El Hadjar: autrefois, une fierté nationale La date du redémarrage du haut -fourneau d'El Hadjar, prévue le 4 août, vient de faire, une fois de plus, l'objet d'un report au motif que de nouvelles contraintes entravaient le chantier de réfection de ce poumon très détérioré. La remise en service des équipements du complexe sidérurgique d'El Hadjar, le haut-fourneau notamment, n'est plus pour le 4 août. Date butoir attendue vivement par les sidérurgistes qui commencent à s'impatienter et s'inquiéter sérieusement de leur situation professionnelle. Selon une source interne à la direction d'Imetal/ Annaba, le HF ne peut être livré si tout va bien, qu'en novembre 2016. Une autre échéance qui commence à semer le doute parmi les employés. Mieux encore, la société en charge de la réfection du HF, aurait été sollicitée de le faire redémarrer pour le 4 août. Devant l'insistance des responsables du complexe, et au vu des dangers que représente la remise en marche du HF, tant au niveau du complexe que sur le périmètre l'entourant, la société belge, et selon les précisions apportées par nos sources, a décliné toute responsabilité quant à sa remise en fonction hasardeuse. Les fissures découvertes dans la cloche du HF pourraient occasionner une explosion aux dimensions démesurées. Situation prévisible, quand on sait que l'Etat a délivré son bien économique d'un partenariat perdant/gagnant, avec le géant indien de l'acier dans un état, le moins que l'on puisse dire de lui, chaotique. Un fait qui a, rappelons-le, contraint l'Etat algérien à débloquer, pour le présumé plan d'investissement global, une enveloppe de 1 milliard de dollars, consommée selon nos sources tout comme la rallonge de 700 millions de centimes au motif d'avenants inévitables. Des fonds qui à ce jour n'ont pas pu faire renaître le complexe de ces cendres. Ainsi, les promesses faites au Premier ministre Abdelmalek Sellal, lors de sa dernière visite à Annaba, quant au démarrage en mai dernier, du HF et ses annexes, n'ont pas été tenues. Car au bout de neuf mois d'arrêt, les reports se suivent et se ressemblent et le complexe est toujours paralysé. Du mois de mai, juin puis août et septembre, c'est le mois de novembre 2016 qui est fixé comme autre délai du redémarrage du HF. Une échéance justifiée comme les précédentes par les contraintes techniques imprévues, surgissant au fur et à mesure de l'avancement du chantier. Ce dernier est assuré rappelons-le, par «Pirson» société mixte algéro-britannique, en charge des travaux de réhabilitation et de modernisation des équipements de l'usine du complexe, en remplacement de Ferretti l'italienne, qui a échoué dans l'opération de réhabilitation du HFN2. Un nouveau contrat avec de lourdes conséquences convient-il de le signaler sur le montant du marché. 355 millions de dollars débloqués par la BEA La facture après avoir été arrêtée à 17 millions de dollars, vient d'être revue à la hausse, à hauteur de 37 millions de dollars, dont 12 millions de dollars rien que pour la British société. Les 22 millions restants seront répartis entre les au-tres sociétés étrangères et les sous-traitants algériens du complexe Imettal. Situation intervenant rappelons-le, dans un contexte financier délicat pour l'Etat, puisqu'il faut déduire de ce montant, plus de 177 millions de dollars de pertes de change, suite à la dépréciation du dinar. Même situation pour la direction d' Imettal El Hadjar-Annaba, incapable jusqu'à assurer les 50 millions de dinars montant des salaires des 5 000 employés de l'usine. Sans pour autant oublier les 355 millions de dollars débloqués par la BEA au titre de l'exploitation. Des fonds qui n'ont servi à rien, puisqu'ils ont été consommés, sans qu'une seule barre de rond à béton ni encore une bobine de produit plat, n'ont été produits. C'est à se demander s'il ne s'agit pas d'une dilapidation des deniers publics ou de manipulation politique, plaçant le complexe en otage des forces occultes. Ainsi, annoncée en grande pompe, la récupération des actifs d'ArcelorMittal en Algérie, transférés au groupe public Imetal, s'est-elle aussi avérée un échec? Puisque même le milliard de dollars, montant du plan d'investissement global, n'est pas parvenu à assurer une remise en marche du complexe. Cette situation suscite moult questions, tant sur la volonté de vouloir revoir cette entité reprendre son statut économique en Algérie, que sur les zones d'ombre découlant d'une machination, orchestrée un tant soit peu, par l'incompétence du gérant de ce lourd dossier industriel. En effet, après neuf mois d'arrêt, aucune production n'a été enregistrée, encore moins commercialisée et les travailleurs qui sont au chômage technique, ont bien confirmé des sources tant chez les travailleurs, que dans la direction du complexe. Aussi bien les uns que les autres se sont accordés à confirmer que la mise à mort du complexe d'El Hadjar est le résultat de la remise des rênes de l'usine entre les mains des incompétents, voire même des méconnaisseurs du secteur de la sidérurgie. «Quant l'acier est mélangé au béton, les résultats sont peu probants, et c'est là, la vérité de ce crime économique, qui a mis le complexe d'El Hadjar au pied du mur», nous confie, sous l'anonymat, un responsable de la direction d'Imetal. Notre interlocuteur inquiet du devenir de la sidérurgie en Algérie, a évoqué le complexe de Bellara dans la wilaya de Jijel, censé, selon ce dernier, apporter un plus à la renommée de l'économie sidérurgique algérienne dans le monde. «Même le projet du complexe de Bellara est compromis, le site serait, nous dit-on, encore en herbe et les 2 milliards de dollars sont soigneusement gardés dans les caisses», a fait savoir notre interlocuteur. Et d'ajouter: «Lors du dernier conseil, les Qataris ont menacé de se retirer. Estimant qu'ils ne sont pas venus pour faire du soleil pour un million de dollars.» Et dire qu'au moment où le complexe d'El Hadjar a vu s'évaporer l'espoir du recrutement de 600 employés, celui de Bellara censé entré en période d'essai en juin 2016, avec le recrutement de quelques centaines d'employés, sur les 15.000 directs ne fait plus parler de lui. La direction mise à l'index Ces révélations et bien d'autres appuyées par la dizaine de sidérurgistes, prévoient une grosse crise qui s'installe à l'horizon de la rentrée sociale. «Cela fait déjà trois mois qu'on n'a pas de salaires, et la direction du complexe tout autant que le syndicat, a adopté la politique de l'autruche et à bon entendeur», ont apporté nos interlocuteurs. S'insurgeant contre le bureau syndical qui, selon eux, n'a depuis son installation, jamais revendiqué un quelconque droit, encore moins les salaires. Dans l'élan de leur grogne, ils ont mis à l'index la direction du complexe, la qualifiant d'incompétente. Sur ce dernier point, les sidérurgistes accusent la tutelle de vouloir acheminer le complexe vers la faillite pure et simple. «Comment expliquer la mise en place d'un nouveau conseil d'administration qui n'a rien à voir avec la sidérurgie», nous ont-ils dit. La politique de gestion du béton n'est pas la même que celle de la sidérurgie (...) Des propos et des révélations qui renseignent sur le malaise des employés de l'usine d'El Hadjar. Cette entité économique est victime d'un crime qui n'a pas encore livré tous ses secrets. Des secrets dont l'un commence à faire parler de lui. Il s'agit du patron du groupe Mittal Steel, Lakshmi Komar, qui, selon des sources sûres, prépare son départ et compte se retirer du secteur de l'acier en Algérie. Selon cette même source bien informée, un communiqué a été adressé aux hautes sphères de l'Etat, manifestant cette volonté au coût d'un montant de dommages et intérêts, qui n'a pas encore été fixé. Situation intervenant dans un contexte économique et financier des plus difficiles, pour l'Algérie depuis plus de 20 ans. Pour l'heure, il faut dire que la stratégie adoptée par l'Etat pour repêcher le complexe sidérurgique d'El Hadjar, ne semble pas être en parfaite symbiose avec la même optique, que celle arrêtée pour le Forum économique islamique de Djakarta, où, la séduction algérienne fait parler d'elle mondialement. La situation est tout autre à l'échelle nationale, puisque localement, à Annaba capitale de l'acier, la situation semble s'acheminer vers un brasier dont la mèche incendiaire bercée neuf mois durant au sein du complexe sidérurgique, préconise une rentrée sociale aussi chaude que la zone chaude du HF.