Le complexe sidérurgique Sider El Hadjar de Annaba est en cessation de paiement. Pis, sa trésorerie enregistrait, fin novembre 2016, un déficit de 12,7 milliards de dinars. Selon le suivi mensuel des principaux agrégats financiers, dont El Watan détient une copie, aucune réalisation n'a été enregistrée depuis novembre 2015, date de l'arrêt de l'usine. «Les agrégats présentés en novembre 2016 se basent sur des valeurs économiques et financières intermédiaires qui ne sont pas encore régulièrement arrêtés. Les valeurs affichées sont de ce fait bien loin des résultats réels négatifs que devrait afficher la société en fin d'exercice 2016. Toutefois, ces agrégats restent suffisamment significatifs et éloquents pour démontrer les situations de faillite et de cessation de paiement qu'enregistre Sider El Hadjar en référence aux dispositions du code du commerce en ses articles 715 alinéa 20 et 215», analyse un commissaire aux comptes spécialisé. A la lecture de ce document, la production totale est de 0% et le haut fourneau est toujours à l'arrêt. Paradoxalement, le chiffre d'affaires a atteint 4% des prévisions alors que la production est nulle. Curieusement aussi, seuls les frais de personnel ont atteint une augmentation de 7% dans une société qui a enregistré, selon les chiffres présentés, 0% de taux de réalisation. «Cela est dû au fait que la société vend essentiellement des stocks produits les années antérieures», expliquent des cadres commerciaux de l'entreprise. Même l'excédent brut d'exploitation (EBE) non définitif enregistre un déficit de 9,5 milliards de dinars. Le résultat net serait autrement plus important en y incorporant toutes les provisions réglementaires. Ainsi Sider El Hadjar consolide son état de faillite, conformément à la réglementation en vigueur. «La société aurait, de ce fait, besoin d'un assainissement complémentaire à hauteur de 3,5 milliards de dinars pour absorber les déficits et recapitaliser cette entreprise, soit 350 millions de dollars environ», tranchent-ils. Cette situation intervient à quelques jours de la visite du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, pour assister aux essais techniques à chaud avant le redémarrage du haut fourneau (HF), à l'arrêt depuis plus d'une année. Or, les sidérurgistes dénoncent «une grande supercherie». Echecs «Devant leurs échecs répétitifs, les dirigeants de Sider El Hadjar vont mettre en place des cowpers en chauffe pour donner l'impression que le HF est en essai technique réel. Ce n'est qu'un feu de paille pour tromper l'assistance. On ne cessera jamais de répéter que le HF ne redémarrera pas avant mars 2017, si toutes les conditions requises sont réunies», affirment-ils. Et si l'entreprise Sider El Hadjar est déficitaire de 12,7 milliards de dinars, il n'en demeure pas moins que le groupe Imetal, dont elle est une filiale, présente également un résultat déficitaire de 14,5 milliards de dinars. C'est ce que confirme le procès-verbal de l'assemblée générale ordinaire (AGO) du 17 octobre 2016 du groupe Imetal, dédiée à l'examen des comptes sociaux de l'exercice 2015. Il a été également abordé dans la résolution n°10 de ce PV le recours au recrutement des cadres retraités : «L'AGO de l'EPE Imetal rappelle les dispositions de l'instruction du Premier ministre relative à la retraite et mande le conseil d'administration à l'effet de surseoir à tout recrutement ou renouvellement de contrats de retraités au niveau du groupe et ses filiales. Le recours au recrutement des cadres retraités est à titre exceptionnel et doit d'abord requérir l'accord préalable du ministère de l'Industrie et des Mines». Abdelmalek Sellal et son ministre de l'Industrie et des Mines n'ignorent certainement pas que le PDG d'Imetal, Ahmed Yazid Touati, est un retraité de Batimetal. Au moins trois autres cadres retraités sont actuellement en exercice dans ce même groupe. Les 27 filiales d'Imetal sont également concernées par ce recrutement «à titre exceptionnel» qui est devenu pratiquement une règle.