Partout dans le monde, l'édition de poésie reste une aventure. Dans le contexte de l'édition nationale, elle relève de l'héroïsme. Le défunt Djamel Amrani, qui était d'une humilité désarmante, s'était même demandé une fois comment il avait pu être édité en Algérie. Aussi, c'est bien un exploit qu'il faut saluer à travers la sortie de Alger, de mémoire et d'amour de Ouahiba Aboun-Adjali. Le texte d'une rare sensibilité s'appuie sur le rapport quasi ombilical de la poétesse à sa ville. A travers les murs de la Cité, mais aussi ses habitants et ses ambiances, les images projetées par les mots nous renvoient à une chronique affective de l'espace urbain. Lumières et beautés, gloire et bonhomie côtoient les douleurs et les épisodes d'horreur d'Alger. Une vision de l'œil mais aussi du cœur sert de guide à qui veut visiter la ville par le boulevard Front-de-l'âme. Le texte est servi par une édition pour le moins originale. En fait, trois éditions. La première, une édition de tête, dite de bibliophilie contemporaine, ne comporte que 15 exemplaires originaux entièrement réalisés à la main sur un papier rare. Une œuvre d'art calligraphiée et illustrée de dessins et de peintures de Philippe Amrouche. Cette série pour amateurs d'art a été réalisée par une maison d'édition associative, Emerance, basée à Angoulême. Mais ce bijou éditorial a vu le jour à Alger, son prototype ayant été conçu dans l'atelier du grand peintre Khadda, ouvert pour la première fois depuis sa mort en mai 1991. C'est cette première version, dont les droits ont été acquis par les éditions APIC d'Alger, qui a servi de base aux deux autres : une édition d'art en 1000 exemplaires tirée sur offset et un recueil de plus large tirage regroupant les textes poétiques. Voilà qui rétablit la réputation d'Alger d'inspiratrice des poètes. Séance de signature par l'auteur, aujourd'hui à partir de 15 h, au stand des éditions APIC. SILA. Pavillon C de la Safex.