A l'arrêt depuis 2013, la réalisation du tunnel reliant les barrages Tabbelout (Jijel) et Draâ Eddiss (Sétif) d'une longueur de 14 km, va alourdir la facture, en raison, semble-t-il, d'études erronées. Lancé en 2009, pour un montant de 1,2 milliard d'euros, le gigantesque projet des grands transferts d'eau qui devait être livré en 2012 traîne. Les engagements de l'ex-ministre des Ressources en eau, en l'occurrence Abdelmalek Sellal, de livrer le projet en 36 mois, n'ont pas dépassé le stade des bonnes intentions. Prenant le relais, ses successeurs, Hocine Necib, Abdelouahab Nouri ou Abdelkader Ouali n'ont pas fait mieux. La population des 34 communes concernées par le projet ne va pas étancher sa soif de sitôt, puisque les responsables de l'ANBT (Agence nationale des barrages et transferts) en charge du projet, se donnent encore du temps pour achever les travaux. En lieu et place de 2012, on parle maintenant de 2018. C'est-à-dire 10 ans après le lancement des travaux. Ainsi, les retards enregistrés vont alourdir la facture qui dépassera vraisemblablement 1,4 milliard d'euros. Pour avoir une idée précise sur les difficultés ayant entravé l'évolution du projet et prendre les choses en main, le nouveau wali de Sétif, Nacer Maskri, a effectué une visite à trois sites du mégaprojet. Les différents intervenants sont convoqués. En premier lieu, les dirigeants de l'ADE (l'Algérienne des eaux) et de l'ANBT responsables dans une certaine mesure des retards enregistrés. A l'arrêt depuis 2013, le tunnel reliant les barrages de Tabbelout (Jijel) et Draâ Eddiss (Sétif) d'une longueur de 14 km est la principale étape de la visite. A cause, semble-t-il, des études erronées, la réalisation du tunnel va corser l'addition, à la charge du Trésor public, une fois de plus. Celui-ci est donc contraint d'injecter la bagatelle de 19 milliards DA (190 millions d'euros) pour le reste à réaliser (du tunnel s'entend). Ainsi, le tracé initial, qui n'englobait aucune difficulté, sera remplacé par un contournement de la montagne et la réalisation d'une conduite en aérien sur une longueur de 9 km qui sera raccordée aux 4 km achevés. Le travail, qui devait commencer en août dernier, suite aux instructions du ministre des Ressources en eau, Abdelkader Ouali, lors de la visite effectuée en juillet, n'a pas été entamé. A noter, par ailleurs, que la durée de réalisation des 9 km alimente une polémique ne disant pas son nom. Le chef du projet parle de 24 mois et des contraintes liées à la réalisation de la pénétrante Djendjen-El Eulma, située dans la mire du tunnel. Le directeur général de l'ANBT avance quant à lui un délai de 18 mois. Il convient de préciser que ces grands transferts sont destinés à booster l'agriculture avec l'irrigation de 40 000 hectares de terres agricoles et le renforcement en eau potable de plus de 1 000 000 d'habitants de 34 communes sur les 60 que compte la wilaya. De ce fait, pas moins de 313 millions de m3 d'eau seront transférés chaque année pour le système Ouest à partir des deux barrages de Ighil Emda, dans la wilaya de Béjaïa en direction du barrage de Maouane, et pour le système Est du barrage d'Erraguene (Jijel), vers celui de Tabelout, puis vers le barrage de Draâ Eddiss, dans la commune de Tachouda (Sétif). Même si les barrages de Draâ Eddiss et Maouane sont achevés à 100%, les citoyens d'une très grande partie de la wilaya de Sétif devront prendre leur mal en patience, car d'après le directeur général de l'ANBT, le lâcher d'eau n'est prévu qu'en fin 2018. Très loin des prévisions de Sellal et de ses successeurs.