inférieurs à ceux de la serre témoin. En effet, il se trouve que notre système permet d'améliorer le processus de chauffage de la serre expérimentale durant la période nocturne», précisent les chercheurs de l'Uraer, en ajoutant que la régulation de la température à l'aide d'un chauffage auxiliaire induit une consommation importante de fuel. C'est pourquoi l'utilisation des énergies renouvelables pour le chauffage des serres peut constituer une alternative. Assurer une température favorable Les chercheurs de l'Uraer se sont attelés à installer deux serres agricoles dans la région de Ghardaïa : une serre témoin et l'autre chauffée grâce à un dispositif de stockage thermique. «On s'est intéressé à la courgette, particulièrement au stade de la floraison. Une étape qui exige des températures comprises entre 17°C et 25°C», explique l'étude. En effet, le système de stockage thermique est composé de quatre conduites cylindriques de 200 mm de diamètre disposées en formant deux H. Les tubes sont remplis de galets. «Les galets ont été préalablement lavés et séchés. Leur disposition est aléatoire. Le lit de galets est placé horizontalement à l'intérieur de la serre, enterré à 80 cm de profondeur», instruit M. Bensaha. Le relevé des différents paramètres physiques (flux solaire global, température, humidité relative de l'air) se fait à travers deux acquisitions de données. Ces dernières sont notées dans un microordinateur sur lequel sont affichées les mesures effectuées en temps réel. S'agissant de l'appareillage de mesure, les chercheurs se sont focalisés sur la température intérieure de la serre. «L'étude expérimentale entreprise consiste à mesurer systématiquement les températures à l'intérieur de la serre à trois hauteurs à la surface du sol et sur la végétation, ainsi que les sollicitations extérieures (l'éclairement solaire, température ambiante)», souligne l'étude. En conclusion, en effectuant des mesures soignées et une étude détaillée, il s'avère que le système de stockage thermique n'a pas d'influence négative sur les cultures, qui ont systématiquement donné des récoltes similaires dans les deux serres. Il est également constaté que l'efficacité du stockage serait meilleure si une solution pratique à la circulation de l'air est trouvée. L'une des constatations les plus importantes est que les besoins extérieurs de la serre expérimentale sont inférieurs à ceux de la serre témoin. Il est conclu également que les températures et les radiations solaires sont des paramètres qui influent sensiblement sur la production agricole en général. Ainsi, le travail des chercheurs de l'Uraer, même s'il n'est pas encore mené à son terme, prouve qu'une serre expérimentale avec stockage thermique présente quasiment le même rendement et efficacité que la serre témoin installée dans une région semi-aride. Car rappelons quand même que le dispositif est mis en place dans une région du pays qui est riche en production agricole. Donc, le dispositif de la serre expérimentale, par les avantages qu'il présente, pourrait être bénéfique dans une régions moins propice à l'activité agricole par la réduction des besoins extérieurs ainsi que la régulation de la température qui restent des éléments importants dans l'évolution d'une culture.