Depuis plusieurs jours, la Direction de l'action sociale (DAS), en collaboration avec la Protection civile, la justice et la police, a entamé une opération qui consiste à juguler, du moins en partie, le phénomène de la mendicité qui fait rage à Constantine, et qui, rappelons-le, est formellement interdite par la loi, au même titre que le vagabondage. Cette opération vise d'abord à « ramasser » les mendiants pour les conduire ensuite à Diar Errahma, où ils seront pris en charge. Malheureusement, le plus gros des « troupes » désertera les lieux très vite pour s'en aller prendre possession du bitume de la ville, exerçant un métier des plus lucratifs qui dépasse, et de loin, le SMIG. Des cadres de la DAS accompagnent cette action, se voulant une courroie de transmission entre les pouvoirs publics et les mendiants, essayant de les dissuader de squatter les trottoirs et les travées des marchés. Après plusieurs jours, 120 mendiants ont été recensés à travers la ville. « Il s'agit pour plus de 95% d'entre eux de personnes ne résidant pas à Constantine. Elles viennent pour la plupart la matinée et prennent des coins stratégiques, usent de divers stratagèmes pour amadouer les passants : le handicap physique, les haillons, les enfants et plusieurs psalmodies sont utilisés pour attirer le maximum de gens afin de les sensibiliser sur leur misère », nous dira le directeur de la DAS. Et d'ajouter : « Une fois le recensement opéré, on enverra toute personne récidiviste en justice. Comme ce fut le cas pour certains. Et franchement, ça commence à donner de bons résultats. » Bien entendu, des réseaux de faux mendiants ont été identifiés, comme cette horde qui avait élu domicile dans des baraquements en zinc aux abords du Rhummel, dans la zone industrielle. Originaire de M'sila et de Bordj Bou Arréridj, les membres de la bande se déplaçaient en taxi, s'il vous plaît, et faisaient des rentrées d'argent à faire pâlir de jalousie le meilleur des commerçants de la ville. Après avoir été confondus à plusieurs reprises, les faux mendiants ont été déférés devant la justice. Il y a encore le cas de Naïma qui a longtemps « élu domicile » devant le siège des P et T. Finalement, cette dame et ses enfants tendant la main toute la journée, sous le regard du… mari qui surveillait de loin, était originaire de le wilaya de Skikda, et a été prise en charge au niveau de Diar Errahma, non sans peine. Elle sera accompagnée de « Lacoste », la dame qui déambulait à longueur de journée du côté de la BNA, au centre-ville, et qui se faisait un point d'honneur d'être… bien maquillée chaque jour. Le mendiant qui sévissait aussi sur les allées Benboulaïd, un handicapé accompagné de trois enfants tous aussi handicapés, a été raccompagné à Souk Ahras où, nous dit-on, il n'était nullement dans le besoin, bénéficiant de plusieurs aides étatiques. Selon les enquêtes diligentées par la DAS, la recette moyenne d'un mendiant est de l'ordre de 4 000 DA par jour, alors que lors de cette opération, sur un premier individu, les éléments de la DAS ont découvert la somme de 120 000 DA et sur un deuxième, 140 000 DA. En tout état de cause, le DAS conclura que par le biais de Diar Errahma, son institution « est prête à accueillir tous ceux qui ne disposent ni d'un toit ni d'un revenu. Pour les autres, la justice s'en chargera ».