L'ancien ministre avoue ne pas mesurer l'ampleur des équipements du complexe de Béjaïa qui sont aux normes internationales. L'ancien ministre du Redressement productif dans le premier gouvernement Valls, Arnaud Montebourg, a visité, hier, le complexe Cevital de Béjaïa. Il a répondu, d'une part, à une invitation du patron de Cevital, Issad Rebrab, avec lequel il a tissé des liens amicaux, et, d'autre part, a constaté de visu l'importance des investissements. "J'avoue que je n'ai pas mesuré l'importance de ces équipements", a confessé Montebourg en visitant les raffineries de sucre, d'huile et d'autres unités. Investissement qui est l'une des clés de la croissance atteint par le groupe, y compris à l'international. En témoignent les récentes acquisitions faites par le groupe d'Issad Rebrab, à savoir Oxxo et Fagor-Brandt. À travers ces deux acquisitions, qui ont été réalisées alors qu'il était ministre de l'Economie et du Redressement productif, Arnaud Montebourg entend les poursuivre en tant que citoyen français — puisque sans mandat électif et la politique il n'y pense pas pour le moment — dans le cadre d'un processus d'alliance industrielle, résumée dans ce qu'il appelle la "co-localisation", un terme très récent – il a été lancé pour la première fois au début du quinquennat de François Hollande. Il s'agit concrètement de sous-traitance de produits à haute valeur ajoutée, destinés aux marchés algérien, voire maghrébin et français, européen aussi, en y ajoutant la formation d'une main-d'œuvre qualifiée et acquise à la cause de l'entreprise. L'ancien ministre de l'Economie, du Redressement productif et du Numérique a expliqué que la co-localisation reposait sur le partage de la chaîne des valeurs et un partenariat plus équilibré et où les deux côtés de la Méditerranée partent gagnants. Elle favorisera aussi l'intégration économique par la production, comme ce fut le cas en Allemagne avec ses pays voisins : la Tchéquie, la Slovaquie, la Hongrie, la Pologne. Lesquels pays ne sont pas dans la zone, a expliqué M. Montebourg. Pour la France et les pays, qui ont pour partage la Méditerranée, c'est le Maghreb. "C'est donc dans un esprit ‘gagnant-gagnant', a ajouté le patron de Cevital, Issad Rebrab, que se base ce type de ‘partenariat'." En effet, la co- localisation, poursuit Arnaud Montebourg, produit des effets de compensation, qui ont un impact positif sur l'emploi et la compétitivité de l'entreprise commanditaire. Quant au pays exécutant, le bénéfice le plus important réside dans la formation, la professionnalisation de la main-d'œuvre et l'enclenchement d'une remontée des filières industrielles. Arnaud Montebourg, qui est en Algérie à l'invitation du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été aussi l'hôte du FCE où il a rencontré "beaucoup de chefs d'entreprise" avec lesquels il compte poursuivre le processus d'alliance industrielle, entamé avec l'élection de François Hollande à la présidence de la République, et qui s'est concrétisé avec les deux acquisitions du groupe Cevital en France. Le premier groupe algérien privé avec un chiffre d'affaires de 3,6 milliards d'euros a sauvé de la faillite la société Oxxo, ancienne filiale de Lapeyrie et leader français des portes et fenêtres en PVC pour le logement collectif. Une société située en Saône-et-Loire, la région natale et ancien fief d'Arnaud Montebourg, qui était en redressement judiciaire ; la puissance financière du groupe Cevital a fini par convaincre le tribunal de commerce de Mâcon. "Et grâce au groupe Cevital, quelque 288 emplois ont été sauvegardés ; nous sommes passés à 300", a affirmé M. Rebrab. "Et avec les investissements, le groupe a investi 12 millions d'euros dans la modernisation de l'usine Cluny. On atteindra aisément les 400 employés. C'est important, a expliqué le patron de Cevital, d'avoir deux unités : on créera une grande unité en Algérie avec une capacité de production de 2,1 millions de fenêtres blindées dont plus de 50% sont destinées à l'exportation ; en France, la capacité est de 210 000. Et avec ce volume, on va payer 23% moins cher la matière première. Notre idée, c'est garder la même activité de l'unité de Cluny, augmenter ses parts de marché et son chiffre d'affaires." L'achat de Fagor-Brandt répond à la même démarche stratégique pour le groupe Cevital, a affirmé Issad Rebrab. "On a acheté un label de renommée mondiale, des brevets et des millions de produits/an", dont une grande partie — le patron de Cevital parle de 90% — sera destinée à l'exportation. Le groupe a acquis pour cela 201 hectares dont 50 de superficie couverte. Et à la clé, quelque 7 000 postes d'emplois directs. Jeudi, l'hôte du groupe Cevital a visité l'usine de Larba qui produit du verre-plat. M. O.