Le commerce illicite de produits pyrotechniques fleurit en dépit de son interdiction. A l'approche de la fête du Mawlid Ennabaoui, les produits pyrotechniques ont envahi les rues de la capitale. En dépit de l'interdiction formelle par la loi (du 2 août 1963) de commercialiser ce genre de produits, les ruelles de la ville pullulent pourtant de ces vendeurs informels, installés confortablement sur les trottoirs. L'écoulement de cette marchandise prohibée apporte chaque année son lot de victimes. A Djamaâ Lihoud, rue Bouzrina (ex-rue de Lyre), ou encore rue Amar El Kama (ex-rue de Chartres), les grossistes ont toujours pignon sur rue. Des tonnes de marchandises sont écoulées au su et au vu des autorités, qui, cette année, se sont illustrées par leur absence totale.Les jeunes s'adonnent ainsi à la vente de ces produits sans inquiétude, malgré les saisies effectuées sur les étals durant les précédentes années. La sempiternelle question de savoir qui est derrière l'importation de ces dangereux produits qui inondent le marché parallèle à chaque Mawlid Ennabaoui est plus que de mise. «Il faut attaquer ce commerce illicite à la racine, et non au niveau des étals des détaillants», suggère un citoyen. En tout état de cause, le constat sur ces lieux, notoirement connus pour être le cœur palpitant de ce commerce illicite, dévoile un laisser-faire avéré. Le plus inquiétant, cependant, est la contiguïté des étals avec les immeubles adjacents. Tout le quartier est sur une poudrière, une simple étincelle pourrait ravager toute cette partie de la ville. Sur des centaines de mètres, les étals arborent des couleurs flamboyantes, signe de diversité des produits. Du petit pétard destiné aux enfants en bas âge aux grandes pièces d'artifice aux formes sphériques, le choix est éclectique. Les clients peuvent s'adonner, le temps d'une virée, à un spectacle admirable. Quant aux prix, ils varient, selon le volume des pièces et l'importance de leur éclat, de 25 à 3500 DA la pièce. Bien que ces marchandises soient interdites à la vente, ici l'impression est autre, car même les fumigènes de secours présents exclusivement sur les bateaux sont vendus à même le trottoir. Le législateur a interdit le commerce de ces produits, particulièrement pour les dangers qu'ils présentent pour leurs utilisateurs qui sont majoritairement des enfants. Le nombre de victimes, dont celles ayant perdu la vue, va crescendo. La Protection civile a signalé, l'an dernier, un nombre important d'enfants blessés aux yeux, d'où l'appel à une prise de conscience des parents qui achètent ces produits pour leurs enfants ; mais aussi, une prise de conscience pour les pouvoirs publics, afin d'endiguer leur importation.