Interdit mais toléré, le commerce de gros des produits pyrotechniques s'est installé dans les rues de La Casbah, son emplacement habituel depuis presque dix ans. Le rite du Mawlid Ennabaoui, qui sera fêté à la mi-mars, risque d'être sanglant. A la veille de cette célébration annuelle, le ton est déjà donné dans les principaux quartiers de la capitale. L'usage des pétards fait désormais partie du quotidien des Algérois. L'on assiste en fait à des explosions ininterrompues en ville. Jeudi dernier, en début d'après-midi, un jeune homme a attaqué un groupe de jeunes filles qui se trouvaient à l'entrée de la Fac centrale. L'explosion a imposé le silence dans cette rue pour quelques secondes. Les passants ont cru qu'il s'agissait d'une bombe. «On dirait Ghaza sous les raids de l'armée israélienne !», a commenté un passant. La détonation a retenti dans tout le quartier et sa puissance a fait peur. Comme les enfants et les jeunes fêtards préfèrent s'attaquer aux gens, quel que soit leur sexe ou leur âge, la célébration de ce rite risque de faire des victimes. Les produits pyrotechniques ont gagné en puissance cette année et leur usage s'intensifiera à mesure que le rendez-vous s'approche. Pour le moment, la vente, interdite mais tolérée, de ces produits est monopolisée par les grossistes de La Casbah. C'est l'habitude depuis une dizaine d'années : le commerce de gros des produits pyrotechniques s'installe le long des rues Ali Amar et Arbaji. Le marché prend naissance du côté du marché couvert Bouzrina, là où se trouve une sûreté urbaine. Les vendeurs squattent la chaussée, et ils étalent des tonnes de marchandise. Les produits sont essentiellement de marque chinoise, mais ils sont désignés sous des appellations du terroir. Sur les lieux, les détaillants (reconnaissables aux sac à dos ou au cabas qu'ils portent), venus de plusieurs wilayas du pays, peuvent commander Zaâket iblis (le pet de Satan), chitana, bazooka, missile Benladen, margaza, TNT, zarbout, double-bombe, fumigène… Un fumigène coûte 650 DA l'unité chez les vendeurs qui proposent le stock de l'année dernière. Le nouveau produit s'écoule à raison de 700 DA l'unité. La fourchette des prix va généralement de 300 DA à 2000 DA pour tous les pétards. En ville, les détaillants sont très rares pour le moment. A quelques jours du Mawlid, des parents commencent à faire des achats sous la pression de leurs enfants. Les disputes provoquées par le jet de pétards à triple détonation se multiplient de jour en jour.