Plus rien ne semble arrêter cette dépréciation de la monnaie nationale face au dollar. Les tableaux du marché interbancaire des changes donnent le billet vert en pleine forme, s'échangeant désormais à 111,0843 DA pour un dollar à l'achat et 111,0993 DA pour un dollar à la vente. Face à l'euro, le dinar a limité la casse après plusieurs semaines de pertes, s'échangeant désormais à 118,9713 DA pour un euro à l'achat et à 119,0318 DA pour un euro à la vente. Face au dollar surtout, le dinar n'a pas atteint un tel plus bas depuis l'amorce de sa dégringolade en juin 2014. Cette nouvelle dépréciation s'explique par la bonne santé de la monnaie américaine depuis l'élection de Donald Trump. Si cette euphorie se confirme dans les prochaines semaines, dans la foulée de cette confiance quant à la prévision de hausse des taux d'intérêt par la Réserve fédérale américaine (Fed) ainsi qu'à la mise en œuvre des plans de relance, il n'est pas exclu que le dinar accuse davantage le coup. Et là, il va falloir que la Banque d'Algérie intervienne afin de prévenir toute appréciation du taux de change effectif réel dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme. Depuis le début de la crise, la banque centrale joue sur la corde de la flexibilité du cours du dinar qui, selon cette institution, permet au pays d'absorber, en partie, l'effet de la chute des prix du pétrole. En termes plus simples, la Banque d'Algérie tente de contrôler le cours du dinar, intervenant régulièrement sur le marché de change sans pour autant chercher à renverser la tendance étant donné qu'elle serait favorable à l'économie et aux recettes libellées en dinar. A plusieurs reprises, la Banque centrale se défendait en expliquant que ses interventions sur le marché des changes s'inscrivent dans l'objectif de résorber une partie de l'effet du choc externe sur l'économie. L'érosion de la monnaie nationale est pour le moins spectaculaire, chutant de 78,87 DA pour un dollar en juin 2014 à 111 DA pour un dollar la semaine dernière. Risque d'un retour de manivelle Le dinar perd ainsi plus de 30% de sa valeur face au billet vert depuis juin 2014, date de l'amorce d'une chute vertigineuse des cours du brut sur les marchés mondiaux. Un mouvement qui répond donc à une situation de baisse des fondamentaux de l'économie nationale depuis juin 2014. S'il est vrai que la monnaie nationale pâtit de cet impératif d'ajustement de sa valeur à la situation des fondamentaux, tant il s'agit d'éviter une surévaluation du dinar qui serait nuisible à l'économie, il y a néanmoins à craindre un effet retour de manivelle si les tensions inflationnistes qui en résultent échappent au contrôle de la Banque d'Algérie. La dernière livraison statistique en la matière lève le voile sur une inflation à 5,7(%) à septembre dernier, en glissement annuel, et un indice des prix à la consommation supérieur à 7,4%. Avec un décrochage aussi brutal du dinar, combiné à un relèvement de deux points de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) en 2017 qui entraînerait une hausse quasi généralisée des prix, l'addition risque d'être salée pour les ménages, dont le pouvoir d'achat ne cesse de s'éroder. En cas d'une nouvelle tension inflationniste, la Banque d'Algérie ne serait plus dans une situation confortable afin de mener ses actions de désinflation, comme ce fut le cas en 2013, au lendemain d'une année où l'inflation avait dangereusement flirté avec les deux chiffres. Dans ce contexte de crise, où les recettes en dinar et en devise sont en nette baisse, une action de désinflation suppose que l'on surévalue le dinar, ce qui serait préjudiciable à l'économie, tant cette surévaluation soutiendrait davantage les importations et ferait fondre les recettes en dinar de la fiscalité pétrolière. Même si le dinar est une monnaie étroitement administrée, dont la parité face aux devises est fixée en fonction de variables conjoncturelles, la marge de manœuvre de la Banque centrale risque d'être étroite et les outils monétaires insuffisants pour adapter la valeur du dinar aux politiques du gouvernement.