Pris en tenaille entre une nécessaire flexibilité de son cours en cette période de chute des prix du pétrole et des tensions sur les marchés des change, le dinar vient une nouvelle fois de décrocher face au dollar. Un dollar vaut désormais 110.2244 dinars à l'achat et 110.2394 dinars à la vente sur le marché interbancaire de change, lit-on sur le tableau de la Banque d'Algérie, reflétant la cotation hebdomadaire de la monnaie nationale contre les principales devises. Il ne s'agit point d'un nouvel épisode dans la cotation du dinar puisqu'il suit une tendance de dépréciation amorcée depuis 2014, parallèlement à la chute des cours du pétrole sur les marchés mondiaux. Entre cette conjoncture peu confortable qui prévaut sur les marchés pétroliers et une situation de tension sur les marchés des changes, il était peu probable que le cours du dinar puisse reprendre des couleurs face aux principales devises. Mathématiquement, un dinar surévalué en cette période de baisse des prix du brut est nuisible à l'économie du pays puisqu'il subventionne les importations au détriment de la production nationale et de fait diminue les recettes en dinar de la fiscalité pétrolière. La Banque d'Algérie le dit clairement dans sa dernière note de conjoncture pour les neuf premiers mois du dernier exercice ; « Afin de prévenir toute appréciation du taux effectif réel dommageable pour la stabilité macroéconomique à moyen terme, la relative flexibilité du cours du dinar sur le marché interbancaire des changes permet d'absorber, en partie, l'effet de la chute des prix du pétrole. Les interventions de la Banque d'Algérie sur ce marché s'inscrivent dans cet objectif stratégique ». Le dinar a fortement dévissé face à l'euro, au tout début du mois en cours, s'échangeant à 125,0003 dinars contre un (01) euro. Le dinar a limité sa dégringolade cette semaine face à l'euro mais sa dépréciation s'est accentuée contre le dollar. Dans son dernier rapport sur l'économie algérienne, publié jeudi dernier, faisant suite aux consultations de 2016 au titre de l'article IV de ses statuts, le Fonds monétaire international (FMI) a souligné la nécessité d'une «plus grande flexibilité du taux de change du dinar» pour faciliter l'ajustement au choc des cours du pétrole. Durant les neuf premiers mois de 2015, l'impact du choc externe de grande ampleur sur les fondamentaux a induit une dépréciation de 19,57% du cours moyen du dinar contre le dollar américain par rapport à la même période de l'année précédente. Le cours du dinar s'est, par ailleurs, légèrement déprécié par rapport à l'euro (2,16 %), souligne la banque centrale dans sa dernière note de conjoncture. Elle disait à demi-mot qu'il faille s'attendre à d'autres dépréciations, puisque, à fin septembre 2015, le taux de change effectif réel du dinar algérien était encore apprécié par rapport à son niveau d'équilibre de moyen terme. Depuis juin 2014, la valeur du dinar s'est fortement dépréciée, passant de 78,87 à 110 dinars pour un dollar et de 107,62 à 123 dinars pour un euro cette semaine.