Des études et des essais, notamment sur la résistance des différentes couches, auraient dû être faits avant la réouverture de l'autoroute. Un seul essai dure en moyenne 48 heures, alors que les travaux ont été achevés en seulement 36 heures. La route de Ben Aknoun a été rouverte à la circulation hier dans la matinée. La direction des travaux publics se réjouit de l'achèvement des opérations de réhabilitation «en un temps record». «Après 36 heures de travaux, nous avons réparé le réseau d'assainissement en coordination avec les services de la direction des ressources en eau de la wilaya d'Alger», a déclaré à l'APS le directeur des travaux publics de la wilaya d'Alger, Abderrahmane Rahmani. La direction des ressources en eau n'aura plus d'intervention à faire sur la rocade sud. Les réseaux ont été déviés. «Il n'y aura plus d'intervention sur la rocade sud. Il n'y a plus aucun collecteur qui longe ou traverse ce tronçon puisqu'on a tout bétonné avec du mortier de ciment. Par contre, des travaux seront engagés sur la RN 36, actuellement en chantier (élargissement de la route par la DTP). Nous allons aussi fermer une portion du CW (entre la trémie et l'entrée du parc zoologique, à Oued Romane) durant 10 jours, le temps de poser un réseau», indique le directeur des ressources en eau, Smaïn Amirouche. Un cadre des travaux publics qui a requis l'anonymat craint d'autres effondrements, les travaux ayant été menés au pied levé. «Le fossé a été remblayé avec des blocs de roche. Mais rien ne prouve que la couche sous-jacente soit résistante», constate notre source. Une auscultation au pénétromètre dynamique est indispensable pour connaître la résistance des différentes couches et à quelle profondeur se situe le refus. «En principe, un essai au pénétromètre dynamique aurait dû être fait pour connaître la résistance des couches sous-jacentes et même détecter la présence de cavités. Les couches de remblai posées ces dernières 24 heures doivent faire l'objet d'un essai Proctor. C'est à partir de cet essai qu'on pourra juger de la compacité d'une couche et décider de poser la couche suivante. Un seul essai dure au minimum 48 heures car il faut prendre des échantillons au laboratoire», détaille le cadre. Des cadres des travaux publics craignent la reproduction d'accidents similaires à Deux-Bassins, à Ben Aknoun. Les autorités ont été alertées sur un début d'affaissement à Bab Ezzouar, à proximité du centre commercial et de l'état-major de la police. Selon une source locale, l'effondrement serait dû à des infiltrations en provenance de la station d'épuration de la Seaal mitoyenne. «Chaque fois qu'il y a un affaissement, des agents viennent le ‘‘maquiller'' avec une couche superficielle de goudron. Mais en dessous, on ne sait pas ce qui se prépare. Une auscultation sérieuse doit être faite», ajoute-t-on. Non-respect des normes Comment expliquer ces affaissements sur des tronçons routiers ? Les études préalables sont pointées du doigt dans les différents incidents. «Non pas que ceux qui font ces études sont incompétents, mais c'est le fait qu'ils travaillent sous pression. Ce genre d'études obéit à des normes et à des protocoles bien définis. L'assise d'une route est un objet physique de la nature qui ne respecte pas forcément une uniformité mathématique, d'où la nécessité d'effectuer des sondages par échantillonnage. Vu la pression dont je parlais, l'échantillonnage est réduit à sa plus simple expression par manque de moyens, ou juste pour ne pas fâcher le wali et terminer au plus vite. L'échantillonnage perd donc de sa fidélité statistique», explique le cadre des travaux publics, qui affirme qu'il existe de longs tronçons de l'autoroute Est-Ouest où aucun essai n'a été fait. Et de poursuivre, désabusé : «L'exécution des travaux présente un manque flagrant, car il faut vérifier la qualité des matériaux, aussi bien la couche de base constituée d'un remblai en sable grésifié (tuf) que la couche de surface constituée par le bitume (goudron). La couche de remblai doit faire l'objet d'essais de compacité (essai Proctor). L'entretien vient à la fin et il est généralement sous-estimé.» Pour éviter les agressions sur les routes et les pérenniser, il faut, selon notre source, «laisser les gens du métier faire leur travail». «Des ingénieurs de l'USTHB de Bab Ezzouar (voies et ouvrages d'art) et de l'ENTP de Kouba sont au chômage ou ont carrément changé de métier, alors qu'ils pourraient apporter un grand plus à l'entretien de nos routes», suggère-t-il.