Le défilé à Alger des candidats français à la candidature à l'élection présidentielle de 2017, continue. Arnaud Montebourg, membre du Parti socialiste français, a, cette semaine, entamé sa tournée algérienne qui l'a mené d'abord à Oran, ville de naissance de sa mère dont le père est Algérien, et à Alger où il a eu droit, entre autres rencontres, à un entretien avec le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra. «J'ai toujours dit qu'il y avait trois A qui comptent pour la politique étrangère de la France : l'Allemagne, l'Algérie et l'Afrique», a affirmé l'homme politique français lors d'un point de presse, en réponse à notre question sur l'importance de l'escale algérienne pour un candidat à une élection française. Arnaud Montebourg, qui qualifie le lien entre Paris et Alger de «stratégique», souligne qu'on «ne fait de la politique étrangère que de sa géographie et de ses intérêts. Notre intérêt est de trouver un partenariat de long terme, très solide entre la France et l'Algérie, et donc je suis venu participer et apporter ma pierre à cette construction». L'ex-ministre français estime que la relation entre les deux pays est «bonne, mais elle doit devenir exceptionnelle». Contrairement à la coutume, le représentant du Parti socialiste n'a pas rendu visite aux partis de l'opposition algérienne, mais a tenu à rencontrer le secrétaire général du FLN, Djamel Ould Abbès. Et de souligner qu'il a passé en tout trois heures avec le ministre des Affaires étrangères, M. Lamamra. «Le message que je suis venu apporter est un message de construction de l'avenir en commun, avec ses défis et ses enjeux qui sont devant nous… C'est plus intéressant d'ailleurs que les querelles mémorielles», note le politique français en précisant qu'il serait utile de laisser les historiens écrire l'histoire et de s'engager dans l'avenir. «Un avenir dont les défis reposent sur un développement équitable entre le Nord et le Sud» dit-il. La crise climatique et la chute de la rente pétrolière, la montée du fondamentalisme religieux, l'Afrique et ses difficultés économiques, sont autant de défis qui appellent à renforcer davantage les liens franco-algériens, indique M. Montebourg. «La France et l'Algérie sont parfaitement qualifiées pour agir ensemble sur le développement de l'Afrique…Nos deux pays sont au cœur de l'enjeu de ce développement et peuvent s'unir de façon extrêmement forte, et ce, quelles que soient les circonstances et les vicissitudes des politiques.» Arnaud Montebourg, qui milite pour une densification des échanges économiques, dit rêver de voir des investisseurs algériens produire en France et des investisseurs français venir en Algérie. Un rêve qui se réalisera, «si nous construisons une relation égalitaire et non plus imprégnée de l'esprit postcolonial, où il y a les dominants et les dominés, mais au contraire une relation égalitaire où les échanges se font sur un pied d'égalité». A ce titre, Arnaud Montebourg cite les exemples de l'usine Renault en Algérie et le rachat en France par l'homme d'affaires algérien Issad Rebrab des usines Oxxo et Fagor-Brandt. «J'ai soutenu M. Rebrab qui a sauvé des usines et des emplois en France et en a créées d'autres en Algérie. C'est cela un partenariat gagnant-gagnant, comme pour l'usine de montage de véhicules Renault à Oran qui du point de vue algérien et français est très positive, car elle a permis une création d'emplois en Algérie sans que cela ne soit une délocalisation d'usine en France, donc sans aucune perte… Tel est le concept de la co-localisation qui est une alliance gagnant-gagnant», soutient M. Montebourg. Et de noter avoir discuté avec les autorités algériennes de l'importance pour l'Algérie de «développer son économie et d'engager un processus d'attractivité des investissements étrangers et de moderniser nombre de lois dont la 51/49% qui est rédhibitoire pour les PME», indique l'homme politique en notant qu'il n'y a pas de problème d'investissement entre la France et l'Algérie, mais que si des entrepreneurs français choisissent d'investir chez les pays voisins, c'est purement pour des raisons d'attractivité et de facilités économiques. Interrogé sur la montée du discours islamophobe en France, Arnaud Montebourg considère qu'il faut faire la part des choses entre «ceux qui divisent et ceux qui unissent». «Les divisions permanentes où on monte les uns contre les autres, c'est un fonds de commerce électoral, et je pense, pour ma part, que la seule riposte à adopter après les attaques terroristes que la France a connues, c'est l'unité.»