L'incapacité des pouvoirs publics à endiguer à la source le phénomène du commerce informel des produits pyrotechniques relève sinon de la complicité, du moins du laisser-aller. Eu égard à la propagation sans égale de ce commerce illicite, particulièrement à l'approche de la fête du Mawlid Ennabaoui, on est, nul ne peut en disconvenir, à la limite de la générosité bienveillante envers ceux qui chapeautent ce commerce juteux. Les Algériens ont le droit de savoir qui est derrière ce trafic fructueux et comment cette marchandise interdite d'importation arrive à sortir du port. Les fausses déclarations, la «tchipa» et les connivences à tous les niveaux sont des éléments à ne pas négliger. Le décret 63 du 2 août 1963 interdit pourtant la commercialisation et l'usage de ces produits qui envahissent à l'approche de la fête du Mawlid les moindres recoins de nos villes. Ce sont ainsi des milliards qui sont brassés par les «pourvoyeurs», qui, eux, restent dans l'ombre. «Nous, nous ne sommes que de petits vendeurs qui exerçons ce commerce à l'occasion pour un petit revenu. Pourquoi l'Etat ne saisit-il pas les tonnes de marchandises auprès des importateurs illégaux ?» s'indignent des vendeurs. Le volume impressionnant de marchandises vendues énonce en fait le manque à gagner du fisc, qui doit prélever une imposition sur toutes les transactions commerciales. En outre, le risque que présentent ces produits sur la santé des citoyens n'est pas à démontrer, les services de la Protection civile enregistrent chaque année un nombre impressionnant d'incendies qui font des victimes. A la rue Bouzrina, dans la Basse Casbah, des étals sont installés à équidistance les uns des autres. Ils occupent les moindres espaces de la rue, débordent sur la chaussée et envahissent même les cages d'escalier et autres espaces communs des immeubles. Ces étals, quand ils ne sont pas exploités directement par leurs propriétaires, sont loués à des revendeurs contre des sommes faramineuses pouvant atteindre les 20 000 DA. Sur ces étals, qui sont visibles à partir du marché couvert se trouvant à proximité de la sûreté urbaine, les vendeurs squattent la chaussée. Ils écoulent leur marchandise en toute quiétude. C'est à se demander s'il s'agit de marchandise prohibée ou de n'importe quelle autre produit légal de commercialisation.