Le projet de loi de finances (PLF-2017) a été adopté hier par l'Assemblée populaire nationale (APN) qui ouvre ainsi la voie à une accélération de la politique d'austérité imaginée par le gouvernement, dans le sillage de la chute des prix du pétrole. Une politique qui sera mise en branle dès janvier 2017 et qui aura immanquablement un impact sévère sur le pouvoir d'achat des couches les plus fragiles de la société, mais aussi des salariés et de la classe moyenne. Malgré les protestations et les invectives des députés du Parti des travailleurs — qui a présenté la majorité des amendements et voté contre le texte —, d'El Adala, du FFS et de l'Alliance de l'Algérie verte (qui ont boycotté pour les premiers le débat et pour les seconds le vote final), les députés de la majorité ont voté hier, sans état d'âme, toutes les augmentations de taxes et impôts proposées par le gouvernement qui avait auparavant obtenu l'appui de la commission des finances. Celle-ci a en effet rejeté en vrac pratiquement tous les amendements introduits par l'opposition, facilitant la tâche aux députés FLN et RND qui se sont contentés de refuser les arguments de leurs pairs des partis de l'opposition, avant de voter à main levée, article après article, tout le contenu du texte proposé par le département de Hadji Baba Ammi. Malgré un hémicycle pratiquement déserté au fil de la journée, aucun vote électronique ni décompte des voix n'ont été faits par le président de l'APN, tant il était évident que tout se passerait selon les consignes de vote données aux députés par leurs formations politiques. Si pour les parlementaires de la majorité, il est indéniable que la nouvelle loi de finances va permettre de renflouer les caisses de l'Etat, au vu de la conjoncture économique difficile, sans pour autant remettre en question la politique sociale de l'Etat, pour les députés de l'opposition, en revanche, la LF-2017 sera une loi «antisociale» qui «risque d'affamer le peuple». Plusieurs altercations et incidents ont d'ailleurs émaillé le déroulement de la séance plénière, sans pour autant perturber le scénario du vote tel que ficelé par la majorité, qui soutient mordicus la démarche de l'Exécutif. Les députés de l'opposition ont notamment dénoncé les augmentations de taxes, impôts et droits de timbre prévues par le texte portant loi de finances 2017, notamment le relèvement de 2% de la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) qui passera ainsi de 17% actuellement à 19% et de 7% à 9% concernant le taux réduit. «Une solution de facilité», estiment les opposants au texte de loi. Ils fustigent, arguments à l'appui, une tentative «d'appauvrir le citoyen» qui devra également payer plus cher le carburant à la pompe, puisque la loi de finances 2017 prévoit une hausse de la Taxe sur les produits pétroliers (TPP) de 1 à 3 DA/litre respectivement pour le gasoil et les trois types d'essence. La TPP sur l'essence super et sans plomb passera ainsi à 9 DA le litre au lieu de 6 DA actuellement, soit une hausse de 50%, et sur l'essence normale la TPP passera à 8 DA le litre au lieu de 5 DA actuellement, soit plus de 60%, alors que la TPP sur le gasoil passera à 2 DA le litre au lieu de 1 DA actuellement (+50%). D'autres taxes toucheront également de manière directe le citoyen, qui devra désormais composer avec un impôt sur le revenu global (IRG) augmenté de 5% sur la vente des biens immobiliers et de 10% pour la location d'habitation à usage individuel. Par ailleurs, la loi de finances 2017 fixe la taxe du timbre d'émission du passeport de 24 pages à 25 000 DA et celui de 48 pages dans le cadre de la procédure accélérée à 60 000 DA au lieu de 45 000 DA. Au chapitre des augmentations, on citera aussi une taxe sur le tabac noir fixée à 1240 DA le kilo et une hausse de 10% de la taxe sur les boissons alcoolisées. Dans cet amas de mauvais présages concoctés hier au sein de l'hémicycle, on relèvera cependant une seule et unique bonne nouvelle : le contenu du nouvel article 130 bis 1 introduit par la commission et voté hier par l'APN en vue de permettre aux citoyens du sud du pays de bénéficier d'une réduction de la facture d'électricité, à hauteur de 65% pour les familles et agriculteurs et de 25% pour les activités économiques.